Le journaliste, poète et romancier américain Christopher Morley ( 1890- 1957) est peu connu en France (c’est le moins que l’on puisse dire). Il faut dire qu’à la même époque, vivent aux États-Unis : Lewis, Faulkner, Hemingway, Fitzgerald et autre Steinbeck. Et pourtant, même s’il n’a pas le souffle épique de ses contemporains, Morley est un écrivain, certes peu prolifique ( il n’a écrit que cinq romans et qu’un recueil de poèmes), mais non négligeable. C’est ce que pensent, à juste titre les éditions Récamier et Oscar Lalo qui a entrepris la traduction de son œuvre.
Photo Getty
Helen McGill, 39 ans, s’occupe de la ferme qu’elle a achetée avec son frère Andrew. Ce dernier est un lecteur compulsif qui se met à écrire et connaît de suite un très grand succès, ce qui laisse toute la charge de travail de l’exploitation agricole à sa cadette.
Un jour arrive à la ferme Roger Mifflin avec sa librairie ambulante avec laquelle il sillonne les campagnes américaines. Il souhaite la vendre à Andrew dont il connaît la passion pour les livres afin de partir chez son frère à Brooklyn pour écrire le livre qu’il a dans sa tête. Helen se dit que si son frère achète cette librairie, il passera encore plus de temps sur les routes la laissant encore plus seule pour faire fonctionner la ferme. Aussi, décide-t-elle de l’acquérir et part immédiatement sur les routes avec Roger pour qu’il la forme jusqu’à la prochaine gare.
Au rythme lent du cheval qui tire la roulotte, ils partent dans la campagne américaine qui brille de mille feux en cette fin d’automne. Mifflin, dit «le professeur », s’avère être un ancien instituteur qui souhaite éduquer les paysans à travers la lecture et surtout la littérature. Doté d’une immense culture, il sait partager sa passion avec tout le monde. Ce n’est pas un vendeur de papiers, de mots; non, c’est un vendeur de livres qui a conscience qu’il y a un ou des livres pour chaque personne rencontrée, qu’il y a des auteurs plus difficiles à aborder et qu’avant que de les lire il est nécessaire de commencer par d’autres. Il est attentif au futur lecteur et lui trouve le livre ad hoc qui lui correspond.
Mifflin s’avère être aussi un boxeur de talent, ayant un vrai courage physique, les chemins de la campagne américaine en ce tout début du XXè siècle étant fréquentés par des marginaux pouvant être dangereux et violents. Mais Andrew veut récupérer sa sœur, persuadé que Muffin n’est qu’un subordonneur. Mais de fait, Helen, fait connaissance avec la liberté : elle la ménagère modèle, la sœur dévouée à son frère, apprend la liberté et prend conscience que ce vaste monde ne se résume pas à son fourneau ni à sa basse-cour. Et puis, à trente neuf ans, elle ne pensait pas tomber amoureuse.
La librairie ambulante de Christopher Morley est un roman sur la liberté où plus exactement sur les moyens d’être libre. En s’arrachant de son quotidien, de sa routine, en pensant d’abord en soi, pour Helen. Grâce à la littérature pour le reste de l’humanité. La littérature non seulement éduque, et ce n’est pas pour rien que les dictatures imposent la censure dés leur arrivée au pouvoir, mais surtout elle est l’instrument même de l’éducation. La lecture est un chemin d’émancipation, et les jeunes-filles en particulier ont su grâce à elle y puiser leur force et accéder à cette liberté chèrement acquise, à la liberté individuelle. Un charmant roman au message intemporel.
La librairie ambulante
Christopher Morley
éditions Récamier. 17€90
Illustration de l’entête: May Lillie et Pawnee Bill. Stillwater Public Library.
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Illustration de l’entête: Stillwater Public library/ May Lillie and Pawnee Bill
