Les éditions Récamier continuent la publication des romans de l’écrivain américain Christopher Morley ( 1890- 1957). En 2024, j’avais fait une recension critique dans WUKALI de La librairie ambulante que j’avais appréciée, La librairie hantée en est la suite. Nous retrouvons Roger Mifflin qui s’est marié avec Helen. Ils sont les heureux propriétaires d’une boutique de livres d’occasion à Brooklyn (New-York).
Bien sûr, ce n’est pas une librairie comme les autres. Soit il y a des milliers de livres, mais pas n’importe lesquels, sûrement pas les best-sellers qui ne sont que des objets commerciaux et de consommation créés par les éditeurs (force est de constater que 100 ans après, ce constat est toujours le même), on n’y trouve que les ouvrages des grands écrivains du monde entier. Cette librairie est hantée par l’esprit de ces écrivains, de leurs idées, de leurs œuvres. Roger va même jusqu’à prescrire des livres comme des médicaments pour soigner diverses pathologies. Régulièrement, se réunit dans cet établissement des libraires (et quelques lecteurs), le club des fumeurs de pipe de maïs, (on fume beaucoup dans ce roman) ce qui nous vaut de belles pages sur l’industrie du livre. Cette librairie, totalement atypique, est essentiellement fréquentée par des amateurs de littérature dont Chapman, multimillionnaire dans l’agro-industrie (dont les pruneaux au sirop) qui demande à notre sympathique couple de bien vouloir prendre comme apprentie sa fille Titania qu’il trouve totalement déformée par l’éducation qu’elle a reçue au pensionnat. En même temps, par hasard Aubrey Gilbert, créateur de publicité dans une agence chargée de la promotion des produits Chapman, découvre la librairie et surtout Titania.
S’ensuit toute une histoire autour de la disparition et de la réapparition de La correspondance et les discours d’Olivier Cromwell de Thomas Carlyle, tout cela sous fond d’intrigue policière et d’espionnage (n’oublions pas que ce roman se déroule juste après la fin de la Première Guerre mondiale). Aubrey risque sa vie, se trompe, mais fait preuve de courage et finit par sauver la situation. Et nous assistons à une fin des plus heureuses.
La librairie hantée est une ode à la lecture, aux grands écrivains et encore plus au rôle, à l’importance des libraires qui sont les pièces maitresses du vrai service public de la culture. Sans eux, le savoir ne pourrait se diffuser (nous ne sommes pas à l’époque de l’abrutissement organisé par certains médias et les réseaux sociaux).
Malgré les problèmes de nos sociétés de notre temps, le message de Christopher Morley est encore plus d’actualité, et c’est un vrai plaisir, pour les amateurs de littérature, de le lire et de la relire.
La librairie hantée
Christopher Morley
éditions Récamier. 20€90
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