Ce que l’on retiendra d’Yves Coppens, c’est d’abord une carrière scientifique extraordinaire, marquée par la découverte, en 1974, en Éthiopie, d’une petite australopithèque de 3,2 millions d’années. Baptisée Lucy, elle a révolutionné notre perception des origines humaines en prouvant à jamais que celles-ci sont exclusivement africaines. Doué d’un esprit de synthèse hors du commun, il a su formuler des hypothèses audacieuses, et intégrer les nouvelles découvertes successives pour construire une histoire cohérente et étayée de l’humanité.
Entré au Muséum national d’Histoire naturelle en 1956 comme chercheur en paléontologie, il rejoint le Musée de l’Homme en 1969 comme sous-directeur du Laboratoire d’Anthropologie et d’Ethnologie, puis devient « coordinateur des services communs » du musée en 1979. En 1980, il est élu professeur titulaire de la chaire d’Anthropologie du Muséum, puis est nommé en 1983 titulaire de la chaire de Paléoanthropologie et de Préhistoire du Collège de France. Mais ses liens avec le Musée de l’Homme resteront indéfectibles, et il a largement contribué à sa renaissance en 2015 : après le départ des collections d’ethnologie vers le Musée du Quai Branly en 2006, il a mis sa force de conviction au service du projet de rénovation du Musée de l’Homme.
Yves Coppens, était également un formidable vulgarisateur, un conteur scientifique de grand talent, qui a fait découvrir la paléontologie au grand public, et qui a nourri et entretenu de nombreuses vocations chez les chercheurs. Ils sont nombreux aujourd’hui à exprimer avec émotion tout ce qu’ils lui doivent.
« C’était une personne d’une grande humanité et d’une merveilleuse élégance, dans la vie comme en science. Il a mis le pied à l’étrier à de très nombreux chercheurs, et encouragé les vocations des chercheuses également, ce qui n’était pas fréquent dans les années 1970. »
Brigitte Senut, paléontologue, professeure au Muséum national d’Histoire naturelle
« Ce qui était touchant, c’est l’enthousiasme, le dynamisme et dans le même temps la sincère modestie avec lesquels il racontait ses recherches. Il ne mettait aucune frontière entre le grand scientifique qu’il était et les jeunes chercheurs auxquels il s’adressait, et suivait les travaux de terrain des uns et des autres avec une curiosité qui n’a jamais faibli. »
Sabrina Krief, primatologue, professeure au Muséum national d’Histoire naturelle
« Il a immensément contribué à diffuser les connaissances sur l’évolution et l’humanité vers le grand public, avec finesse, humour et talent. »
Antoine Balzeau, paléoanthropologue, directeur de recherche CNRS-MNHN-UPVD
« Le Musée de l’Homme a pu renaître et durer grâce à lui. Il a défendu le projet de son renouveau avec enthousiasme et détermination auprès des nombreuses personnalités auxquelles il avait accès. »
Evelyne Heyer, généticienne, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle
« Les préhistoriens d’aujourd’hui lui doivent beaucoup et nombreux sont celles ou ceux qui le sont devenus après l’avoir entendu. Nous saurons perpétuer son souvenir. »
Bruno David, Président du Muséum national d’Histoire naturelle
Lucy in the sky with diamonds
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