Qui ne dira jamais assez le foisonnement de recherches scientifiques et de découvertes qui caractérise nos sociétés. Quel dommage que nos grands médias ne s’y intéressent guère et préfèrent à la place distiller des venins délétères sans intérêt contribuant ainsi à l’apathie de nos contemporains. Ainsi l’utilisation de l’ADN dans les champs les plus variés de l’anthropologie et notamment celui de l’histoire de l’art apporte des réponses à notre curiosité insatiable. Les interrogations que nous avons sur nombre de personnages célèbres et les mystères qui entourent nombre d’ artistes trouvent ainsi des réponses. C’est au tour de Ludwig Beethoven d’attirer l’attention sur sa personne et en particulier sur sa santé. C’est ce que révèle une enquête publiée le 6 mai dans la revue Clinical Chemistry dans un article mis en ligne par la revue LifeScience sous la plume de Ben Turner et qu’il nous a semblé intéressant de populariser dans les colonnes de WUKALI. On apprend ainsi que les niveaux élevés de métaux lourds détectés dans les cheveux de Ludwig van Beethoven révèlent qu’il a pu souffrir d’empoisonnement au plomb, ce qui pourrait contribuer à sa surdité et à d’autres maladies, selon une nouvelle étude.
Les chercheurs ont analysé l’ADN de deux mèches de cheveux authentifiées du compositeur allemand et ont découvert qu’elles contenaient des concentrations alarmantes de plomb, ainsi que des niveaux élevés d’arsenic et de mercure.
Par exemple, une mèche contenait 380 microgrammes de plomb par gramme de cheveux, tandis que la seconde en contenait 258 microgrammes par gramme de cheveux (les niveaux normaux aujourd’hui seraient plus proches de 4 microgrammes ou moins). Ses cheveux contenaient également 13 fois le niveau normal d’arsenic et quatre fois le niveau typique de mercure.
«Ce sont les valeurs les plus élevées que j’aie jamais vues dans un cheveu », a déclaré au New York Times Paul Jannetto, pathologiste à la Mayo Clinic et coauteur de l’étude. « Nous recevons des échantillons du monde entier, et ces valeurs sont supérieures d’un ordre de grandeur ».
Les niveaux élevés de ces métaux toxiques pourraient expliquer en partie pourquoi Beethoven a souffert d’un certain nombre de maladies, notent les auteurs de l’étude. Il a commencé à perdre l’ouïe à l’âge de 20 ans, est devenu complètement sourd à la fin de la quarantaine, a eu des problèmes gastro-intestinaux et a connu au moins deux épisodes de jaunisse, symptôme d’une maladie du foie.
Bien que des niveaux élevés de plomb soient associés à des problèmes gastro-intestinaux et hépatiques, ainsi qu’à une baisse de l’audition, il est peu probable que ces niveaux aient été suffisamment élevés pour être la « seule cause de la mort » du compositeur, ont déclaré les chercheurs. Cependant, son niveau élevé d’exposition au plomb « peut avoir contribué aux maladies documentées qui l’ont affligé pendant la plus grande partie de sa vie », précisent-ils dans l’étude. Les auteurs de l’étude ne se sont pas prononcés sur la façon dont des niveaux plus élevés d’arsenic et de mercure auraient pu affecter sa santé.
Une étude antérieure des cheveux de Beethoven a également révélé des niveaux élevés de plomb, mais cette recherche a été démentie par la suite lorsqu’il a été découvert que les mèches appartenaient à une femme juive ashkénaze. Toutefois, un examen récent de l’ADN de mèches de cheveux, présenté dans la revue LiveScience, a permis de déterminer que Beethoven, qui est né en 1770 et a vécu jusqu’à l’âge de 56 ans, était infecté par l’hépatite B et présentait un risque élevé de maladie du foie, ce qui pourrait avoir contribué à sa mort.
Il existe plusieurs possibilités pour expliquer la présence de tant de contaminants dans l’organisme de Beethoven.
L’une des théories concerne son penchant pour le vin, dont il consommait souvent une bouteille entière en une seule journée. À cette époque, il n’était pas rare que les producteurs de vin ajoutassent de l’acétate de plomb à leurs préparations en tant que conservateur et édulcorant. À l’époque, les bouteilles en verre contenaient également des traces de plomb. Le compositeur de la « Cinquième symphonie » mangeait également beaucoup de poissons pêchés dans le Danube, dont la teneur en arsenic et en mercure était connue, selon CNN.
À l’époque de Beethoven, il était courant de prélever des mèches de cheveux sur des proches ou des célébrités. Aujourd’hui, ces cheveux font la lumière sur les causes possibles des maladies de Beethoven, qu’il n’a pas su identifier de son vivant.
« Nous pensons qu’il s’agit d’une pièce importante d’un puzzle complexe qui permettra aux historiens, aux médecins et aux scientifiques de mieux comprendre l’histoire médicale du grand compositeur », écrivent les chercheurs.