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L’oeuvre politique de Napoléon III réhabilitée

par Félix Delmas

Maxime Michelet est un ardent défenseur de la mémoire et surtout de l’œuvre de l’empereur Napoléon III. Dernièrement, il a publié chez Passés/composés : L’invention de la présidence de la République, dont vous pouvez trouver la recension critique dans WUKALI.

Dans ce nouveau livre, cet essai d’à peine plus de 170 pages, Maxime Michelet s’attache à réhabiliter la mémoire de cet empereur, de dénoncer les contre vérités que, durant des décennies, les élèves des écoles de la République ont apprises. Il faut dire que Napoléon III a eu comme premier adversaire Victor Hugo puis les Républicains qui ne pouvaient s’affermir à une époque où l’idée même de République était loin d’être partagée par la population, qu’en ayant une sorte de « repoussoir » : le régime politique (l’empire) et son symbole (l’empereur) qui l’avaient précédée.

La « légende noire », d’ailleurs, a évolué, quitte à ce que parfois, la personnalité de Napoléon III soit présentée de façon contradictoire suivant l’époque : d’un dictateur à un faible, tenaillé entre ses pulsions sexuelles et écrasé par son épouse réactionnaire va-t-en-guerre ! Au fil du temps il devient ainsi une sorte de brigand de grand chemin se transformant en tyran sanguinaire, un diplomate inconscient devenant un despote décadent et malade (même si ce n’est pas antithétique).

Or, depuis maintenant quelques décennies, essentiellement, grâce aux recherches des historiens américains et anglais, mais aussi à la biographie, politique, de Philippe Seguin, la personnalité et la politique de Napoléon III sont en voie de réhabilitation.

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Maxime Michelet reprend les dernières études historiques, en fait une synthèse brillante, mais sans aucune concession, n’hésitant pas à s’attarder aux erreurs, car il y en a eues ! Non Napoléon III ne se résume pas au désastre de Sedan ! C’est oublier le triomphe du plébiscite instituant des institutions libérales, quatre mois avant, plébiscite qui eu lieu avec des élections libres, plébiscite qui fait partie, qui est la base de l’idéologie bonapartiste : le recours au peuple pour les grandes décisions le concernant. C’est le plébiscite de décembre 1851, juste après le coup d’État, perçu comme la façon de trancher, en dernière instance, le conflit institutionnel entre la Chambre et le Président de la République. Soit, il a toujours su, compris que le 2 décembre est et resterai un vraie « tâche » dans son parcours politique, mais le recours aux électeurs le « re-légitime » en quelque sorte.

Dans une série de  grands thèmes, l’auteur combat toutes les critiques souvent illégitimes contre Napoléon III. Il évoque la personnalité de l’empereur, sa politique intérieure, économique et diplomatique, et surtout, thème rarement abordé, comme par hasard, sa politique sociale qu’il n’a pu mener à bien à cause de son opposition de droite qui voyait d’un « mauvais œil » les droits des ouvriers (scandale autour de la décriminalisation de la gréve par exemple), ou, autres exemples l’éducation des femmes ou la retraite pour les fonctionnaires. Les fameuses lois sociales de la III République ne sont que la reprise des projets du IIIè Empire que, parfois, ces mêmes républicains ont combattus. Et que dire des oppositions de droite (orléanistes) et de gauche (républicains) contre le projet du général Niel portant sur la modernisation de l’armée (aussi bien au niveau des hommes que des matériels). On a vu le résultat.

Les faits sont têtus (la mauvaise foi de certains aussi) : l’action de Napoléon III c’est la transformation profonde le la France, son arrivée dans le monde moderne : les chemins de fers, le développement des ports, de l’économie, des communications, le modelage des villes (et pas que Paris avec Haussmann) qui a eu pour effet plus que bénéfique le recul de bien des pandémies comme le choléra, une hausse jamais connue jusqu’alors des rendements agricoles et la disparition des disettes voire des famines qui touchent alors bien des pays voisins.

Voilà un plaidoyer percutant, utile, qui fait une brillante synthèse des avancées de la recherche historique et qui remet Napoléon III au centre de l’Histoire du XIXè siècle.

Napoléon III, la France et nous
Maxime Michelet
éditions Passés/Composés. 18€

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