Accueil Livres, Arts, ScènesExpositions & Histoire de l'art Les prédateurs de Pompéi après l’éruption du Vésuve qui détruisit la ville

Les prédateurs de Pompéi après l’éruption du Vésuve qui détruisit la ville

par Pierre-Alain Lévy

L’expression «renaître de ses cendres » est très certainement du plus parfait mauvais goût quand il s’agit de parler de Pompéï. Pompéï est sans nul doute au coeur de notre civilisation européenne, tout du moins depuis sa redécouverte au 18ème siècle. Nous avons d’ailleurs souvent publié dans les colonnes de WUKALI, nombre d’articles1 sur ce trésor artistique unique et son actualité archéologique dans le domaine de la recherche scientifique.

Voici une dernière publication ce 6 août, un rapport rédigé par Gabriel Zuchtriegel, directeur général du Parc de Pompéi, dans le journal en ligne consacré au site.

Il apparait tout d’abord que des mouvements de population erratiques se ré-emparèrent de la ville et s’y installèrent dès après la cataclysme qui détruisit la ville en 79 av. J-C . De nouvelles fouilles apportent les preuves de cette assertion et révèlent que les nouveaux occupants de la ville détruite par l’explosion du Vésuve s’étaient installés dans les étages supérieurs des habitations demeurées intactes. Plus des pillards opportunistes venus des villes voisines que des colons constructeurs. C’est ainsi que la vie a repris dans les maisons et les structures antiques, mais les pièces qui occupaient autrefois le rez-de-chaussée sont devenues des caves et des grottes, où étaient installés des cheminées, des fours et des moulins.

On estime que Pompéi comptait au moins 20 000 habitants en 79 après J.-C., mais le pourcentage de ceux qui ont perdu la vie lors de l’éruption fait encore débat. Environ 1 300 victimes ont été retrouvées depuis le début des fouilles en 1748. Les deux tiers de la cité antique ayant été mis au jour, ce chiffre peut paraître relativement faible, autour de 10 %. De nombreuses autres personnes ont peut-être perdu la vie hors du centre-ville en tentant de fuir l’épicentre de la catastrophe. Il y a certainement eu des survivants, comme le suggèrent des inscriptions portant des noms pompéiens d’autres villes de Campanie. Mais de toute évidence, tous n’avaient pas les moyens de commencer une nouvelle vie ailleurs. Cela pourrait expliquer le retour de certains habitants dans la ville détruite, dont on apercevait encore les étages supérieurs des bâtiments.

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Moulage de deux corps enlacés dans la mort dit «Les amants de Pompéi»  et dont l’attribution du genre a fait couler beaucoup d’encre. Les analyses génétiques effectuées démontrent en effet qu’il s’agit d’un couple d’hommes

Dans ce rapport, nous apprenons ainsi que les anciens habitants ont peut-être été rejoints par d’autres qui n’avaient rien à perdre. Initialement, les populations vivaient dans une sorte de désert de cendres, mais la végétation a rapidement repris son essor. Outre un lieu de vie, Pompéi offrait la possibilité de fouiller le sous-sol, où l’on pouvait trouver des objets précieux, même si l’on pouvait parfois tomber sur le corps d’une victime en décomposition.

Cette situation quelque peu improvisée, voire anarchique, fut peut-être la raison pour laquelle l’empereur Titus envoya deux anciens consuls comme conservateurs des restituendae de Campanie : outre la promotion de la refondation de Pompéi et d’Herculanum, ils furent chargés de prendre soin des biens de ceux qui n’avaient pas laissé d’héritiers et de les donner aux « cités sinistrées ». Cependant, la tentative de refondation fut un échec, car le site ne redevint jamais le centre dynamique qu’il était avant l’éruption.

À en juger par les vestiges archéologiques, il s’agissait plutôt d’un établissement où les habitants vivaient dans des conditions précaires, dépourvus des infrastructures et des services typiques d’une ville romaine. Cela n’a pas empêché cette forme de peuplement de perdurer jusqu’à la fin de l’Antiquité, c’est-à-dire jusqu’au Ve siècle après J.-C., lorsque, peut-être coïncidant avec une autre éruption dévastatrice (appelée « Pollena »), elle fut définitivement abandonnée.

De quelques articles sur Pompéi publiés dans WUKALI (cliquer sur le lien)

Pompéi, des fresques découvertes à vous couper le souffle
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