Collecting lies at the heart of the Musée des Beaux-Arts in Lyons, advancing its mission to educate and delight new audiences and benefiting of the alliance of private-public partnership and sponsorship for new acquisitions. No problem Lyons is really a dynamic French city where living is wonderful, food gorgeous and wine ( Beaujolais) so exquisite ! Vive la France ! Lyons, a dynamic city where arts and civilization versify with modernity and new technologies. An example.


Classés oeuvres d’intérêt patrimonial majeur, L’Abreuvoir et Le Rocher, peints vers 1765 et 1780 par Jean Honoré Fragonard, ont rejoint les collections du musée des Beaux-Arts de Lyon grâce à la générosité des entreprises membres du Club du Musée Saint Pierre.

Cette acquisition s’inscrit dans la continuité d’une politique active d’enrichissements des collections rendues possibble à la faveur des partenaires publics et privés/

En 2008, La Fuite en Égypte de Nicolas Poussin avait ainsi rejoint les cimaises du musée. En 2012, trois oeuvres de Pierre Soulages venaient renforcer la collection de la seconde moitié du XXème siècle et du début du XXIème siècle. L’acquisition de l’oeuvre de Jean-Auguste Dominique Ingres, L’Arétin et l’envoyé de Charles Quint témoignait une nouvelle fois, en ce début d’année 2013, de l’engagement du Club du musée Saint Pierre, du Cercle Poussin, et des partenaires publics et privés aux côtés du musée.

Olécio partenaire de Wukali

Les deux tableaux de Jean-Honoré Fragonard, L’Abreuvoir et Le Rocher, inspirés du Siècle d’or néerlandais, sont désormais un jalon majeur de la peinture de paysage au musée de Lyon. Ils ont été acquis auprès de la galerie Jean-François Heim, à Paris, pour un montant de 1.550 000€.


Jean-Honoré Fragonard (Grasse, 1732 – Paris, 1806), peintre de paysages

Quand le jeune Fragonard abandonne son emploi de clerc de notaire pour embrasser le
métier de peintre, il s’adresse à François Boucher, qui préfère le recommander à Jean-Siméon Chardin, avant de l’accueillir lui-même dans son atelier. En 1752, Fragonardobtient le Grand Prix de l’Académie royale avec son Jéroboam sacrifiant aux idoles (Paris, ENSBA), ce qui lui permet de séjourner en tant que pensionnaire de l’Académie de France à Rome de 1756 à 1761. De retour à Paris, il est agréé à l’Académie en 1765 avec une scène historique, Corésus et Callirhoé (Paris, musée du Louvre). En dépit du succès critique retentissant rencontré par cette oeuvre, Fragonard se détourne aussitôt d’une carrière officielle pour se consacrer essentiellement à la peinture de scènes de genres, de paysages et de « figures de fantaisie » qui attire une clientèle bourgeoise. Au Salon de 1765, Fragonard présente une scène historique, Corésus et Callirhoé (Paris, musée du Louvre), mais aussi L’absence des pères et mères mise à profit (Saint- Pétersbourg, musée de l’Ermitage) et plusieurs paysages. Dès ses débuts, Fragonard a pris le parti d’aborder tous les genres : le grand genre, certes, que constitue encore à cette époque la peinture d’histoire, mais aussi la scène de genre et le paysage. Les paysages qu’il peint alors lui sont inspirés par son séjour en Italie. Il les réalise in situ ou à son retour à Paris en 1761.

Le Rocher et L’Abreuvoir, des pendants ?

Les deux oeuvres ont connu des destinées séparées dans le dernier quart du XVIIIe siècle et ce n’est que dans la seconde moitié du XIXe siècle qu’elles ont appartenu à un
même propriétaire, François Hippolyte Walferdin (1795-1880). Walferdin est le plus
illustre des collectionneurs de Fragonard : il a possédé quelques-uns des plus beaux
tableaux de cet artiste aujourd’hui conservés au musée du Louvre (portraits autrefois
dits de Diderot et de la Guimard, Le Voeu à l’Amour, Mercure et Argus), ainsi que Les Blanchisseuses du musée de Rouen. À la vente de sa collection en 1880, les deux paysages Le Rocher et L’Abreuvoir échoient à des acquéreurs différents, mais se retrouvent réunis durant presque tout le XXe siècle, au sein d’abord de la collection du peintre Gaston de Lauverjat, qui possédait seize oeuvres de Fragonard, puis dans celle d’Arthur Veil-Picard, avant d’être à nouveau vendus séparément en 1987. Le Rocher et L’Abreuvoir ont été associés l’un à l’autre depuis plus d’un siècle et entretiennent des rapports de proximité troublants. Leurs dimensions assez proches,
leur datation jusque-là envisagée, remise en question par les récentes analyses du
C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France), et leur sujet bucolique incitaient à les considérer comme des pendants.

Dans les deux tableaux, le coeur de la composition réside en une éminence rocheuse
servant d’abri à un abreuvoir, auprès duquel les bêtes d’un troupeau ou d’un attelage
font halte. L’échelle des figures qui évoluent au sein de cette nature frémissante est
également comparable. Surtout, ce sont les principes de composition qui se répondent,
le paysage proprement dit se déroulant en-deçà d’une oblique au-dessus de laquelle un
ciel peuplé de nuées occupe plus de la moitié de la surface du tableau. En outre, dans
les deux tableaux, les formes mouvantes des nuages trouvent un écho dans les
frondaisons qu’elles dominent. D’autres correspondances participent à la construction
des deux compositions : dans Le Rocher, la forme et les couleurs de la toiture d’une
masure font écho au triangle brun formé par le rocher tandis que, dans L’Abreuvoir, la
masse horizontale et miroitante de l’abri rocheux trouve son pendant dans le groupe
des bêtes aux pelages et toisons dorés par la lumière.

Deux paysages inspirés du Siècle d’or néerlandais

On s’est longtemps interrogé sur la réalité d’un séjour de Fragonard aux Pays-Bas, jusqu’à l’examen de la vente Gros de 1778, dans laquelle figuraient des dessins qu’il
n’avait pu réaliser qu’in situ d’après des oeuvres de Rembrandt, van Dyck et Jordaens.

L’influence exercée par la peinture du Siècle d’or sur l’art de Fragonard s’exprime avec
évidence dès son retour d’Italie en 1761.

À dire vrai, Fragonard n’avait nullement besoin de se rendre aux Pays-Bas pour
admirer de la peinture hollandaise du Siècle d’or, tant les collectionneurs de la seconde
moitié du XVIIIe siècle se sont passionnés à Paris pour cette peinture, en particulier
pour les paysages hollandais. S’il a pu copier Rubens au palais du Luxembourg, lui même possédait un paysage de Ruysdael, un « chemin boisé » que lui avait cédé le
marchand Le Brun et qui lui servait, selon ce dernier « d’inspiration pour faire ses
charmants paysages
». Dans Le Rocher et L’Abreuvoir, des effets lumineux pareils aux « coups de soleil » d’un Ruysdael animent cette peinture atmosphérique, Gault de
Saint-Germain
, rappelant, en 1819, que « l’effet étincelant d’une lumière vive dans ses
compositions était pour [Fragonard] si séduisant qu’il l’appelait le coup de pistolet du
clair-obscur
». Le peintre a ainsi mis l’accent sur les figures en mouvement, dont la
présence congrue est relevée par des touches colorées dissonantes dans l’harmonie
générale, de ténues notes de rouge en particulier dans L’Abreuvoir.

L’art de Fragonard

Dans ces deux toiles, la narration est réduite à son minimum, mais la nature paraît
saisie en un instantané d’une grande intensité, les arbres, les nuages, les animaux et
les hommes semblant mus par un même mouvement. On a pu parler de « pastiches» à
propos de ce type d’oeuvres inspirés à Fragonard par une connaissance intime de la
peinture nordique, mais la franchise de l’expression, la sensualité et l’allégresse
caractérisent non seulement Le Rocher et L’Abreuvoir, mais la production de
Fragonard elle-même.

Ces deux tableaux témoignent d’une manière magistrale de l’étendue de la verve
picturale de Fragonard. Ainsi, le peintre donne-t-il à sentir l’imperceptible déplacement
des nuages à renfort de coups de brosse larges et rapides qui animent une matière
extrêmement fluide, tandis qu’il rythme de petites touches compactes le frémissement
qui agite les feuillages. Le même type de contrepoint met en balance la matière
mousseuse et translucide des prés et les touches grasses et appuyées qui donnent
corps aux roches.

En quelques traits, des figures habilement disposées par Fragonard inscrivent ces
paysages dans une temporalité humaine, introduisant de manière allusive une
dimension galante, certes propre aux pastorales depuis Hésiode et Virgile, mais dont Fragonard s’est fait le chantre au XVIIIe siècle, dans le sillage de Watteau. Dans Le Rocher, on se plait à deviner les rapports qui lient la jeune femme juchée sur sa monture et le bouvier auquel elle s’adresse ; dans L’Abreuvoir, un couple devise,
nonchalamment étendu dans le pré, sans se soucier du jour qui décline et des nuages
qui s’amoncellent, sans le souci, surtout, du temps qui passe.

L’intérêt de l’acquisition pour le musée des Beaux-Arts de Lyon

Au-delà de leur place dans la peinture française du XVIIIe siècle, Le Rocher et
L’Abreuvoir constituent un apport de choix aux collections du musée des Beaux-Arts de Lyon : ces deux paysages inspirés de la tradition hollandaise de Fragonard font le lien entre la collection de peinture française et celle de peinture hollandaise du musée,
riche, pour sa part, en paysages. Ces tableaux permettent également d’établir un pont
entre la peinture du Siècle d’or et la peinture française du début du XIXe siècle qui
s’inspire de ces modèles nordiques.

L’acquisition de ces deux toiles permet de renforcer le fonds de la peinture française du
musée des Beaux-Arts de Lyon, l’une des plus éminentes des musées de France : les
XVIIe, XIXe et XXe siècles y sont représentés par des chefs-d’oeuvre tels que les toiles de Simon Vouet, de Nicolas Poussin, d’Eugène Delacroix, de Paul Gauguin, de Georges Braque ou d’Henri Matisse.

Article réalisé avec la pleine collaboration du Musée des Beaux-Arts de Lyon et de la galerie Jean-François Heim.


Historiographie des peintures avec la collaboration de la galerie Jean-François Heim

L’Abreuvoir

(Grasse 1732 – Paris 1806)
Huile sur toile
H. 0,515 m ; L. 0,63 m
Date : vers 1763-1765

Provenance : Collection de Madame de Saint-Sauveur ; sa vente, Paris, 12 février 1776, no. 53
Collection de Randon de Boisset ; sa vente, Paris, 27 février 1777, no. 230, acquis 1 650 livres par Mercier
Vente anonyme, Paris, 23 mai 1780, no. 40, pour 800 livres
Probablement collection du comte de Choiseul Gouffier, vers 1783
Collection du duc de Choiseul ; sa vente, Paris, 10 décembre 1787, no. 67, acquis 610 livres par Dulac
Vente anonyme, Paris, 8 juillet 1793, no. 14
Collection de Laperlier ; sa vente, Paris, 11-13 avril 1867, no. 33
Collection d’Hippolyte Walferdin ; sa vente, Paris, 3 avril 1880, no. 14
Collection de Madame Charles Kestner
Collection de G. de Lauverjat
Collection d’Arthur Vieil-Picard
Collection privée, Suisse
Collection privée, New York

Exposition : Paris, Salon de la Correspondance, août 1783, no. 156 (ou 157).
Paris, Galerie Martinet, Catalogue de tableaux et dessins de l’école française, principalement du XVIIIe siècle tirés de collections d’amateurs, 1860, no. 158 (mentionné comme appartenant à M. Walferdin).
Londres, Royal Academy, European Masters of the Eighteenth Century, 1954-1955, no. 210.
Zürich, Kunsthaus, Schönheit des 18. Jahrhunderts, 1955, no. 92.
Tokyo, National Museum of Western Art ; Kyoto, Municipal Museum, Fragonard, mars-juin 1980, no. 29.
Paris, Galeries Nationales du Grand Palais ; New York, The Metropolitan Museum of Art, Fragonard, septembre 1987-mai 1988, no. 92.


Le Rocher

Huile sur toile
H. 0,53 m ; L. 0,62 m
Signée en bas à gauche : Fragonard

Date : vers 1763-1765

Provenance : Collection Hippolyte Walferdin ; Sa vente, Paris, 12-16 avril 1880, n° 54 ; Vente Auguste Courtin, Paris, 29 mars 1886, n° 7 ; Vente anonyme, 4 mars 1897, n° 16 ; Vente anonyme, 8 avril 1908, n° 9 ; Collection G. de Lauverjat ; Collection Arthur Veil-Picard ; Collection J. Veil-Picard ; Collection particulière, Paris

Exposition : Catalogue de tableaux et dessins de l’Ecole française, principalement du XVIIIe siècle, tirés de collections d’amateurs, galerie Martinet, Paris, 1860, n° 135.
European Masters of the XVIIIth Century, Royal Academy, London, 1954-1955, n° 204.
Schönheit des 18. Jahrhunderts, Kunsthaus, Zurich, 1955, n° 93.
Fragonard, Musée National d’art occidental, Tokyo, 1980, n° 30, reproduit en couleur.
Fragonard, Galeries Nationales du Grand Palais, Paris, 1987-1988, n° 94, reproduit en couleur.

Bibliographie : P. de Saint-Victor, « Exposition de tableaux anciens », Beaux-Arts, 19 octobre 1860, n.

Illustration de l’entête: Gérard Collomb, maire de Lyon devant «Le Rocher» de Fragonard. © R.Mouillaud/PHOTOPQR/Le Progrès


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