Antoine Sahler nous enchante : Simone et la rétro-voyante, paru aux éditions Michel Lafon, est un petit livre délicieux ! François Morel nous prévient, sur le bandeau de la couverture du livre, il est écrit : « Simone, une voyante qui a de l’avenir : elle prédit le passé ! L’ami d’Antoine Sahler, complice à la vie comme à la scène, a toujours le bon mot. Il a bien résumé.
Pour en dire un peu plus, dans la famille Moulard, la voyance est une affaire de famille. Aussi, lorsque Simone, la petite dernière, détraque ses pouvoirs par accident, (et quel accident, on ne vous en dit pas plus), c’est la catastrophe ! Elle ne peut plus lire l’avenir, désormais, elle voit dans le passé ! Imaginez le désespoir des gens qui découvrent ce qu’ils auraient pu faire s’ils avaient fait des choix de vie radicalement opposés. Comment accepter qu’une petite fille vous dise que vous êtes passé à côté de l’amour ou de la fortune car vous emprunté le mauvais chemin ?
Pour les parents, il n’y a qu’une solution : expédier Simone au pensionnat de Sornettes-le-Puits, pour corriger son don et sauver l’honneur de la famille Moulard.
La réputation de cette vénérable institution n’est plus à faire, mais rien ne va se passer comme prévu. Déjà, Simone n’est pas très heureuse d’abandonner pour trois mois sa famille, ses amis et son amoureux…
« Simone la rétro voyante » a de l’avenir et le livre, on peut le prédire sans boule de cristal, va séduire des milliers de jeunes lecteurs, mais pas que. Déjà, c’est drôlement bien parti. Si on vous dit qu’on a adoré ce bouquin « pour la jeunesse », ce n’est pas seulement parce qu’on est resté très jeunes (d’esprit), c’est qu’il a tout pour plaire. Les parents, piquez-le à vos enfants, il est ensorcelant.
Antoine Sahler entraine le lecteur dans une aventure pas banale, au cœur de la voyance.
Nous ne sommes pas dans le monde des bisounours. Pas davantage dans le monde des sorciers, (bien qu’on chauffe, carrément !) nous sommes plongés dans un thriller, à hauteur d’enfants bien sûr. Les personnages entre fiction et réalité, les situations des plus sérieuses aux plus incongrues, nous parlent à nous les grands : argent, pouvoir, mensonge, intolérance, espionnage, séquestration…
Et puis, heureusement, il y a des vilains qui sont beaux, « de l’intérieur ». Des petits dessins en vignette nous présentent les acteurs de l’aventure. Il faut bien l’avouer, tous ont quelque chose d’un peu bizarre. Les plus méchants sont grotesques, tant pis pour eux !
Les gentils sont attachants, généreux, courageux. Et heureusement, il y a l’amour !
Tout le monde sait qu’il donne des ailes (chez Simone, plus que chez quiconque).
Mais chut, n’en disons pas plus. Ce livre est plein d’images, de messages, de sensations. Il est à double lecture, plusieurs niveaux de compréhension. Celui qui connait l’artiste, entend chanter le musicien, jouer le comédien, parler le poète. Tout est dans les détails, dans les clips d’Antoine Sahler, dans ses chansons, comme dans son livre qui fait mouche à chaque mot. Quelle plume ! L’artiste aux multiples talents est aussi précis dans le discours qu’il l’est dans l’humour.
Simone la rétro-voyante ? jubilatoire, vous l’aurez compris.
Simone et la rétro-voyante
Antoine Sahler
éditions Michel Lafon. 12€95
Pour en savoir plus sur l’artiste, notre article (cliquer)publié en octobre 2020
Entretien exclusif
Antoine Sahler est heureux du succès de « Simone la rétro Voyante ». Nous vous le disons sans détour : « En voiture Simone » : Laissez-vous embarquer par ce personnage aussi attachant que son créateur !
RENCONTRE
« Simone la rétro- voyante » vient de sortir aux éditions Lafon début avril. Comment est née Simone ?
J’avais envie d’écrire cette histoire depuis longtemps. Je l’ai démarrée il y a trois ou quatre ans. Je bloquais un peu et c’est finalement le premier confinement qui m’a aidé à aller jusqu’au bout. Pour une vingtaine de personnes, de la famille et des amis, j’écrivais autour de Simone. Avec ma compagne, on s’amusait à envoyer tous les jours un épisode sur un lien privé, sous la forme d’un petit podcast à deux voix dont j’écrivais les textes. L’écriture s’est de façon très détendue, sans enjeu de publication derrière !
L’écriture est bien différente de celle de la chanson
C’est vrai, et je suis davantage habitué ces formes courtes, comme la chanson et la poésie. Quand je me suis lancé, j’avais déjà les cinq premiers chapitres sous le coude depuis quelques années et le fait de devoir « livrer » chaque jour un épisode à mes « auditeurs », famille et amis, m’a aidé à avancer. Par ailleurs, ils m’ont convaincu d’envoyer mon travail à une maison d’Edition. Grâce à leurs encouragements, je n’étais plus bloqué sur le fait que ça allait devenir un vrai roman, avec une histoire à développer. Ça m’a obligé à entrer dans une discipline d’écriture au long cours. Ensuite, grâce à des relations de mon travail, notamment avec François Morel, j’ai eu accès à quelques éditeurs, dont Michel Lafon, très intéressé par le projet.
Les éditions Michel Lafon attendent sans doute une suite ?
Tout à fait. Je travaille actuellement au volume deux avec autant de plaisir. Je suis très heureux que ce livre existe, de savoir qu’il est « dans la nature » et que les gens s’amusent…
Par rapport aux podcasts, qu’est-ce qui a changé dans le livre?
Il y avait beaucoup de dialogues dans les podcasts. J’en ai conservé plusieurs, tout en apportant davantage de descriptions. Et le livre s’est étoffé. Lorsque j’ai décidé de reprendre cette histoire, j’avais écrit les premiers chapitres, avant que Simone n’arrive à l’école de la Voyance pour se faire soigner. Elle ne connaissait pas encore les professeurs machiavéliques et tous les personnages de l’institution.
Vous avez déjà écrit pour la jeunesse
Oui, mais je n’ai pas une grande expérience dans ce domaine, même si j’ai publié deux livres CD jeunesse chez Acte Sud, avec un disque et une dizaine de chansons. Nous en avons fait un spectacle, qui porte le même titre que le CD « La tête de l’emploi ». Il s’agit d’une forme de reportage photo autour de différents métiers. (…)
Est-ce que l’on peut dire que vous êtes un « auteur pour enfants »
Je n’ai jamais abordé ce travail sous cet angle-là. Au départ, je n’écris pas « pour les enfants » car je n’écris pas différemment selon le public. Évidemment, il y a le choix des thématiques, des cadres de vie, des personnages.
Je me réfère ensuite à ce qu’il reste d’enfance en moi. J’ai envie que cela amuse les adultes, que ça leur parle, et j’espère bien que les enfants y trouvent leur compte. Je ne me dis pas, « je vais faire une histoire pour les enfants ». Je cherche à faire une histoire qui va amuser les enfants… aussi !
La rétro-voyance, existe-t-elle vraiment ? il fallait le trouver ce secteur de la voyance !
Je ne saurais pas vous dire comment je l’ai trouvé !
Peut-être faudrait-il que je m’allonge des heures sur un divan pour savoir d’où me vient cette idée ! Je peux juste dire que de nature, je suis quelqu’un de très rationnel, très peu porté sur toutes ces disciplines. Cela m’amuse beaucoup de me « moquer… gentiment ». Il y a peut-être cette idée de « prendre la voyance » et de l’inverser ! Ce n’est pas trop mon truc le paranormal mais pour écrire des histoires, c’est pas mal !
Est-ce que l’illustrateur, Grégory Elbaz, avait carte blanche ?
Tout à fait ! Comme toujours, je laisse carte blanche aux illustrateurs. Grégory Elbaz m’a envoyé des esquisses, et ce qui est amusant, c’est que pour certains personnages, j’avais des images en tête et pour d’autres pas du tout. J’ai pu apprécier comment l’illustrateur avait projeté les choses et je n’avais pas envie d’imposer quoique ce soit. C’est lui qui s’empare des personnages et s’approprie l’univers.
Vous avez d’autres projets ?
Avec François Morel, j’ai participé à deux enregistrements pour la télévision. Il s’agit de théâtre filmé, mis en scène par Jacques Weber. Ce n’est pas encore diffusé mais ça le sera, je pense, au mois de mai. On a enregistré un Cyrano de Bergerac avec François Morel dans le rôle de Cyrano. J’ai mis en musique certaines tirades de la pièce. Je joue un rôle qui n’existe pas dans la pièce originale. Je suis une espèce de lutin au piano ! Ce travail de mise en musique était passionnant. Actuellement, je fais un peu la même chose, toujours avec Jacques Weber et Denis Podalydès sur la première scène du premier acte du Misanthrope. Nous sommes actuellement en train de le tourner.
Il ne s’agit pas d’une captation ?
Non, dans le jargon du métier il s’agit d’unitaire. Ce n’est pas une captation dans le sens traditionnel du terme, où l’on découvre la pièce du début jusqu’à la fin. C’est davantage vu sous un angle cinématographique. On filme le théâtre vide. Le théâtre de l’atelier, puisque c’est là qu’on travaille, existe comme un décor. Ce que l’on est en train de faire va davantage ressembler à de la répétition filmée, presque sur un ton et un mode documentaires. On entend aussi les comédiens parler de leur travail, remettre en cause des choses qu’ils viennent de faire. On joue Molière, et on nous voit au travail… sur Molière.
On est impatient de découvrir tout cela !