Accueil Actualités La Cour des Comptes tonne contre la Société des Amis du Louvre

La Cour des Comptes tonne contre la Société des Amis du Louvre

par Pierre-Alain Lévy

Quand d’aucuns ne rêvent que de grands soirs ou de chaos de l’état où les extrêmes de gauches ou de droites batifolent main dans la main cyniquement, les institutions de la République, telle la Cour des Comptes, calmement disent le droit et dénoncent les errements, les fragilités, les incohérences, voire les fautes graves que leurs enquêtes ont eu à mettre à jour. Tel est bien son rôle qui consiste, faut-il le souligner à contrôler, juger, certifier, évaluer la gestion publique

Nous ne sommes pas en France à une contradiction près, et s’il est de tradition de conspuer la gouvernance, bref le poujadisme ambiant dont se régalent C News et les journalistes se réclamant de la mouvance du projet Périclès, (ainsi hélas que ceux qui les suivent), il est plus rare de lire des éloges destinés à ces juristes défenseurs de nos institutions républicaines et à tous ceux, hauts fonctionnaires, magistrats, qui les font vivre. La vie médiatique a ses marronniers, les rapports de la Cour des Comptes fournissent un terreau fertile

Régulièrement, comme des nodules remontant du fond des océans, la Cour des Comptes, publie (nous aimerions écrire «rend compte» ce qui serait conforme), ses travaux et celui qui nous intéresse et fait actualité épingle la Société des Amis du Louvre.  

«Ne jetez pas la pierre à la femme adultère»  chantait Brassens et il ajoutait «Je suis derrière ! ».

Pour qui fait ses choux-gras de la chose juridique et de la politique, et plus largement goûte les mots et la sémantique, lire de ses rapports procure (et quel que soit le sujet), un plaisir de grande esthétique morale, car chaque terme est pesé au trébuchet et atteint comme la pierre de la fronde sa cible sidérée, il n’est nul besoin d’en rajouter. Ainsi fonctionne Thémis en France. Telle est notre Justice qui dans un état de droit est la figure même de la République. (Dans des sujets connexes, il est toujours cocasse d’entendre des personnalités politiques condamnées jouer aux vierges effarouchées quand la Justice après délibération a statué. Être pris les doigts dans le pot de confiture, non ce n’est pas bien … mais cela est un tout autre sujet n’est-ce-pas ?)

Olécio partenaire de Wukali

Après le Louvre (actualité oblige !) pour lequel la Cour des Comptes a récemment publié des enquêtes, voici le tour de la Société des Amis du Louvre.

Dont acte, nous publions tel quel ce rapport

LA SOCIÉTÉ DES AMIS DU LOUVRE : 

Exercices 2018 à 2024 

Association fondée en 1897 et reconnue d’utilité publique, la Société des Amis du Louvre (SAL) est l’un des plus anciens acteurs du mécénat culturel et la plus grande société des amis muséale de France. Forte de plus de 67 000 membres, elle contribue depuis plus d’un siècle à l’enrichissement des collections du musée du Louvre et au développement de son public. Le contrôle mené sur la Société des Amis du Louvre (SAL) pour les exercices 2018 à 2024, réalisé parallèlement à l’examen de l’Établissement public du musée du Louvre et du Fonds de dotation du musée du Louvre, dont les rapports ont été publiés le 6 novembre dernier, met en lumière une position éminente de cette société d’amis, s’accompagnant de responsabilités renforcées, auxquelles l’association ne répond pas de manière satisfaisante. En effet, de nombreuses fragilités structurelles affectent son cadre statutaire et organisationnel, la gestion des ressources humaines, ainsi que le respect des obligations liées à l’appel à la générosité du public : elles appellent une modernisation urgente. 

La Cour fait part des constats suivants :

– Les statuts, inchangés depuis près de quarante ans, ne sont plus conformes aux exigences légales applicables aux associations reconnues d’utilité publique. Le manque de formalisation des délégations et l’absence de projet associatif structuré fragilisent en outre la cohérence et la sécurité juridique de l’action de la SAL et de ses dirigeants.

– Des campagnes menées auprès du public n’ont pas fait l’objet des déclarations préalables obligatoires, tandis que la transparence financière demeure insuffisante : absence de publication du compte d’emploi des ressources (CER) jusqu’en 2025, absence de distinction comptable entre cotisations et dons, et information limitée des donateurs.

– Les cotisations représentent plus des deux tiers des recettes annuelles, mais leur grille tarifaire est devenue complexe et incohérente. Les dons, limités à 0,3 M€ par an, se confondent partiellement avec des cotisations. Les procédures de collecte et de suivi des adhésions restent insuffisamment formalisées au regard des enjeux financiers.

La Cour recommande notamment la révision des statuts d’ici 2026 en lien avec le ministère de l’Intérieur et le Conseil d’Etat, l’adoption d’une nouvelle convention avec le musée du Louvre pour se conformer aux règles de gestion publique, la réalisation d’un audit social indépendant avant fin 2025 pour améliorer la situation des salariés, et la sollicitation d’un rescrit fiscal pour sécuriser juridiquement le mécénat des adhérents.

WUKALI  est un magazine d’art et de culture librement accessible sur internet*
Vous désirez nous contacter pour réagir à un article, nous faire part de votre actualité, ou nous proposer des textes et des sujets
➽  redaction@wukali.com 
*Vous pouvez vous connecter à votre guise, quand vous le voulez, et bien sûr relayer nos articles sur vos réseaux sociaux. Vous êtes notre meilleur soutien aussi par avance: merci !

Ces articles peuvent aussi vous intéresser