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De l’inconvénient d’aimer une fille de gauche, un titre qui fait grincer des dents

par Émile Cougut

D’un côté François, écrivain trentenaire bien tassé, vivant chez sa mère dans le beau village de Saint Savin (inutile de dire que l’abbaye et ses fresques superbes du Moyen-Âge sont totalement absentes de son univers); de l’autre Margaux, professeur de philosophie dans un lycée de Châteauroux. Ils font connaissance sur un forum de rencontre. D’entrée, le courant passe entre eux. Mais, petit à petit la machine amoureuse se grippe, et comme le dit la chanson « les histoires d’amour finissent mal en général».

Nous ne sommes pas dans l’exception, mais le lecteur peut finir par se demander, si cette histoire finit mal pour chacun de ces deux protagonistes tant il est évident dès le début de l’histoire que ce n’était qu’une passion basée sur l’alcool et le sexe et certainement pas celle de bâtir un avenir commun, contrairement à ce que dont veut se persuader François qui dans de rares moments de lucidité a conscience que sa vie confine au néant.

C’est donc l’histoire de deux personnes quelque peu mal dans leurs têtes qui se rencontrent, essaient sans faire de grands efforts de bâtir quelque chose et qui finissent par se séparer tant la communication verbale entre eux parait infaisable sinon difficile. La communication autour du sexe de l’alcool, des sites de covoiturage et du cinéma est très insuffisante pour percevoir un univers commun !

Soyons honnête, les personnages principaux sont assez caricaturaux. Même énormément en ce qui concerne Margaux. Elle est professeur dans un lycée, donc elle ne peut être que de gauche. Elle a fait ses études à la Sorbonne, donc elle est de gauche plutôt radicale ; féministe extrémiste, adepte des retraites yoga au fin fond de la campagne, amatrice du cinéma de la Nouvelle vague, célibataire mais propriétaire d’un animal, et j’en passe…

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Bien sûr, elle a un certain mal vivre (comment être bien dans sa peau en ayant cette sorte de philosophie de vie sous-entend l’auteur) et se pose bien des questions. Elle est donc pleine de contradictions, ce qui trouverait une explication dans sa jeunesse. Ah, la lourde hérédité quand on a des parents babas-cool qui n’ont pas mis des barrières strictes dans l’éducation, l’obligeant à vivre ses expériences et donc de tomber dans bien des pièges ! 

François n’en est pas moins aussi caricatural : s’il est de droite c’est parce qu’il a été élève dans une école privée où se trouvaient la bonne bourgeoisie nantaise, et il arrive à faire la différence entre la culture traditionnelle, sociale de ses camarades d’école et les nouveaux riches. C’est un nombriliste, individualiste, ramenant tout à lui. Oh, il reconnait que ses échecs sentimentaux sont dus à lui, mais cela ne l’empêche pas non de refaire les mêmes, mais de surtout ne pas être à l’écoute de sa partenaire. C’est une sorte de pseudo romantique (ancien ou nouveau c’est selon) qui confond intensité des sentiments et assouvissement de ses pulsions sexuelles et surtout alcooliques. Dans 10 ans, il mourra d’une cirrhose au rythme où il boit, ce qui est nettement moins brillant que de la syphilis ! Il est nettement moins sympathique que Margaux pour ne pas dire totalement antipathique. Difficile de s’attacher à un narcissique alcoolique qui n’arrive pas à sortir des jupes de sa mère et se refuse à prendre ses responsabilités face à la vie.

De l’inconvénient d’aimer une femme de gauche
François Salaün 

éditions du Rocher. 20€90 

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