Il y a quelque temps, nous avions fait la recension critique du recueil de nouvelles Ana-Chroniques de la nuit et du jour de Françoise Cohen. Les éditions de l’Harmattan, dans leur collection Accent Tonique, publient les dernières nouvelles (10 en tout) de l’autrice, son titre : Des deux hémisphères.
Il est indéniable que Françoise Cohen maîtrise parfaitement l’art difficile de la nouvelle : un univers, une histoire, des personnages et ce dans un cadre court. C’est tellement plus facile de faire de longues descriptions, qui, hélas, trop souvent, se transforment en d’interminables digressions qui font perdre le fil du récit au lecteur. Et que dire des pages et des pages noircies pour essayer (souvent en vain) d’entrer dans les moindres méandres du cerveau des personnages pour essayer de démontrer leurs personnalités et le pourquoi du comment de leurs actes. Parfois, on n’arrive pas trouver le libre arbitre dont se prévalent les sus-dits personnages. C’est un des écueils des romans sur lesquels bien des auteurs ont échoué.
Dans les nouvelles l’écueil est inverse, cadre imprécis et caractère des personnages inexistant ce qui leur font faire des actes incompréhensibles pour le lecteur (pas pour l’auteur (trice) qui sait ce qu’il veut démontrer). Écueil évité brillamment par Françoise Cohen : 10 nouvelles, 10 univers, des personnages d’une totale réalité, des personnes que nous connaissons, que nous avons tous rencontrés.
Bon, comme précédemment, l’optimisme est rarement présent. En effet il se dégage de ces nouvelles comme un vent de nostalgie, mais jamais de regrets; mais surtout ces histoires nous semblent proches, réalistes, parfois angoissantes tant elles sont réalistes. Et surtout, comme je l’ai souligné précédemment, « elles sont servies par un style simple, limpide, voire emprunt d’une vraie sensualité, des mots parfaitement agencés dans de courtes phrases parfaitement articulées entre elles ». Et je pense que c’est précisément cette alchimie qui fait qu’une nouvelle est « bonne », lisible. Je peux vous assurer que vous ne serez pas déçu par aucune d’entre elles.
Si l’on me demande laquelle j’ai préférée, après quelques hésitations, tant il est difficile de faire un choix quand la qualité est là, je crois que je choisirais « Au pays de Casiment » qui, de fait détonne par rapport aux autres. C’est un texte plein d’humour, une vraie fable en prose ou un court conte philosophique particulièrement profond.
Ah, j’allais oublié, une constante dans l’œuvre de Françoise Cohen, son amour sincère pour l’Argentine, ce grand pays d’Amérique latine qui, indéniablement la fascine, l’envoûte. Et elle sait parfaitement nous transmettre son amour pour ce vaste territoire et les hommes qui y vivent. Vous lisez Françoise Cohen, et, cela fait, vous courrez vite sur internet pour rechercher les proposition de voyages tant vous avez envie de partir découvrir ce cône sud de l’Amérique et les Argentins eux-mêmes
Avec Des deux hémisphères, vous êtes assurés de retrouver les plaisirs de la lecture trop souvent dévoyés par des productions poussives, ennuyeuses, voire (ce qui est sûrement le pire), par des ateliers d’écriture qui nous donnent des romans insipides, formatés, sans aucun souffle, interchangeables et j’en passe. Aucun risque avec Françoise Cohen qui a une vraie personnalité d’écrivaine et ne peut être comparée…. qu’à elle.
Des deux hémisphères
Françoise Cohen
éditions L’Harmattan, collection Tonique. 14€50
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Illustration de l’entête: photo Françoise Cohen