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Miro et Prévert le temps d’une exposition au château de Sannes

par Pétra Wauters

Des poèmes de Jacques Prévert, illustrés par Joan Mirò

Quel bonheur de découvrir les œuvres du livre « les Adonides », version grand format, sur les cimaises du caveau du château de Sannes dans le Lubéron. Une exposition prolongée jusqu’à l’automne.  A voir absolument. 

Miró-Prévert-Chagall
De gauche à droite, Miró, Chagall et Prévert
à La Colombe d’or, à Saint-Paul de Vence, en 1955.

C’est ainsi que deux grands maitres de l’art et de la poésie sont réunis :  l’art abstrait de Miró associé à la poésie de Jacques Prévert, c’est tout simplement jubilatoire. A travers leurs peintures et leurs textes, on réalise à quel point leur « amitié surréaliste », dans le sens artistique du terme, était bien réelle, joyeuse et complice. 

A l’origine de l’exposition, Yoyo Maeght, qui a hérité de l’esprit insufflé par son illustre grand-père, Aimé Maeght, créateur de la galerie et de la fondation du même nom. 

Elle a bien connu Miró, presque un membre de la famille pour l’enfant qu’elle était. Elle est la troisième génération d’une famille impliquée dans le monde de l’art et elle-même est passionnée. 

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Accueillir une exposition d’exception dans un lieu d’exception

Déjà, on trouve au château de Sannes cette lumière unique, ces couleurs, ces « vibrations chromatiques » chères aux peintres en quête d’absolu. Tout ce qui fait que cette Provence intime et mystérieuse parle au plus grand nombre.  On est à trente minutes d’Aix-en-Provence, à deux pas d’Ansouis, l’un des plus beaux villages de France, dans une nature généreuse, un cadre somptueux, enchanteur.

Château de Sannes. ©Pétra Wauters

C’est pourquoi et sans nul doute, Miró et Prévert eussent aimé à s’y retrouver, comme ils le faisaient notamment à Saint-Paul de Vence chez la famille Maeght. 

Miró-Prévert
Exposition Miró et Prévert au château de Sannes

Dès lors au Château de Sannes, on sent leur présence irradiante, car cette exposition donne vie à leur livre illustré, dont on savoure chaque page, chaque image, chaque mot. 

Des mots « à la Prévert », dans ce style qui lui est propre. Dans une apparente simplicité, on retrouve son humour, son gout pour le merveilleux et le fantastique. Il aime jouer avec les mots, tout comme Miró s’amuse avec les formes et les couleurs. Les deux amis se répondent. 

C’est ainsi que Miró aussi joue la carte de la simplicité, mais ne nous y trompons pas, ses représentations abstraites et oniriques, qui paraissent simples, et parfois enfantines de prime abord, révèlent une œuvre extrêmement construite. On dit à tort qu’il a une âme d’enfant. On s’en convainc facilement dans cet itinéraire à deux mains, deux pensées, deux âmes, deux génies avides d’expériences et de modernité. 

Dès lors, chaque lithographie est le témoignage de leur amitié. C’est comme si Miró s’imprégnait des poèmes de Prévert et l’inverse est tout aussi vrai car on sait que le poète était passionné par la peinture du peintre catalan.  Ainsi l’écriture manuscrite du poète, très visuelle, se mêle aux signes et aux couleurs du peintre dans les œuvres exposées. Ipso facto et dans cette même dynamique, toutes ces lithographies sont uniques. Et si la plupart sont joyeuses et éclatantes de vie, il en est d’autres plus sombres. Or le texte de Prévert, joliment enveloppé par les couleurs de Miró, nous parle pourtant de la mort. À tel point que face à elle, on entend le bouleversant et émouvant appel à la vie, de ces deux amis.  

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