Vous avez bien lu 130.000 ans, tout bonnement ahurissant et tout simplement vrai ! C’est un article diffusé par l’agence russe Tass qui a soulevé notre attention (Cliquer). En effet, réchauffement planétaire oblige, le permafrost (c’est à dire dans les régions froides et arctiques comme la Sibérie par exemple, cette couche du sol, de terre et de glace qui demeure en surface et ne fond jamais), désormais est fragilisée. La glace fond peu à peu… un bonheur pour les chercheurs, les glaciologues et autres cryo-archéo-biologistes qui peuvent extraire ce que des millénaires d’années avaient laissé comme traces de vie animale et végétale. En l’occurence pour ce qui nous intéresse ici, un bébé mammouth pour le moins surgelé !
Il convient d’ajouter la localisation tout à fait particulière de cette découverte, à savoir à l’intérieur d’un gouffre thermokastique (i-e un effondrement de la surface du aux incendies de forêt et au réchauffement climatique) en Yakoutie (nord-est de la Sibérie) de 100m de profondeur (Cliquer).
Au demeurant il faut aussi savoir que ce qui est bon pour la science et l’avancée de la recherche est aussi bon pour les populations de ces régions sibériennes qui se livrent à la prospection et au commerce de l’ivoire de mammouth, très chic n’est-ce pas ! C’est un peu Dersou Ouzala revu et corrigé !

Document : beta.capeia.com
Ce n’est pas la première fois que l’on découvre des Mammouths, voyez plutôt dans cette région: à Dima (1977, région de Magadan), Masha (1988, Yamal), Lyuba (2007, Yamal), Khromskoi mammouth (2009, Yakutia), Yuka (2010, Yakutia) et au Canada à Nun-Cho-Ga en 2022, Canada.
Et puis la Yakoutie, quand elle ne fournit pas hélas de la chair à canon pour les armées de Poutine, est devenue au cours de ces dernières années comme un filon pour la paléo zoologie. Le cheval Verkhoyan (2009, 4,45 milliers d’années), le bison Batagai (2009, 8,2 milliers d’années), la momie d’un lemming ongulé (2012, plus de 50 milliers d’années), le poulain Fuji de Batagai (2018, 42 milliers d’années), pas moins !
Ce qui est sûr, c’est que le petit Yana (c’est son nom) est le petit mammouth le mieux conservé au monde. En fait, il s’agit d’une petite femelle. Son poids total est d’environ 180 kg et sa taille au garrot est supérieure à 120 cm. Malheureusement, et oui, le corps de notre bébé mammouth est divisé en deux parties. Vous voudrez bien excuser cette profanation linguistique, mais telle est sa réalité physique constatée.
Selon les observations faites, la partie avant de la carcasse, jusqu’à la région lombaire, a fondu. En effet, sous l’effet de son propre poids, elle s’est séparée de la partie arrière et est tombée au fond de la cavité thermokastique, tandis que l’autre partie est restée dans le permafrost pendant un certain temps jusqu’à ce qu’elle fonde et tombe à son tour. La carcasse a été découverte en juin 2024 à une profondeur d’environ 40 mètres de la surface. Immédiatement et par sécurité des analyses scientifiques ont été effectuées sur Yana pour s’assurer qu’il n’y avait nulle trace d’agent pathogène tel l’anthrax,

« Les résidents locaux qui se trouvaient à Batagaika à temps et qui ont vu la partie avant fondue du petit mammouth, ont construit une civière avec des moyens improvisés, ont remonté cette trouvaille à la surface, l’ont placée dans le glacier et nous en ont informés. Nous avons alors déjà commencé à négocier avec eux pour obtenir cette découverte à des fins de recherche« , a déclaré le chef du laboratoire Maxim Cheprasov.
« L’inspection préliminaire a montré que la conservation de la tête est unique – le tronc, les lèvres, les oreille les orbites sont très bien conservés. Nous avons immédiatement remarqué que les membres avaient déjà été endommagés, probablement par des oiseaux ou des petits mammifères. À l’exception des parties du corps qui ont été déchirées et du dos qui a été endommagé lors d’une chute, la préservation de la découverte elle-même est exceptionnelle », a déclaré Maxim Cheprasov, c’est ce que relate Tass.
À l’époque, l’analyse radiocarbone des échantillons, réalisée à Novossibirsk, a montré que l’âge géologique du mammouth était supérieur à 50 000 ans. Plus tard, grâce aux photos de Batagaika, les scientifiques affirmeront que l’âge du mammouth correspond à la couche dans laquelle il a fondu – datée de 110 à 130 000 ans.
Les scientifiques soulignent que chaque découverte apporte de nouvelles informations. Il est prévu de comparer Yana avec d’autres mammouths mis à jour. On a déjà noté de petites oreilles, contrairement au mammouth Dima, qui avait de plus grandes oreilles. Elle présente également une bosse de graisse brune au niveau du garrot, ce qui a déjà été observé chez d’autres mammouths.
« Il convient de noter que les tissus mous de ce mammouth sont parmi les mieux préservés à ce jour. Grâce à cette découverte, nous pouvons obtenir de nouvelles informations sur l’ontogenèse de ces animaux, car tous les mammouths découverts ont des âges biologiques différents. Par exemple, le mammouth Juka avait cinq-sept ans et le mammouth Dima six-sept mois. Nous allons donc obtenir de nouvelles informations sur les caractéristiques adaptatives et anatomo-morphologiques », a conclu le chef du laboratoire.
Autopsie
Le 27 mars, un séminaire scientifique international a commencé ses travaux à Yakoutsk, où une autopsie de la carcasse a eu lieu avec la participation d’éminents scientifiques russes. L’étude du mammouth sera menée dans sept domaines. L’objectif principal est d’étudier les particularités de l’anatomie et de fournir une étude complète des organes internes préservés, y compris le contenu de l’estomac.
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