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Le goût du travail, petite anthologie de textes

par Pierre de Restigné

Le travail, seuls quelques privilégiés ne savent ce que c’est. Et encore, dans leur jeunesse ils ont du travailler à l’école, ou, pour une minorité, avec des répétiteurs. Soit,  l’origine du mot travail vient du latin tripalium, une sorte de herse, mais aussi, c’était le nom d’un instrument de torture et une sorte de joug pour les bœufs. Rien que de très réjouissant. D’ailleurs, et on peut regretter de ne pas le retrouver dans ce recueil, pour Montaigne, le travail était perçu comme une calamité car il détournait l’homme de ses réflexions, d’une meilleure connaissance de lui-même. Mais Montaigne était non seulement stoïcien, mais aussi, et surtout, un aristocrate riche propriétaire terrien. Il avait assez d’employés et autres paysans pour lui assurer un niveau de vie élevé sans travailler.

le travail

Tout le monde, loin de là n’a pas eu cette vision du travail comme le montrent les textes réunis dans le chapitre « Créativité » où nous trouvons des textes signés aussi bien de Boileau, George Sand qu’Hannah Arendt. : « Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage ».

Éloge du travail bien fait, du travail permettant l’épanouissement de l’homme. On est loin de Marx pour qui la force de travail n’est qu’une marchandise parmi tant d’autres soumises aux lois de l’économie. Le père du communisme n’est pas le seul à percevoir le travail dans une fonction utilitaire, essentielle pour permettre aux hommes de survivre. On l’aborde dans le chapitre «société  » avec Émile Zola, Thierry Pech ou encore Jean-Jacques Rousseau. Le troisième chapitre (qui de fait est le premier du recueil) est intitulé « Ambiguïté » avec la définition de l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, Simone Weil ou Antoine de Saint-Exupéry.

De fait, et c’est un des problème de ce genre de recueil, certains textes auraient pu tout aussi bien se trouver tant dans un chapitre que dans un autre. Tout dépend en quelque sorte de la perception que le lecteur en a.

Je vous conseille vivement le texte de Charles Péguy. Il semble d’une totale modernité. Non, c’est plutôt l’inverse, les autres déclinologues, et autres nostalgiques du passé (le « c’était mieux hier » dénoncé dans un court essai par le regretté Michel Serre) qui s’épanchent à longueur de journée dans les médias (les Onfray, Zémour, Philippot, Le Pen et autre Dupont-Aignan pour les plus connus) n’ont un discours qui ne brillent pas par son originalité. Ils pourraient, au mot près, faire le même constat que Péguy.

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C’est le mérite de cette collection, présenter au lecteur des textes d’auteurs connus (ou de spécialistes du thème abordé), qui les font réagir, penser, réfléchir.

« Le goût de » est vraiment une collection d’utilité publique.

Le goût du travail
Collectif
Textes choisis et présentés par Laurent Tertrais
éditions Mercure de France. 8€20

Illustration de l’entête: « Detroit Industry North Wall (1932-1933) ». Diego Rivera, 5.4 X 13.7 mètres. © 2010 Mary Ann Sullivan

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