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VOYAGER 2, sonde spatiale de la NASA depuis 1977

par Pierre-Alain Lévy

Vous avez bien lu le titre, et j’y tiens ! En effet comment qualifier cette expérience de la NASA, cette sonde spatiale américaine VOYAGER 2 lancée dans l’espace le 20 août 1977 par les ingénieurs aéronautiques de l’époque, et qui contre toute attente, non seulement continue à fonctionner mais qui a franchi une distance tout bonnement inimaginable, et qui a ce jour a parcouru plus de. ..19.903 milliards de km depuis la Terre ! Oui vous avez bien lu, milliards de kms, tout bonnement fa-bu-leux ! Pour être plus précis, elle est sortie du système solaire, et Voyager 2 est entré dans l’espace interstellaire en novembre 2018 ! L’aventure de VOYAGER 2 est donc bien le plus grand événement de l’humanité depuis l’arrivée de l’Homo Sapiens, depuis que l’Homo Sapiens et avant lui l’Homo Habilis, se sont levés, ont redressé leurs crânes et sont ainsi passés de l’horizontal au vertical, et c’est ainsi qu’est né Lascaux ou la grotte Cosquer.

Franchement, vous vous voyez exposer cela aux piliers de bistrots, aux gueulards endémiques de manifestations, aux demeurés du petit matin pour faire court, et pourtant ! J’ose espérer en tout cas que dans de nombreux lycées de France des professeurs auront expliqué à leurs élèves émerveillés ce sublime exploit scientifique. Ce coup de gueule, et je vous prie de m’en excuser, c’est le constat du plus complexe challenge qu’a jamais rencontré la vulgarisation scientifique. C’est précisément cette barrière informationnelle qui sépare drastiquement et partout dans le monde ceux qui savent de ceux qui ne possèdent pas ce même savoir. Et ce n’est pas une problématique que l’on traite et que l’on résout d’un coup de main ou par un effet d’estrade ! De l’éternité des temps et sans remonter à Pythagore, le savoir à séparé les hommes et est devenu constitutif du pouvoir. Et je ne vous parlerai même pas de l’idée de Dieu aux risques de foudres bien terrestres ! Or aujourd’hui… enfin, enfin, depuis les théories de l’information de Shannon qui remontent quand même à plus de 75 ans, c’est cette même information et le développement cybernétique qui sont à la base de cette accélération sans précédent de nos progrès scientifiques.

Or une erreur de communication entre les scientifiques et VOYAGER 2 a failli (seulement failli, heureusement !) mettre fin à cette épopée spatiale. Revenons donc à nos moutons, la sonde VOYAGER 2

Bien entendu, nous avons épluché la presse spécialisée scientifique pour rendre compte de ce qui s’est passé, et c’est un article publié dans la revue en ligne WIRED (et rédigé par Rabin Skibba) que nous avons choisi pour notre revue de presse dans WUKALI

Olécio partenaire de Wukali
la sonde spatiale VOYAGER 2 et une erreur de transmission- comment les ingénieurs de la NASA ont réussi à reprendre contact
Photo de Saturne prise par VOYAGER 2 le 1er janvier 1981
Science & Society Picture Library/SSPL/Getty Images

Comment la NASA a failli perdre à jamais la sonde Voyager 2

L’agence spatiale a perdu le contact avec le vaisseau fétiche à la suite d’un signal de commande défectueux. Voici comment cela s’est produit et comment les ingénieurs ont travaillé pour le ramener.

Lorsque l’équipe réunie autour de Suzanne Dodd a transmis une commande de routine à Voyager 2 le 21 juillet, l’impensable s’est produit : Ils ont accidentellement envoyé la mauvaise version, qui orientait l’antenne de la sonde interstellaire légèrement à l’opposé de la Terre. Alors qu’ils s’attendaient à recevoir des données, ils n’ont rien entendu du tout. Cette petite erreur a failli faire perdre à l’humanité sa connexion avec le populaire vaisseau spatial, qui se trouve maintenant à 19,9 milliards de kilomètres de chez lui. Avec sa jumelle Voyager 1, c’est le vaisseau spatial le plus éloigné de l’humanité qui recueille encore des données.

Voici ce qui s’est passé : L’équipe de S. Dodd, au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, avait repéré l’erreur dans la commande et l’avait corrigée, mais elle a ensuite envoyé par erreur la version erronée. «C’était affreux. C’était un moment de panique, car nous avions un décalage de 2 degrés, ce qui était considérable», explique Madame Dodd, chef de projet de la mission interstellaire Voyager.

L’équipe a trouvé une solution : Envoyer une commande « shout » dans la direction de la sonde, lui demandant d’ajuster l’antenne vers la Terre. Si le signal était suffisamment puissant, l’engin pourrait le recevoir, même si son antenne était décalée.

Le matin du 2 août, ils ont envoyé le signal le plus puissant possible, en utilisant l’émetteur en bande S de 70 mètres de haut et de 100 kilowatts de la station de communication de Canberra, en Australie. Cette station fait partie du Deep Space Network de la NASA, un système international d’antennes géantes géré par le JPL. (En raison de la trajectoire de Voyager 2, on ne peut communiquer avec elle que par l’intermédiaire de télescopes situés dans l’hémisphère sud de la Terre).

Station d’observation spatiale, Deep Space network 43 (DSS43). Camberra. Australie. Photo NASA

Le succès n’est pas garanti et il faudra attendre 37 heures pour savoir si la solution a fonctionné : C’est le temps qu’il faudra pour que leur signal atteigne le vaisseau, puis – s’ils ont de la chance – pour qu’un signal de Voyager 2 les atteigne à son tour.

L’équipe a passé une nuit blanche à attendre. Puis, c’est le soulagement : Cela a fonctionné. Le contact a été rétabli le 3 août à 21h30, heure du Pacifique. Nous sommes passés de «Oh mon Dieu, c’est arrivé» à «C’est merveilleux, nous sommes de retour», déclare Linda Spilker, responsable scientifique du projet Voyager au JPL.

Si la tentative avait échoué, l’équipe n’aurait eu qu’une seule option de secours : la routine de protection contre les défaillances du logiciel de vol embarqué. De multiples sécurités ont été programmées dans les VOYAGER pour prendre automatiquement des mesures en cas de circonstances susceptibles de nuire à la mission. La prochaine routine devait se déclencher à la mi-octobre. Si elle avait fonctionné, elle aurait généré une commande de pointage correcte, ce qui aurait permis d’ajuster l’antenne dans la bonne direction.

Les VOYAGER volent depuis la fin des années 1970 – ils fêteront leurs 46 ans dans quelques semaines – et comme le souligne Linda Spilker, «il s’agissait d’une période de deux semaines sans données scientifiques, la plus longue période sans données». Dans les années 2010, ils ont franchi l’héliopause, la limite entre le vent solaire et le vent interstellaire. Depuis, ils prennent des données à la limite de l’héliosphère, la bulle protectrice de particules et de champs magnétiques générée par le soleil, qui interagit de manière inconnue avec le milieu interstellaire.

Cette période de deux semaines sans contact n’a pas interrompu le travail scientifique de l’équipe. «La science de Voyager n’est pas quelque chose qu’il faut surveiller en permanence», a déclaré Calla Cofield, porte-parole du JPL, à WIRED par courrier électronique.

Si l’équipe de la NASA a réussi à rétablir les communications avec le vaisseau spatial, ce ne sera pas la dernière frayeur. Les VOYAGER en effet ont largement dépassé l’âge de raison et leur puissance décroissante signifie que leurs instruments scientifiques ne pourront fonctionner que pendant quelques années encore.

Les sondes VOYAGER sont alimentées par des générateurs thermoélectriques à radioisotope, qui convertissent en électricité la chaleur dégagée par la désintégration du combustible à radioisotope, le plutonium 238. (Les engins spatiaux qui volent aussi loin sont généralement conçus pour fonctionner à l’énergie nucléaire, plutôt qu’à l’énergie solaire, qui ne fonctionne pas si loin du soleil). Mais la source de combustible se dégrade depuis longtemps. Pour économiser l’énergie, l’équipe de VOYAGER a déjà éteint les radiateurs de tous les instruments scientifiques qui, malgré cela, ont continué à fonctionner normalement. Dans les années à venir, le magnétomètre, le détecteur d’ondes de plasma et le détecteur de particules chargées devront eux-mêmes être éteints, l’un après l’autre, afin de garantir quelques années supplémentaires de science interstellaire.

«Tout le monde est très enthousiaste à l’idée que le vaisseau spatial soit de retour», a ainsi déclaré Suzanne Dodd. «Cela me fait prendre conscience que cette mission peut prendre fin à tout moment, que ce soit à cause d’une erreur humaine ou simplement parce que le vaisseau spatial est vieux et qu’il se casse. Cela nous fait apprécier ce que nous avons».

Pour en savoir plus sur VOYAGER2 vous pouvez consulter le site de la NASA/JPL

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Illustration de l’entête: sonde VOYAGER2. Photo:NASA/JPL-Caltech

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