Le musée de l’Orangerie célèbre l’œil de Heinz Berggruen (1914-2007), avec une centaine d’œuvres de la collection personnelle de ce marchand d’art et collectionneur, célèbre pour sa galerie parisienne qui tient une place majeure sur le marché de l’art dans la deuxième moitié du 20e siècle.
Né à Berlin dans une famille juive, il entreprend des études de lettres et de journalisme à Berlin puis à Paris avant de se résoudre à quitter son pays face à la montée du nazisme. Grâce à l’obtention d’une bourse d’études à l’université de Berkeley, il part en 1936 aux Etats-Unis où il rencontre sa future femme, Lillian Zellerbach, une américaine avec laquelle il aura deux enfants, John et Helen. Il exerce divers petits métiers, travaillant notamment au Musée de San Francisco où il rencontre l’artiste mexicain Diego Rivera à l’occasion d’une exposition.
Il achète sa première oeuvre en 1940 à Chicago, un dessin de Paul Klee[1] qu’il considère longtemps comme son talisman et dont il ne séparera pas.
Mobilisé en 1942 dans l’armée américaine, Il revient en Allemagne à la fin de la guerre sous l’uniforme militaire américain, ayant été naturalisé pendant son séjour. Il y reste peu de temps et s’installe à Paris en 1947 où, après un bref passage à l’UNESCO, il se lance en tant que marchand d’art. Il ouvre sa première galerie place Dauphine l’année suivante et déménage rue de l’Université en 1950.
Il rencontre Tristan Tzara et Paul Éluard et fait la connaissance de Pablo Picasso, Henri Matisse et Alberto Giacometti, artistes qu’il exposera dans sa galerie. Sa première exposition est consacrée aux gravures de Paul Klee qu’il ne rencontrera jamais mais dont il ne cessera d’acquérir un grand nombre d’œuvres réalisés notamment entre les deux-guerres, témoignant ainsi de sa fascination pour un artiste ayant largement contribué au développement de l’art moderne.
En 1953 Heinz Berggruen est le premier à exposer les « papiers découpés » de Matisse. Il présente des œuvres dadaïstes et surréalistes puis les arts graphiques modernes et met en avant à la fois des maîtres – Picasso, Matisse, Miró– mais aussi des artistes moins reconnus à l’époque – Kurt Schwitters – Karel Appel – Pierre Soulages.
Fasciné par le cubisme il s’emploie à en rassembler un panorama à travers une sélection de natures mortes, déconstruites et reconstruites par Cézanne, Picasso où Braque, témoignant ainsi de son intérêt profond pour cette période charnière, où l’art a commencé à repenser la représentation de l’objet dans l’espace. Très attaché à l’œuvre de Picasso et à la façon dont il traite la figure humaine, il restera attentif aux œuvres des autres artistes de sa collection dans la mesure où elles interrogent à leur manière la psyché humaine à travers la représentation du visage humain.
Très vite sa galerie devient un pôle d’attraction pour d’autres artistes et pour de nombreux acteurs de la sphère culturelle parisienne et internationale. Guidé par ses propres goûts et affinités, parallèlement à son activité de marchand, il constitue au fil du temps une importante collection d’œuvres du XXèmesiècle autour de ses deux maîtres favoris Picasso et Klee.
Lorsqu’il prend sa retraite au début des années 1980, il se consacre à enrichir sa propre collection et se soucie de sa future destination. Il offre de nombreuses œuvres de Klee au Musée national d’Art moderne de Paris ainsi qu’au Metropolitain Museum of Art à New-York.
Sa collection est exposée de son vivant dans plusieurs musées, à Genève ou à Londres. Dans les dernières années de sa vie il retourne vivre en Allemagne et reprend la nationalité allemande en 1996. Il cède sa collection à l’État allemand en 2000.
Le parcours de cette très belle exposition, souligne avant tout les goûts personnels de Berggruen qui ont présidés à la constitution de sa collection. L’exposition met en avant les ensembles très complets de Picasso et de Klee, rassemblés par le collectionneur, en couvrant de manière quasi systématique leur carrière, tout comme les remarquables papiers collés de Matisse ou les sculptures filiformes de Giacometti.
[1] Paul Klee, Perspective Fantomatique, 1920, Metropolitan Museum of Art, New-York.
Heinz Berggruen, un marchand et sa collection Matisse-Klee-Picasso- Giacometti
Musée de l’Orangerie, Paris
du 2 octobre 2024 au 27 janvier 2025
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