Après avoir lu Le portable de Christophe Wojcik, vous ne regarderez plus votre téléphone de la même manière!
Léo-Paul est un jeune parisien, adepte de la contemplation, d’autant plus que grâce à un héritage et à d’astucieux investissements dans des parkings qu’il loue, il est, de son propre aveu, un privilégié. En effet il vit dans un grand appartement à Paris, et a même le luxe de disposer d’ un ascenseur privé allant dans son parking trois places, vides car il n’a pas de voiture, mais à la place un vieux congélateur. C’est un célibataire, qui après une histoire affective qui a mal fini, s’est bien promis de ne jamais plus retomber dans les pièges de la tendresse réciproque et encore moins de l’amour.
Un matin, avant l’heure du laitier, il part faire sa promenade quand il tombe sur un homme blessé. Ayant oublié son portable chez lui, il amène l’inconnu qui décède à son domicile en disant : « Je ne veux pas mourir ». Dernières paroles d’un défunt, dernière parole sacrée pour Léo-Paul qui décide de le faire continuer à vivre quand le portable de l’inconnu reçoit un appel d’une certaine Mathilde, lui demandant de la rappeler, les enfants voulant lui dire bonjour. Il lui envoie un sms lui disant qu’il doit prendre du recul.
Grâce au contenu du portable, il apprend que le mort, Pierre, était un lyonnais, représentant en cannes à pêche, père de deux jeunes enfants avec une femme nommée Mathilde et bien d’autres choses. Ce qui était une sorte de promesse, une sorte de jeu, se transforme, le transforme plutôt car la relation qu’il instaure à travers les mots écrits censés venir du décédé, le sort en fait de sa routine, de sa solitude sans vrai idéal.
Il décide donc de partir à Lyon, et s’arrange pour rencontrer Mathilde. Très vite il devient le confident de la jeune femme, apprend que la disparition de son mari est en fait une délivrance. Concomitamment, il comprend la partie cachée de Pierre, joueur maladif, endetté et poursuivi par un mystérieux Aigle noir qui lui réclame le paiement de ses dettes de jeu. Quand ce dernier envoi ses sbires faire peur à Mathilde, il trouve un moyen, pour le moins assez horrible, pour que tout cela cesse.
Et bien sûr tout est bien qui finit bien !
Léo-Paul au début est énervant, on se demande même s’il n’est pas quelque peu attardé tant il est enfermé dans son monde, mais il sait sortir de sa coquille, et sans le vouloir, se débarrasser de son armure et faire preuve d’altruisme. On n’ est pas loin de Monsieur Batignole. Je ne sais pas trop pourquoi, quand j’ai fini de lire ce roman de Christophe Wojcik, j’ai pensé au Nez de Gogol ou à La moustache d’Emmanuel Carrère. Bien sur Léo-Paul ne subit pas de changement physique entraînant un changement de sa personnalité et de son univers. Non, il ne fait que profiter d’un cadavre dont il utilise le téléphone portable pour opérer son changement.
Bien sûr, cette histoire est totalement immorale, et alors ! Les méchants sont écartés, les deux principaux protagonistes sont enfin heureux. Ce qui est amoral c’est le moyen qu’utilise Léo-Paul, non pour parvenir à ses fins, mais pour sortir de son univers. Très vite, il comprend que la promesse qu’il s’est fait à lui-même de respecter les dernières volontés d’un défunt n’est qu’un faux prétexte, mais est-ce grave, puisque la fin justifie amplement les moyens ? Et il n’y a pas que l’utilisation du portable… Je vous laisse le plaisir de découvrir comment il réussira à écarter le danger que représente l’Aigle noir.
Un plaisir de lecture pétillante.
Le portable
Christophe Wojcik
éditions Héloïse D’Ormesson. 16€
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