Une des pires crapules, les mains rouges de sang du trafic de la drogue, Pablo Escobar. Un trafiquant qui fit de la Colombie l’épicentre de la production de la cocaïne. Un criminel qui acheta politiciens, magistrats, fonctionnaires, une grande partie de la population jusqu’au moindre pékin, toute une ribambelle hétéroclite de complices par procuration et de porte-flingues qui se nourrissait du délabrement des institutions et des moeurs politiques du pays.
Escobar amassa une richesse incommensurable en millions de dollars, fit de son hacienda un état dans l’état, et nourrit sa mégalomanie au delà de raison. C’est ainsi que le narcotrafiquant voulut faire de son domaine une réserve africaine et importa toute une faune sauvage et notamment des hippopotames, les hippopotames d’Escobar!
Après la chute et la mort d’Escobar, son zoo fut démantelé et la plupart des animaux trouvèrent des acquéreurs, mais que nenni pour les hippopotames bien trop lourds et dangereux. La Colombie devint alors pour eux un havre de paix, un petit paradis. « Croissez et multipliez« qu’il disait !
Oui mais voilà cette petite bête a pris ses aises dans les rivières et marais de Colombie, s’acclimata à merveille, et copula en veux-tu, en voilà. Et hop, l’écosystème en prit un coup et çà déplace de l’eau !
Dans la région humide et marécageuse autour de Medellín, on ne compte maintenant pas moins de 80 de ces hippopotames amphibies, c’est plutôt pas mal ( si j’ose ainsi dire!) quand on sait qu’au départ Escobar n’en avait fait venir que 4 pour son zoo. Une telle multiplication devenue une nuisance sanitaire et écologique de plus pour les autorités du pays et un casse-tête pour les vétérinaires qui réfléchissaient à la manière de réguler ces troupeaux de mammifères semi-aquatiques. Une projection démographique sur vingt ans de ces gros cochons d’eau, porte une estimation à 1500 têtes!
C’est ce que rapporte Le Guardian qui a enquêté sur ce sujet. La manière forte fut un temps envisagée mais c’était sans compter sur les bonnes âmes qui, chacun sait, vivent quelles que soient les latitudes, au royaume des purs! On préféra l’utilisation de vaccins contraceptifs ce qui fut fait sur 24 spécimens qui paissaient tranquillement en mangeant des algues et des herbes dans les marais, et qui ainsi en deux temps, trois mouvements, devinrent stériles ! Qui plus est, nulle jérémiade, dans ce bon pays d’Amérique latine pour ces contrôles des naissances. Avec un fusil à injection on tire un coup sur ces animaux et l’affaire est réglée ! Certes, ils ont la peau épaisse. On ne dira jamais assez les bienfaits de la science!
Pour tous ceux qui souhaitent savoir quelle potion magique fut administrée à ces bébêtes, sachez qu’il s’agit du GonaCon mis au point aux USA pour traiter les populations de cervidés at agréé par le Département de l’agriculture (USDA).
55 doses de ce vaccin contraceptif furent ainsi données à l‘agence régionale colombienne du bassin de Magdalena en charge du contrôle de la zone naturelle et biotope pour ces impétrants prolifiques venus de la lointaine Afrique. Tous les hippopotames devront y passer!
Nous ne manquerons pas de signaler pour les puristes et curieux d’exotisme vétérinaire à bon marché qu’un hippopotame mange en moyenne près de 40 kg d’herbe par jour et pollue intensément les eaux dans lesquelles il baguenaude !
Précisons qu’un hippopotame peut vivre environ 50 ans et qu’il n’a pas de prédateur naturel en Colombie. Pour les pêcheurs locaux, il est devenu une calamité. Lui aussi (l’hippopotame bien sûr!) a besoin de trois doses, mais sans passe-sanitaire ni cortège de gueulards débiles et acoquinés!