Quand un rêve devient cauchemar. Maurice et Maralyn son épouse, en ce début des années 70, n’en peuvent plus de la vie plus qu’étriquée dans leur petite ville anglaise. Passionné de voile, Maurice initie Maralyn à ce sport, et c’est elle qui impose son idée : ils vont vendre leur maison et construire un bateau d’une dizaine de mètres, baptisé Auralyn, et partent en 1972 pour s’installer en Nouvelle-Zélande. Les alizées les poussent sans problème vers les Caraïbes, puis c’est le passage du canal de Panama. Mais le 4 mars 1973, au large des îles Galápagos, un cachalot blessé, éclate la coque du voilier. En peu de temps, ils arrivent à se réfugier sur l’annexe et le canot de survie avec quelques effets, vivres et réserves d’eau.
Perdus au milieu de l’Océan Pacifique (et à cette époque, il n’y a ni GPS ni téléphone cellulaire), leur seul espoir est soit d’arriver aux Galapagos, soit d’être repérés par un autre bateau. Malgré leurs efforts, jamais ils n’atteindront les Galapagos, ils voient bien quelques bateaux, mais eux ne les voient pas et en plus, les fusées de détresse s’avèrent défectueuses. Dans ces quelques mètres carrés, ils vont subir des tempêtes, être tiraillés par la soif, par la faim. Maralyn arrive à confectionner des hameçons à partir d’épingles à nourrice, ils arrivent à pécher des tortues et mêmes des petits requins qu’ils mangent crus, avec une certaine préférence pour la graisse de tortue. Maralyn fait preuve d’un grand optimiste, se projetant tout le temps vers l’avenir, alors que Maurice se laisse emporter par son naturel neurasthénique. Elle invente des jeux, des séances de lecture, de parole.
Alors qu’ils étaient au bout de leur force, le 30 juin, ils sont sauvés par un bateau sud-coréen. Très vite leur sauvetage et surtout leur épopée fait le tour du monde. Débarqués à Hawaï, ils sont accueillis en héros, tout comme en Corée du sud. Ils passent leur temps en interviews, à la télévision, en réceptions diverses et variées. Maurice écrit un livre sur leur Odyssée qui connait un franc succès.
De retour en Angleterre, avec l’argent des droits d’auteur, ils construisent un nouveau bateau, Auralyn II et partent pour la Patagonie avec trois amis. Mais ce voyage, s’il se passe « naturellement », montre un Maurice, éternellement insatisfait, dictatorial, de fait fort peu sympathique, heureusement que Maralyn est toujours là pour calmer les esprits.
Ils finissent par revenir en Angleterre, sont obligés de vendre le bateau et retombent dans l’anonymat le plus total. Veuf après le décès de Maralyn d’un cancer en 2002, Maurice, vit seul, devient sonneur de cloches, écrit encore et encore sur le naufrage, mais plus personne ne s’y intéresse. Maurice rejoint doucement Maralyn en 2017.
Ce roman, enfin plutôt cette biographie, part de faits réels. Il nous interroge sur la force de vie qui est en nous, sur les rapports de couple et la force de l’amour. Leur terrible épreuve les a encore plus soudés, alors que bien des couples explosent à la première difficulté.
Sophie Elmhirst nous fait (re)découvrir une histoire incroyable, comme les océans en ont tant connue.
Naufragés
Un couple à la dérive dans le Pacifique
Sophie Elmhirst
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Karine Forestier
Illustration de l’entête: @Daily Galaxy
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