Voilà un petit roman très original, c’est le moins que l’on puisse dire, et ce petit roman sur fond historique de Céline Minard nous sort agréablement de notre quotidien, et surtout de notre sinistre époque. Et puis quel style, çà c’est de l’écriture, de la gueule et du panache ou je ne m’y connais pas Ventre-Dieu !
Oh, l’histoire est simple : en cette fin de la Guerre de Cent ans, la France est sillonnée par des bandes errantes de mercenaires et autres écorcheurs prêts à tout. Parmi celles-ci, celle du bastard de Bourbon qui prend la ville de Chaumont. La ville sera libérée par sept soldats de fortune dont deux asiatiques, un rônin japonais, l’autre une jeune femme adepte de l’art du kung-fu qu’elle va enseigner aux habitants de la ville délivrée. Tout s’achèvera dans une bataille finale particulièrement sanglante et des ripailles qui de fait n’ont jamais cessé depuis le début du récit.
Cette histoire est contée par l’un des protagonistes, Denysot le clerc, qui s’avère être un redoutable manieur de bâton ferré. De fait c’est une chronique, comme nous en avons tant de cette époque, mêlant les exagérations, un langage plus que fleuri, les anglicismes, les plaisirs de la bouche et les horreurs de la guerre. Les corps sont fendus en deux, les têtes volent, le sang gicle de nombreuses blessures. Et en plus, il y a le côté quelque peu surnaturel pour les champenois de l’époque de ces techniques de combats venues d’Asie.
Mais en plus cette « chronique » est écrite en françoys de cette fin du XIVème siècle, avec une interprétation du XXI ème. Nous retrouvons le charme de Villon, la force de Froissart, voire la gouaille de Rabelais. Robert Merle n’avait-il pas fait de même dans Fortune de France avec le français parlé lors des Guerres de Religion ! Bien sûr, parfois le sens d’un mot, d’une phrase ne sont pas d’une compréhension évidente au premier abord. Mais il ne faut pas se rebuter et savourer bien au contraire ce style, ces mots, il faut savoir se faire porter par eux et alors des images, un univers s’installent très vite en nous.
Avec ce style, ce mélange entre Froissart et les mangas, Céline Minard nous offre un court récit truculent.
Bastard Battle
Céline Minard
éditions Leo Scheer/ Laureli. 7€50
Illustration de l’entête: Dessin de Albert Dubout (1905-1976). Edition Originale 871/990, édité(e) à Paris par les éditions La Vue Pauvert en 1982, imprimé(e) en Français.
Vous souhaitez réagir à cette critique
Peut-être même nous proposer des textes et d’écrire dans WUKALI
Vous voudriez nous faire connaître votre actualité
N’hésitez pas, contactez-nous !