Bruxelles, une journée ordinaire. Ce soir c’est l’anniversaire des 17 ans de Soline, la fille qu’Hélène a eu d’un premier mariage. Le moins que l’on puisse dire c’est que la jeune fille a une relation très conflictuelle avec sa mère, d’ailleurs elle a demandé (et obtenu) de vivre chez son père. Hélène a refait sa vie avec Raphaël, père d’une jeune adolescente, Laura, qui vit avec eux. Elle est renfermée, douce, mais kleptomane. Le couple a un fils de 8 ans, Marius, et ce soir il y a Félix, son meilleur ami dont les parents sont entrain de divorcer.
Le repas commence et soudain se sont des bruits sourds qui se rapprochent, des explosions, le courant est coupé, plus aucune information, tout le monde descend à la cave où ils retrouvent le reste de l’immeuble. Bruxelles est bombardé, par qui ? Pourquoi ?
Le lendemain, dans le quartier, c’est la désolation, des immeubles effondrés et en plus en voulant dégager des gravats, le jeune couple de voisin est enseveli et Raphaël se retrouve avec leur bébé Pauline dans les bras. Que faire d’elle d’autant qu’ils les connaissaient mal et non aucune idée de leur potentielle famille et où elle peut se trouver.
Certains partent, mais pour le couple qui n’a pas de voiture, que faire de Pauline et de Félix ? Si son père vient rechercher Soline pour se réfugier à Gand. Ils restent, provisoirement incapables de trouver le bon choix, surtout que bien des événements extérieurs les incitent à revoir continuellement leurs décisions. Ce stress constant leur montre leurs propres failles, leurs angoisses, parfois même une violence intérieure qu’ils ne soupçonnaient pas.
Qui doit gagner : l’instinct de survie ou essayer ce qui reste de l’Humanité ? Et, de fait, quand les secours, après deux jours d’attente arrivent, cette question risque de rester sans réponse.
Voilà un roman d’une grande puissance qui ne peut qu’interpeller le lecteur au vu de ce qui se passe dans le monde. Comment ne pas penser à ce que vivent les Ukrainiens quotidiennement, et il faut bien l’avouer à notre indifférence voire à un rejet des réalités. Le dernier chapitre est glaçant et ne peut que nous renvoyer à notre lâcheté. Ne pas savoir, ou plus exactement refuser de savoir, c’est nier la réalité.
A peine le premier chapitre achevé, il devient impossible d’arrêter la lecture d’Ici s’arrête le monde tant cette lecture est addictive.
Barbara Abel est belge est connait un franc succès littéraire, certains de ses romans sont d’ailleurs adaptés au cinéma. Belge, comme Simenon, et les liens entre les deux, leur façon de décrire des personnes ordinaires, nos voisins, nos connaissances, et de montrer comment leurs vies, leurs destins peuventt basculer irrémédiablement en moins d’une seconde à cause d’une rencontre, d’un événement extérieur, sont vraiment similaires. Alors oui, on ne peut que souhaiter le même succès que celui de Simenon à Barbara Abel.
Ici s’arrête le monde
Barbara Abel
éditions Récamier. 21€
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