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Révolutions et crises du 20ème siècle, quel héritage politique aujourd’hui

par Pierre-Alain Lévy

Notre époque est à la reconstruction des esprits, certains parlent de refondation, indubitablement ! Le XXème siècle, derrière nous, parlons en, un siècle paradoxale et terrifiant. Un siècle de barbarie ocellée, camouflée. Deux révolutions qui ont cabré le monde, en Russie, en Allemagne, communiste et nazi, URSS et cauchemar hitlérien. Marées noires gluantes et nauséabondes qui déversèrent leurs miasmes sur l’Europe.

Des millions d’hommes et de femmes s’y sont engouffrés, des millions d’entre eux aussi y sont morts et ont disparu corps et âmes. Incandescence de l’Europe rougeoyant des incendies et des destructions qui la ravage. Villes détruites, rasées, terres brûlées. Visages en larmes des innocents. Propagation des pestes rouge ou noire sur terre et océan. Cendres, adoration du mal, censure, oppression, condamnations à mort, déportation, camps, militantisme aveugle, annihilation de l’individu, enrégimentement, caporalisation des esprits, militarisation, mise à mal de la liberté, du droit à l’expression, de la liberté de la presse, massacres de masse.

De part et d’autre propagande et manipulation… Mots empilés comme tours de siège, guerre larvée, mémoires falsifiées et pourtant refoulement mémoriel. Voila ce qui advint en Europe au XXè siècle et qui nous poursuit aujourd’hui.

Héritages politiques, cancers qui métastasent Pierre-Alain Lévy éditorial WUKALI
Vladimir Veličković (1935-2019)
« Eléments & documents utilisés », 52/100, signé et daté Velikovic 1979, sérigraphie couleur, 70×100 cm

Voila notre héritage, cancers qui métastasent

La guerre, d’abord civile, c’est à dire circonscrite à l’intérieur même des pays où le totalitarisme a pris le contrôle du pouvoir, de l’état. Dans l’ordre du temps, URSS et Allemagne. Lénine, Staline et Hitler, puisqu’il faut malheureusement les nommer. Aujourd’hui désormais Poutine et Si Jin Ping.

Olécio partenaire de Wukali

Le totalitarisme et les tyrans s’en prennent d’abord à leurs propres nationaux, leurs discours s’enracinent dans la tourbe nauséeuse du nationalisme, de la xénophobie et de la volonté impérialiste de conquête. Procès politiques. Lire, relire G. Orwell, A. Koestler, A. Soljénitsyne, J. Semprun, M. Kundera, E. Corti, Primo Levi, Vassili Grossman

A quoi sert la littérature ? Tel était le titre d’un petit livre collectif paru dans les années 60 où Sartre avait trempé sa plume. La question mérite d’être reposée. Toujours, constamment ! Jonathan Littell voilà quelques années dans Les Bienveillantes et aujourd’hui Giuliano Da Empoli, grand Prix de l’Académie Française avec Le Mage du Kremlin

L’équilibre vacille, la raison déraisonne, la terre se dérobe sous les pieds quand surgissent les grands bouleversements. Les béquilles confortables de l’accoutumance ne soutiennent plus, la ligne d’horizon tremble. La mort revient, comme si elle ne nous avait jamais quittés! Pandémie, guerre, des mots d’autrefois, des mots de vieux ! La littérature est là, enracinée. Résister, faire front, retrouver le courage, et d’abord celui d’être libre et de penser!

Héritages politiques, cancers qui métastasent Pierre-Alain Lévy éditorial WUKALI
Vladimir Veličković (1935-2019)
Poursuite, 1977, Huile sur toile, 196 x 146cm, trois panneaux

L’histoire nous a rattrapés !

Nous sommes les héritiers de cette mémoire historique. L’histoire, pour beaucoup celle « des manuels de papa », c’est celle qui désormais éclate chaque soir sur nos écrans de télévision. Comme il était facile et surtout confortable de pérorer sur des débats politiques anciens, d’un autre temps, et après tout s’en laver les mains! Effets d’estrade, c’est dire mis au goût du jour, de plateaux de télévision. Se dire de droite, de gauche, et en France en particulier ! Bref, se gargariser de mots, prendre la pause c’est tellement facile, ne plus penser, se contenter de slogans ! En France, ils se veulent « insoumis »ou « nationaux », poussifs politiciens, méprisables et manipulateurs, et dans le fond sans courage ! Joueurs de bonneteau, escamoteurs de la liberté et de la démocratie.

« Ah Poutine, un homme qui en a – qui dame le pion à ces foutus Américains – qui met au pas ses opposants – qui redresse son pays mis à mal par les élites mondialisées qui n’ont cherché qu’à dépecer la Russie après la chute de l’URSS… » Voila peu ou prou ce que l’on peut entendre autour de nous. Admiration de la force, de l’autoritarisme. Moscou « nouvelle Rome « !
Droite extrême qui paie hommage au totalitarisme réactionnaire et violent du maître du Kremlin, soumise aussi à celui qui la finance
Gauche amnésique jamais affranchie de ses démons léninistes et trotskistes
L’une comme l’autre, comme par hasard, partageant les mêmes ombres: détestation de l’état, antiaméricanisme et anti-progrès, anticapitaliste (structurel et d’ordre religieux et anti-Lumières pour l’extrême-droite, bêtement marxiste pour l’autre)
Honte !

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Illustration de l’entête: Trois peintures de George Grosz. De gauche à droite:
L’explosion. (1917). Huile sur toile, (47.8 x 68.2 cm). MoMA. New York
Der graue Mann tanzt / L’homme en gris. 1949. USA
Les funérailles (1917-1918)( À Oskar Panizza). Huile sur toile, 140 x 110 cm, Staatsgalerie Stuttgart, Stuttgart
Illustrations du texte: Vladimir Veličković

Publication initiale de cet article: 2/01/2023

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