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Orphée, renaissance d’un mythe

par Émile Cougut

Le mythe d’Orphée, l’un des plus vieux mythes de la mythologie grecque quelque peu revisité par les romains Virgile et Ovide qui le transforment. Plus encore, un mythe dont le sens est quelque peu changé comme le souligne parfaitement Benjamin Carteret, dans la dernière partie de son livre : Autobiographie d’un mythe, et ce avec l’introduction d’Eurydice.

Oh, elle existait avant, mais vraiment en arrière-plan, alors que nos deux poètes introduisent la fameuse Descente aux enfers et la perte finale quand Orphée se retourne juste avant d’atteindre la lumière. Avant Virgile, Orphée était un vainqueur l’égal des dieux, après lui, c’est un homme, un perdant. D’ailleurs c’est sur cette humanité que Benjamin Carteret bâtit cette « autobiographie » : c’est parce qu’il comprend qu’il est avant tout homme, alors qu’il se croyait dieu, qu’il se retourne. C’est quand il a compris que quand il se croyait être un dieu, il n’aimait pas d’un véritable amour Eurydice. C’était sa muse soit, mais surtout sa chose et ce qu’il croyait être son amour pour elle n’était en réalité que de l’amour pour lui-même. Son chant n’était qu’un miroir dans lequel il s’était perdu tel Narcisse, et cet égarement lui fit perdre Eurydice.

C’est d’ailleurs quand il a pleinement assumé son humanité qu’il va pouvoir s’affranchir des dieux et de la religion et rechercher la divinité qui est en elle pour atteindre une sorte d’extase que les bouddhistes ne récuseraient pas. Même si sa renommée lui attire de nombreux disciples jusqu’à devenir l’initiateur d’une nouvelle philosophie, une sorte de religion avec ses mystères, il n’en demeure pas moins plongé dans une totale solitude depuis la mort d’Eurydice dont il se sent le principal coupable. Sa renommée, il croyait l’avoir en son temps et il a fini par comprendre que c’est dans l’éternité que son nom continuera de perdurer.

L’histoire nous la connaissons, le chanteur prodige qui domptait par sa lyre et de son chant aussi bien la nature que les animaux, qui donnait de la joie et du bonheur aux hommes. Ainsi son mariage avec Eurydice qui est mordue par un serpent alors qu’elle fuyait le berger Aristée, puis la descente aux Enfers et son retournement au dernier moment, son errance, son végétarisme, sa recherche du divin hors la religion « officielle » et son massacre par les Ménades. Tout cela est dit décrit dans une véritable ode digne des plus grands poètes.

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Après une très belle « autobiographie » de Marie Madeleine, les Ateliers Henry Dougier nous offrent un nouvel opus tout aussi profond, qui dépasse bien des lieux communs que la tradition a imposé d’une des figures mythiques les plus attachantes. Il nous tarde de lire les prochains.

Cette redécouverte d’Orphée ne peut que nous inciter à réfléchir sur la fameuse devise « Connais-toi toi-même », car c’est en cherchant la Vérité qui est en nous que nous pouvons atteindre le divin. Ce n’est pas en le côtoyant ou en fréquentant les intermédiaires autoproclamés que nous y arriverons, mais par une longue, pénible, mais ô combien enrichissante, démarche intérieure.

Moi, Orphée
Autobiographie d’un mythe
Benjamin Carteret

Éditions Atelier Henry Dougier. 17€

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