L’histoire retiendra la visite d’état qu’a effectuée le président de la République Emmanuel Macron, au Royaume-Uni en ce mois de juillet 2025. Au delà des décisions fortes prises, de la vision de l’histoire, la culture bien entendu y eut toute sa place. Comment d’ailleurs en aurait-il pu être autrement quand Sa Majesté le roi Charles III cite Shakespeare ou Charles de Gaulle et que le Président de la république française évoque avec sourire Tocqueville ou Alphonse Allais sous les auspices de Nelson ou de Wellington. Noblesse oblige, n’est-ce-pas ?
Ces quelques jours de cérémonies officielles, de décorum, de discours, de protocole et d’émotions, ces soldats vêtus en red jackets portant le bonnet à poils, parfaitement alignés, Londres pavoisé avec le drapeau français, ont scellé la force d’une vision géo-politique, stratégique et européenne d’une rarissime puissance (voir les videos en annexe). Que le Brexit est loin et son échec patent !
Acte diplomatique, médiatique, symbolique s’il en est, l’annonce par le chef de l’état du prêt au British Museum de la Tapisserie de Bayeux, une broderie (cliquer) en fait de 63m80, qui comme une bande dessinée en quelque sorte, retrace la conquête de l’Angleterre par Guillaume le conquérant. En échange, le British Museum prêtera le trésor de Sutton Hoo qui sera exposé en Normandie. Comme on pouvait s’y attendre des voix se font entendre qui jappent prétextant sous couvert d’art et de protection du patrimoine, que la tapisserie ne peut être déplacée ! On se rappelle autrefois ce même concert chagrin quand la Joconde fut prêtée au Japon en 1974.
Nous avions très récemment dans nos colonnes traité de ce trésor archéologique anglais dans un article alors paru le 15 janvier dernier, belle occasion nous est fourni pour le réactualiser.
Sutton Hoo est un site archéologique anglais situé dans le Suffolk, un comté bordant la mer du Nord, l’East Anglia, au sud de Norwich, à l’est de Cambridge pour être plus précis. On y a découvert un nombre impressionnant de tombes et de tumuli. Dans l’un d’entre eux, l’on a notamment mis à jour un bateau-tombe datant du VIIème siècle qui pourrait être, d’après le mobilier funéraire, celui de l’ancien roi Rædwald dont on connait l’existence au travers de l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais de Bède le Vénérable qui vécut entre 672 ou 673 et mort en 735. Un casque a notamment été exhumé et est aujourd’hui exposé au British Museum
S ‘il a été découvert peu avant la Seconde Guerre mondiale, soit en 1939, Sutton Hoo suscite toujours la curiosité des chercheurs et un article juste paru dans The English Historical Review suggère que les Anglo-saxons auraient pu avoir des liens avec la Syrie et l’Empire byzantin.

Helen Gittos, professeur à Oxford ( Balliol College et Bresenose College), qui a étudié le casque ainsi que la tunique en cotte de mailles avance l’hypothèse que les Anglo-Saxons auraient pu servir au VIIème siècle comme mercenaires au service de l’Empire byzantin. Le casque de style byzantin aurait ainsi pu être rapporté du Levant et être copié pour service de parure dont aurait été orné le roi dans sa tombe. La tunique en fort mauvais état au demeurant, est constituée de chainons très proches des techniques utilisées en Syrie à cette époque, quant au casque proprement dit, il est très différent des casques romains de la même période, en effet, il comporte des protège-joues et un protège-nuque articulés bien éloignés de ceux de Rome.
De tous les artefacts trouvés à Sutton Hoo, le casque bien entendu, des fibules, une boucle de ceinture en or, un couvercle de bourse, de nombreuses pièces de monnaie, une épée et des bols en argent, il apparait donc que les Anglo-saxons étaient d’habiles métalliers aussi à l’aise dans la création que la reproduction.
La chercheuse réfute l’idée que ce casque ait pu être acheté du fait du commerce existant à cette période mais qu’il serait la preuve des alliances conclues pour aller combattre l’empire sassanide, soit la Perse antique
Voici ce qu’écrit Helen Gittos dans son étude publiée il y a quelques jours :
L’explication la plus simple ne fait pas appel à des cadeaux diplomatiques inhabituels de la part des rois mérovingiens ou à un envoi spécial. Je pense plutôt que le prince Prittlewell s’est procuré ces biens lors d’un séjour au Moyen-Orient. Le contexte historique permet d’expliquer comment et pourquoi il s’y est rendu. En 575, l’armée byzantine avait un besoin urgent de troupes supplémentaires en raison de la reprise de la guerre avec les Sassanides. Tibère, « césar » de Justin II, « mena une grande campagne de recrutement », à grands frais, des deux côtés des Alpes. Selon l’historien du début du VIIe siècle Theophylact Simocatta, Tibère « recruta des multitudes de soldats et rendit le cœur des recrues avide de danger par une distribution abondante d’or, achetant leur enthousiasme pour la mort par le respect du paiement ».
Les sources contemporaines parlent d’« escadrons d’excellents cavaliers » au nombre d’environ 150 000 ; les historiens modernes pensent qu’il est plus probable qu’ils aient été de l’ordre de 12 000 à 15 000. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un grand nombre de troupes. Ces soldats ont probablement rejoint les Foederati nouvellement formés dans le cadre d’une réorganisation majeure des forces byzantines. Ils ont servi jusqu’à la fin de la guerre avec les Sassanides en 591, continuant sous les empereurs Tibère II (578-82) et Maurice (582-602).
-1 Conférence de presse entre le Premier Ministre Sir Keir Starmer et le Président Emmanuel Macron
https://www.youtube.com/watch?v=3F6IkQz5Udg
-2 Discours lors du dîner avec le Lord Mayor de Londres ( Time line 7.02.04)
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