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Miracles et paranormal, étude originale de Didier van Cauwelaert

par Pierre de Restigné

A sa corde de romancier talentueux, progressivement, Didier van Cauwelaert a rajouté celle d’étudiant des phénomènes paranormaux. On se souvient en effet de son Dictionnaire de l’impossible paru il y a une dizaine d’années.

Didier van Cauwelaert n’est pas une sorte de gourou ou ne développe pas une sorte de «  foi du charbonnier », loin de là, il ne faut surtout pas oublier une autre corde à son arc symbolisée par le prix Sciences-Frontières de la vulgarisation scientifique qu’il a reçu. Il s’interroge, et par voie de conséquence, nous interpelle, sur les limites actuelles de la connaissance scientifique et sur ce qui peut, peut-être, expliquer ce que la rationalité scientifique ne peut démontrer. Soit, les « matérialistes » disent que tout peut s’expliquer et que les réponses « rationnelles », scientifiques » existeront demain grâce aux progrès de la recherche. Ils font preuve d’une vraie croyance, avec la « foi du charbonnier », en la science et en ses résultats, excluant, par principe, toute explication non physique, matérielle. Autant je crois au progrès de la science, autant je me méfie de ses gourous, car le passé a montré les limites d’une telle « religion » positiviste : c’est en son nom que pour améliorer les êtres humains que Graton a développé l’idée d’eugénisme, dont on sait les limites et l’absurdité avec la politique nazie.

Non, Didier van Cauwelaert, ne fait qu’exposer des faits, montre que la science ne peut les expliquer au jour d’aujourd’hui, et surtout n’essaie pas de donner une explication « rationnelle » (qui de fait va être démentie quelques temps après). Non il est plutôt dans une démarche didactique, sans oublier que science sans conscience n’est que ruine de l’âme, en renvoyant chaque lecture à sa conscience, à ses valeurs, à ses croyances. Il expose mais n’impose rien, ce qui serait aussi stupide que le haussement d’épaules de certains qui croient que demain on comprendra. Imposer, refuser en renvoyant des potentielles explications aux calendes grecques sont deux impasses pour les « honnêtes hommes » auxquels Didier van Cauwelaert s’adresse. Pour autant, il n’exclut pas, par principe, les pistes de compréhension que la science semble ouvrir. On pense à la physique quantique et à sa théorie des cordes, voire des mondes parallèles. Il n’exclut pas davantage la puissance du psychisme humain. Est-ce que la « croyance » d’un groupe peut aller jusqu’à la formation d’un véritable « hologramme », comme au Caire en 1968. Hologramme ou apparition de la Vierge ? Et la force du psychisme n’explique-t-elle pas les « guérisons miraculeuses », ces guérisons que les connaissances médicales à un moment donné ne peuvent expliquer, et dont l’église catholique a mis des critères importants pour pouvoir les reconnaître ? Peut-être, mais difficile de trouver une explication rationnelle quand une hanche se reforme en quelques minutes. Et des exemples il y en a. Ce qui est « troublant » n’est pas la guérison en soit (et sans intervention humaine ou médicamenteuse), mais la vitesse à laquelle elle se fait. Elle doit être immédiate.

De fait, les principaux sceptiques aux miracles, se trouvent au sein de la haute hiérarchie de l’église catholique. Soit, il y a en interne des luttes de pouvoir qui peuvent expliquer bien des manœuvres pour rejeter le caractère « miraculeux » de certains faits, mais pas que comme l’on le dit ! Pour chaque miracle, contrairement à ce que l’on croit généralement, une vraie démarche rationnelle a lieu. N’oublions pas l’avocat du diable pour chaque dossier de béatification et de canonisation. C’est la même démarche : montrer que « scientifiquement » les faits sont inexplicables, mais aussi qu’ils ne sont pas le résultat des agissements du diable qui veut leurrer les humains. Le symbole de cette démarche est le père Agostino Gemelli, franciscain, médecin, président de l’académie pontificale des sciences. Son scepticisme a valu bien des déboires au Padre Pio ou à la Mère Yvonne-Aimée de Jésus, par ailleurs résistante multi-décorée. Le fait que ces deux derniers, plusieurs fois ont été vus en deux endroits différents au même moment ne portait à aucun questionnement à Gemelli.

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Didier van Cauwelaert nous présente, avec le recul dont nous avons fait part, une série de faits totalement inexpliqués et inexplicables au vue des connaissances de la sciences. Il y a bien sûr les guérisons miraculeuses (qui donnent la fringale à tous les guéris), le suaire de Turin, la Vierge de la Guadalupe (non seulement le tissu intact après plus de 500 ans aurait du être détruit au bout de 20 ans vu sa piètre qualité, mais en plus se trouvent dans cette image des éléments impossibles à faire au XVIè siècle (voire encore actuellement) au vue des connaissances de l’époque (et donc de la nôtre). Et que dire des guérisons post mortelles de Charbel Makhlouf,  ou de la transformation d’une hostie en matière cardiaque suintant de sang. Bon, on peut croire à un bon tour de prestidigitation, mais quand l’analyse biologique montre la même provenance entre celle transformée en Argentine au XXème siècle avec celle de Lanciano, petit village d’Italie, transformée au VIIIème siècle, il y a de quoi se poser des questions.

Croire, ne pas croire, c’est une démarche personnelle que nous avons le droit d’avoir dans notre société (il faut être lucide, c’est loin d’être possible dans beaucoup de pays, la majorité…) et que nous devons utiliser jusqu’à plus soif. Pour autant, même en étant sceptique, la même démarche nous incite à nous interroger sur ce que certains appellent le « para-normal ». Être sceptique, c’est tout à fait normal, mais il ne faut pas condamner par principe. Ce serait faire preuve d’un dogmatisme que les personnes revendiquant leur scepticisme disent combattre !

Avec parfois de l’humour, Didier van Cauwelaert se pose des questions, nous interpelle, mais surtout n’impose aucune explication. Il ne fait que nous « ouvrir l’esprit » nous invitant à trouver, par nous mêmes, les réponses à ces faits « irrationnels ».

L’insolence des miracles
Didier van Cauwelaert
éditions Plon. 21€90

Illustration de l’entête: Didier can Cauwelaert. © Raphael Demaret / Leextra via Leemage

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