Voilà le journal ou plus exactement les réflexions, les situations vécues ou observées par Claudie Pangaud, une paloise qui a accompagné en 1986 son mari responsable de la mise en place d’une usine en URSS et plus exactement à Oufa, capitale de la république autonome de Bachkirie au pied de l’Oural.
Nous naviguons à travers de courts chapitres thématiques (les étagères vides, la vodka, les voyages ou encore l’homo-sovieticus d’Oufa) entre Ubu et Kafka. Un choc pour une occidentale tant les mentalités, les modes de vie sont différents de ce qu’elle connait. Une bureaucratie omniprésente et omnipotente, une pénurie de tout, des règles qui semblent absurdes, un décalage total entre ce que dit le pouvoir et la réalité quotidienne. Je ne vais pas faire un inventaire de toutes les situations dans lesquelles Claudie Pangaud a été confrontée, la liste est trop longue, mais il est important de noter qu’elle les traite avec le recul nécessaire pour nous faire rire devant tant de non-sens. De fait, si elle fait la queue comme tout le monde, si elle se plie aux règles, comme tout le monde, elle trouve des moyens pour les contourner. N’oublions pas que Claudie Pangaud nous décrit une situation d’un endroit précis en 1986. La situation a évolué (l’obsession du plan a disparu), c’est certain, mais le côté Kafkaïen des règles russes perdure. Et, comme le remarque l’autrice, elles ne datent pas, loin de là de l’époque communiste. Elle cite très régulièrement des récits de voyage datant du XVIII et du XIX siècle, comme ceux de Custine ou Dumas, entre autres célébrités. Déjà, ils décrivaient un univers très éloigné du leur et des règles totalement ineptes… et totalement inefficaces !
A cette époque je me rendais très régulièrement en URSS, dont une fois en Citroën 2 CV orange (il faut dire que je me débrouillais pas mal en russe). Je suis d’accord avec Claudie Pangaud sur bien des points, tant au niveau du fait que vous pouviez avoir n’importe quel parfum de glace à condition que ce soit de la vanille, mais je puis vous assurer qu’elles étaient nettement meilleures que celles que nous mangions et que nous mangeons toujours. Oui, bien des règles étaient absurdes. Mais pour autant j’ai eu de très bons contacts avec les Russes, j’ai été reçu chez eux sans problème, je me suis perdu, me détournant de mon chemin, et jamais je n’ai été inquiété. En même temps, je ne suis allé qu’à l’ouest du pays et non à l’est et je sais qu’il y avait des différences. Quoiqu’il en soit, ce court témoignage nous replonge, avec humour dans un passé très proche qui n’est qu’une des multiples déclinaisons de la société russe avec ces éléments intemporels quelleDe que soit l’époque.
Lénine déboulonné… le socle reste !
Claudie Pangaud
éditions du Panthéon. 17€50
Illustration de l’entête: déboulonnage de la statue de Lénine à Oulan Bator (capitale de la Mongolie). Byambasuren Byamba-Ochir afp.com
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