Opération essentielle du chantier de sécurisation de la cathédrale Notre-Dame de Paris, la dépose de l’échafaudage sinistré est désormais achevée
Perchés au-dessus des toits de Paris qu’ils dominent, une volée de charpentiers acrobates s’affairent depuis plusieurs mois discrétement en surplomb de la nef de Notre-Dame. Il faut la débarasser de son échafaudage de métal fondu qui la menace. Un travail méticuleux et unique. Il leur a fallu travailler, inventer, expérimenter de nouvelles techniques, toute une ingénierie, pour réussir pareil exploit. Au-delà du chantier de déconstruction-construction, des contraintes d’abord du plomb, de la Covid ou de la météo, c’est aussi une prouesse humaine, faite de courage, de volonté, de force physique et de transcendance. Un dépassement de soi pour se mettre au diapason, au bourdon pourrions-nous dire, de cette Belle de pierre, de lumière et de mémoire.
Aujourd’hui c’est chose faite, mission accomplie, bravo!
P-A L.
Lors de l’incendie du 15 avril 2019, la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris était en restauration. L’échafaudage installé à cet effet a résisté à l’effondrement de la flèche mais a été déformé par la chaleur de l’incendie. Constitué d’un enchevêtrement de 40 000 pièces pour un poids de 200 tonnes, dont la moitié à plus de 40 mètres de haut, il représentait une grave menace pour la cathédrale.
Cette opération, inédite et particulièrement complexe, a été minutieusement préparée.
Sous les ailes des anges des charpentes
Avant la dépose qui a débuté le 8 juin 2020, l’échafaudage a d’abord été instrumenté pour que les travaux puissent se dérouler en toute sécurité, puis ceinturé de poutres métalliques sur trois niveaux pour le stabiliser et empêcher tout risque d’écroulement. La structure a ensuite été encadrée de part et d’autre par un deuxième échafaudage afin d’installer des poutres métalliques, pour permettre à des cordistes de descendre au coeur de l’échafaudage incendié.
Le protocole a prévu que les échafaudeurs démontent les parties accessibles à l’aide d’une nacelle, tandis que les cordistes descendent au plus près des parties calcinées pour découper, à l’aide de scies-sabres, les tubes métalliques fondus les uns sur les autres, évacués grâce à la grande grue à tour de 80 mètres.
A la mi-août, la mission des cordistes s’est terminée et les échafaudeurs ont pu prendre le relais pour terminer l’opération.
Aucune nacelle ne pouvant être levée par vent soufflant au-dessus de 36 km/h, un fonctionnement en 2×8 a été mis en place pour les dernières opérations réalisées à l’automne, afin de tirer au mieux parti des conditions météorologiques favorables, lorsqu’elles sont réunies.
Fin octobre, l’échafaudage a été désolidarisé en quatre ensembles stables et indépendants, rendant possible le dégagement, à l’aide de la grue à tour, d’une grande poutre en bois suspendue au-dessus de la croisée du transept, qui menaçait de tomber.
Le démontage s’est achevé aujourd’hui, en présence de Madame Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, du général d’armée Jean-Louis Georgelin, président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, de Monsieur Marc Guillaume, préfet de la Région-Ile de France et de Monseigneur Chauvet, recteur de la cathédrale.
« Je remercie l’ensemble des échafaudeurs, cordistes, nacellistes et grutiers qui ont travaillé sans relâche pour mener à bien cette opération. La menace que représentait cet échafaudage pour la cathédrale est désormais levée. Nous allons pouvoir nous atteler aux dernières étapes de la sécurisation. » déclare le général d’armée Jean-Louis Georgelin.
L’achèvement de la dépose de l’échafaudage sinistré permet d’entreprendre des travaux tout aussi inédits et complexes. Ils débuteront par l’installation d’un parapluie provisoire pour mettre hors d’eau la croisée du transept et se poursuivront par la sécurisation des naissances de la voûte de la croisée. Enfin, les cordistes procèderont à l’évacuation des vestiges, au nettoyage et à l’aspiration des quatre voûtes adjacentes à la croisée du transept. Cette dernière opération permettra aux architectes en chef des monuments historiques d’affiner leur diagnostic, préalablement aux travaux de restauration.
Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris
Illustration de l’entête: Masqués pour se protéger des potentielles émissions de plomb, les cordistes travaillent en équilibre – 12 juin 2020 © Pascal Tournaire / Jarnias