L’essor de l’I.A. signe-t-il le déclin des professions créatives et de l’emploi dans les industries culturelles ?
Avec l’immersion dans notre quotidien des applications mobilisant l’IA tels Chat GPT ou encore Midjourney, les activités et les métiers de la culture se voient réinterrogés en profondeur. Cet article propose une première analyse de ces tendances à l’œuvre : mutations de métiers, émergence d’autres…
L’I.A., de quoi parle-t-on exactement ?
Le Parlement européen définit l’I.A. (Intelligence Artificielle) comme « la possibilité pour une machine de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité ». (Lien vers l’article dédié)
Ses applications sont multiples. L’I.A. est ainsi utilisée pour que :
- Des sites web nous proposent des suggestions automatiques de consultations (que ce soient les sites d’e-commerce pour des articles à acheter ou des hébergeurs de contenus multimédias du type YouTube ou Netflix pour découvrir la prochaine vidéo, le prochain film susceptible de nous plaire).
- Des sites nous proposent des outils de recherche en ligne avec les meilleurs résultats de recherche possibles au regard de notre intention de recherche.
- Des objets de notre quotidien nous proposent des services adaptés (ex. mon réfrigérateur qui passe une commande de manière autonome pour me réapprovisionner en lait, légumes…).
- Des objets de notre quotidien interagissent avec nous (avec des chatbots par exemple).
- Des objets fonctionnent de manière autonome (ex. véhicules autonomes s’appuyant sur de la reconnaissance d’image…).
Aujourd’hui, l’I.A. vient au-devant de la scène pour le grand public avec la forte médiatisation des progrès des I.A. conversationnelles (ex. le fameux chatbot d’OpenAI ChatGPT) ou encore des I.A. génératives d’images (ex. midjourney), de vidéos…
Des impacts majeurs dans le monde de la culture
Avec ces récentes percées technologiques et médiatiques, l’intelligence artificielle est en train de révolutionner de nombreux secteurs de la culture en France. Du cinéma à la musique, en passant par le graphisme et la littérature, l’IA est en train de transformer la façon dont nous créons, produisons, diffusons et consommons de la culture.
Commençons par chatGPT, nous avons pour la rédaction de cet article proposé à l’outil de nous « écrire une chanson sur un site média sur la culture qui s’appelle Wukali à la façon de Georges Brassens ». Voilà le résultat :
(Verse 1)
Dans la grande toile des nouvelles,
J’ai trouvé un diamant, mes belles,
Un site d’art et de culture,
Il s’appelle Wukali, c’est sûr.
Il n’est pas fait pour les canailles,
Ni pour ceux qui ne voient que maille,
Il est pour les curieux d’esprit,
Qui cherchent l’art, non pas un profit.
(Chorus)
Oh Wukali, beau navire,
Guide-nous à travers l’art, inspire,
Comme le faisait Georges Brassens,
Chante à nos âmes des chansons pleines de sens.
(Verse 2)
Il parle de cinéma, de peinture,
De la littérature qui fait rupture,
Il nous montre le monde à travers l’art,
Éveillant l’esprit, apaisant le cauchemar.
Dans les pages de Wukali,
On trouve l’âme du vrai Paris,
Les amoureux de la création,
Trouveront là leur maison.
(Chorus)
Oh Wukali, beau navire,
Guide-nous à travers l’art, inspire,
Comme le faisait Georges Brassens,
Chante à nos âmes des chansons pleines de sens.
(Bridge)
Wukali, t’es pas un puits sans fond,
Mais un phare dans la nuit, un bon,
Qui nous guide vers l’expression,
D’une culture sans prétention.
(Verse 3)
Toi qui aimes la poésie,
Ou celui qui préfère la tragédie,
Tu trouveras sur Wukali,
Un lieu pour ton esprit qui s’ennuie.
Oh Wukali, beau trésor,
Tu es plus qu’un simple décor,
Tu es un pont vers l’imagination,
Un voyage sans station.
(Chorus)
Oh Wukali, beau navire,
Guide-nous à travers l’art, inspire,
Comme le faisait Georges Brassens,
Chante à nos âmes des chansons pleines de sens.
(Outro)
Dans le monde souvent trop bruyant,
Wukali est un moment apaisant,
Un lieu pour tous les amoureux d’art,
Wukali, tu as notre regard.
Pas si mal en 15 secondes, nous aurions pu raffiner la demande et obtenir qui sait un nouveau classique des arts et des lettres sur notre média de référence !
Il s’agissait là d’un exemple en matière d’écriture, qui pourrait être dupliqué aisément pour générer un ouvrage jeunesse de quelques pages. Dans un autre domaine, de nombreuses entreprises utilisent désormais l’IA pour aider à la création de musiques. Une offre s’est ainsi structurée avec des applications comme Amper Music, AIva ou Soundful. Elles utilisent l’IA pour aider les artistes à créer de la musique personnalisée.
Il en va de même pour la vidéo ou encore le graphisme avec des outils aussi bluffants que Midjourney par exemple. On observe la multiplication de créations graphiques et de réputées photographies sur le web qui sont en fait des productions de l’IA. C’est ainsi que très récemment un artiste gagnait un prix lors d’un prestigieux concours de photographes… avec une photo a priori réalisée en partie grâce à l’I.A.
Mais l’impact de l’IA sur la culture ne se limite pas à la création de contenus. La consommation de contenus est aussi concernée avec l’accès en réalité augmentée à des œuvres. Ensuite, il y a toutes les fonctions périphériques, mais essentielles comme l’archivage et la préservation du patrimoine culturel, la traduction automatique… également en train d’être transformées par l’IA.
Quel impact de l’IA sur les métiers culturels ?
Contre Pompidou-Metz. 2022
Certains métiers sont évidemment fortement menacés par l’utilisation généralisée de l’IA, tels que les traducteurs, les graphistes ou encore les photographes. L’IA peut proposer un premier niveau de service (de plus en plus performant) de manière autonome pour le client, ce qui pourrait réduire la demande et l’emploi pour ces métiers.
Ces métiers risquent également d’être en forte mutation. En effet, eux-mêmes vont probablement adopter ces technologies pour gagner en rapidité sur des étapes préliminaires de création. Les artistes et autres professionnels du secteur seront amenés à intégrer ces outils dans leurs pratiques. L’IA pourrait même intervenir en catalyseur de la créativité dans de nombreux cas de figure. Ainsi, en automatisant tout une partie du processus créatif, l’IA devrait renforcer le rôle des postes d’encadrement, de direction artistique par rapport aux postes de réalisation (le phénomène n’est pas nouveau, déjà Sol LeWitt plaçait la valeur dans la création plutôt que dans la réalisation, et plus récemment Damien Hirst se positionne dans la même veine). Cela étant dit, l’IA soulève tout de même de réelles problématiques en matière de propriété intellectuelle (droits d’auteur) qu’il s’agira d’apprécier dans les mois et années à venir.
Par ailleurs, il est important de noter que l’IA peut également créer de nouveaux métiers et opportunités dans la culture française. On pourrait assister dans le futur à l’émergence et l’essor de professions d’analystes de données culturelles ou encore de spécialistes de « prompts« (descriptions à fournir à l’IA – consignes – pour la voir produire ensuite). L’avenir n’est pas écrit et les promesses de l’IA restent encore aussi vastes que floues. Restons alors en veille sur ce sujet critique pour les activités, les métiers et les emplois du secteur.
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Illustration de l’entête: ©Midjourney /Cultea
