Dans la collection des Atlas, les éditions Autrement viennent de publier celui relatif aux guerres du Moyen-Âge, soit une période de plus d’un millénaire.
Loïc Cazaux, spécialiste de l’histoire médiévale à travers 63 entrées aussi diverses que les guerres perso-byzantines et les derniers feux de l’Empire sassanide, l’essor angevin en France jusqu’à Henri II Plantagenet ou les ambitions européennes de la maison de Bourgogne, nous montre les multiples dimensions que prennent les guerres durant cette période : politiques, stratégiques, tactiques mais aussi techniques, culturelles, idéologiques.
Sa division en trois parties traditionnelles (Haut Moyen-Âge, Moyen Moyen-Âge et Bas Moyen-Âge) permet de percevoir les profonds changements de « l’art de la guerre » durant cette période.
De Clovis à Charles VII, du petit seigneur d’Île de France qu’était Hugues Capet au Roi de France, non seulement les structures, le territoire de notre pays mais aussi le reste du monde et du Moyen-Orient. Le rêve de l’Empire romain perdure durant des siècles, au moins jusqu’à la chute de Byzance, des empires se créent et se disloquent aussi bien pour des raisons « internes » que sous les coups de butoir des ennemis extérieurs. Le paroxysme sera symbolisé par les croisades. La chrétienté, au nom de son messianisme, va combattre contre les infidèles en Espagne, au Moyen Orient mais aussi à l’Est (d’ailleurs le déclin de l’ordre Teutonique commence quand la papauté instaure un évêché à Riga) et contre les hérétiques.
Progressivement, les guerres perdent leur caractère religieux pour devenir plus politiques avec la monté des « États-nations » et le sentiment d’appartenir à une communauté autre que religieuse qu’il faut défendre. Une communauté, bien plus large que celle instaurée par les liens vassaliques lors du démembrement de l’empire carolingien. Cette unité se fait autour du Roi dont il faut défendre les intérêts. Ce sentiment, si bien perçu par Emmanuel Leroy Ladurie commence à la bataille de Bouvines pour se prolonger lors de la guerre de Cent ans.
Ce qui apparaît, est le faible nombre de grandes batailles. la guerre au Moyen-Âge est avant tout affaire d’escarmouches. Les batailles « rangées » sont évités par les belligérants car une défaite peut entraîner des conséquences irréversibles (du moins à court terme).
A la fin du Moyen,-Âge, on assiste à une évolution de la tactique et de la stratégie militaire avec l’emploie « rationnel » de la nouvelle artillerie qui fait évoluer aussi les fortifications. Mais surtout et d’abord en Angleterre et de façon plus systématique après en France, l’on assiste à la professionnalisation des armées. L’ost seigneuriale disparaît au profit de soldats de métier, même si la guerre reste un marqueur de l’aristocratie qui occupe les postes d’officiers. Les grands seigneurs, petit à petit, finissent par se rallier aux intérêts du Roi, seul personnage pouvant octroyer avantages, terres et autres dons du fait de sa puissance grandissante.
Les guerres qui vont suivre vont être marquées jusqu’à la Révolution par l’héritage de ces guerres médiévales.
Nul doute, ce livre, ce remarquable travail réalisé par Loïc Cazaux, servira tous les amateurs et surtout les passionnés de l’époque médiévale qui ne manqueront d’avoir dans leur bibliothèque ce livre désormais de référence.
Atlas des guerres
Moyen-Âge, Occident, Byzance et Orient du Vè au XVIè siècle
Loïc Cazaux
Cartographe : Guillaume Balavoine
éditions Autrement. 29€90
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Illustration de l’entête: Un armet. XVème siècle. Musée de la guerre au moyen-âge, Château de Castelnaud, Dordogne. Souce: Wikipédia