De tout temps, il y a eu des romans portant sur des personnages historiques. D’ailleurs ce qui est considéré comme le premier roman de l’humanité, ne porte-t-il pas sur un roi d’Uruk : Gilgamesh ? Un des « best-seller » du Moyen-Âge ne fut-il pas aussi le « Roman d’Alexandre » (le grand), et la liste est longue ? Cependant, souvent le contenu, les références avec l’Histoire sont, comment dire, quelque peu fantasmés, c’est le moins que l’on puisse dire. Il suffit de lire Alexandre Dumas ! Mais, il existe quand même un courant qui prend en compte les sources historiques, les faits « matériels » dans le contenu des romans. Les points obscurs, enfin ceux auxquels ne corresponde aucune source, sont abordés avec l’imagination de l’auteur. Et il y a un sous courant, dans ce courant, qui « modernise » le langage de l’époque, qui utilise des mots actuels qui n’existaient pas au temps de celle abordée. Cela peut être énervant, mais il faut reconnaître que notre maître, notre cher Alexandre Dumas usait (et abusait parfois) de ce procédé, et le moins que l’on puisse dire, le résultat est génial.
Je ne dirais pas que le roman d’Olivier Collet : Victoria : un roman ébouriffant confine au génie, quand même pas, mais il permet d’aborder bien des points peu connus de la vie de la reine Victoria de façon plaisante. Un bon roman de vulgarisation qui ne trahit en rien la vie de la souveraine anglaise, une façon « ludique » d’aborder cette période de l’histoire, de permettre à ceux qui ne liront jamais une biographie « savante » (comme celle excellente de Jacques de Langlade aux éditions Perrin) de cette reine d’Angleterre, de connaître cette personnalité au-delà de la propagande officielle.
D’une plume alerte, légère, Olivier Collet aborde la période allant du couronnement à la naissance de son second enfant promu Prince de Galles après son premier cri. On y voit une femme amoureuse, très amoureuse de ce Prince Albert qui sera son mari et dont elle portera tout le temps le deuil après son décès. Ce dernier est le spécialiste des micro-siestes, supportant mal d’être quelque peu marginalisé pour les affaires de l’état, mais un homme amoureux, très bon père de famille. La reine a une très haute idée de ses fonctions, elle est plus proche des whigs que des tories (à l’inverse d’Albert), entretient une relation plus que conflictuelle avec sa mère, a une vraie phobie de la maternité (et elle a eu neuf enfants), adore toutes les sorties protocolaires, les chevaux et les chiens (comme Elisabeth II). Elle connait des moments de forte popularité, mais aussi de rejet de la part de la population. Une femme et une souveraine.
L’auteur introduit deux personnages issus de son imagination : madame de Lune, une voyante, très « haute en couleurs » qui est régulièrement consultée par Victoria, et un journaliste français Henri Latour-Mazariet, une sorte de paparazzi à l’affût du moindre scandale, déformant à souhait les faits (eux réels) au détriment de la reine. Il est la synthèse à lui seul de la presse française de l’époque.
Pour conclure et sans vergogne, Victoria : un roman ébouriffant, est un bon roman autour de HMTQ Victoria que les lecteurs découvriront avec plaisir.
Victoria : un roman ébouriffant
Olivier Collet
éditions Eyrolles. 18€90
Illustration de l’entête: La reine Victoria, le prince Albert et cinq de leurs enfants (1858) peints par F. X Winterhalter (1805-1873) . Royal Collection Trust. Château de Windsor
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