Il fait froid, très très froid en cet hiver 1989 à Londres, et pourtant, le sergent Chambers est appelé à Hyde Park. S’y trouve sur un pied destale une parfaite réplique du Penseur de Rodin, sauf qu’il s’agit d’un être humain, nu, immobile depuis des heures. Et pourtant à l’arrivée des secours, il était encore vivant. Heureusement un clochard vient se dénoncer en apportant même la preuve de son crime : une seringue où se trouve le produit qui a servi à immobiliser la victime. Chambers est plus que sceptique car non seulement l’individu ne donne aucune motivation à son acte, mais en plus ses explications ne correspondent pas exactement avec les traces sur les lieux du crime.
Or le moins que l’on puisse dire c’est que Chambers est loin d’être en odeur de sainteté auprès de son supérieur, d’autant qu’il est persuadé que le criminel est toujours libre, et qu’un nouveau crime a été commis avec comme mise en scène la Pietà de Michel-Ange. Malgré des ordres stricts, il continue son enquête autour de deux suspects, jusqu’à ce qu’il manque de mourir sous les coups de l’assassin. Une intervention au dernier moment d’un de ses collaborateurs, Winter, lui vaut d’échapper à une décollation mais il restera avec des broches dans une jambes toute sa vie.
Des années plus tard, Chambers végète dans son poste, Winter, pris par ses démons, a été suspendu et travaille comme vigile dans un supermarché. Arrive une jeune inspectrice stagiaire, Marshall, ancienne (et parfois toujours) droguée qui est persuadée que Chambers avait raison. A force d’obstination elle finit par convaincre les deux hommes de la suivre dans son enquête, d’autant que de nouveaux meurtres avec une mise en scène de sculptures célèbres apparaissent : la Vénus de Milo, Cupidon et Psyché, la victoire de Samothrace. Et toujours, auprès des cadavres des feuilles de lauriers. Le coupable devient alors évident et s’ensuit une course contre le temps avec l’aide de l’ex petite amie de l’assassin. Mais, cette dernière est-elle sincère, vu l’admiration qu’elle lui porte et l’envoûtement qu’elle ressent devant chacune de ses « œuvres » ?
La fin est… la fin, je ne puis la dire. Sachez seulement que c’est un feu d’artifice où Chambers et Winter doivent puiser au fond de leur âme pour décider, pour agir et qui finit en apothéose, par cette phrase qui est en quelque sorte le fil conducteur de ce roman : « Seuls les vivants peuvent souffrir comme tu vas souffrir ».
Roman policier psychologique avec en toile de fond la sculpture, la recherche de la beauté parfaite et au-delà de l’absolu, en tout, même en amour. Cette quête qui peut rendre fou, qui rend inhumain. Face à cet être en quête d’absolu, Chambers n’est qu’un homme, brimé à cause de la couleur de sa peau, tiraillé entre son sens du devoir et son épouse qu’il souhaiterai tant protéger du cloaque dans lequel il se meut au quotidien. Sans compter la gestion de sa mère qui ne supporte pas sa belle-fille jamaïcaine. Il est humain, mais lui aussi pris dans la folie causée par une idée obsessionnelle : retrouver l’assassin, monter qu’il a raison, quitte à y laisser la vie.
Les ravages de l’idée fixe qui détruit, de fait tout entendement, tout appel à la raison. Tous, l’assassin, Chambers, Winter, Marshall en sont les victimes.
Après Ragdoll, Daniel Cole signe avec Pietà un nouveau succès en libraire
Pietà
Daniel Cole
éditions Robert Laffont. 20€
Collection La Bête noire