Qui sème des graines de folie croque la vie, un très beau titre pour commencer. Marie, la quarantaine, responsable logistique dans une entreprise parisienne, se fait licencier pour cause de délocalisation de son poste en Slovénie. Célibataire depuis qu’elle a réussi à quitter son mari, une sorte de pervers qui passait son temps à la faire culpabiliser et l’enfermer dans un rôle de mère au service des autres, elle décide de partir en province, à Pierrefonds, ville où elle ne connaît personne, avec ses deux enfants, 15 et 13 ans, un garçon et une fille, tout deux en pleine crise d’adolescence.
Mais la vie ne s’avère pas aussi enchanteresse qu’elle l’eût crue : elle reste enfermée dans son rôle de parfaite ménagère, de mère et trouve d’énormes difficultés pour trouver un travail dans ses domaines de compétences.
La dépression la guette, quand la responsable de l’agence immobilière (par ailleurs une voisine), l’invite un soir à une réunion de filles. Elles sont 5 de 20 à 70 ans qui l’accueillent comme si elles la connaissaient de tout temps et Marie rejoint leur groupe qui s’est baptisé le Cercle des Floralies. Quand elles sont ensemble, elles s’appellent non point par leurs prénoms mais par un nom de fleur correspondant à leur nature, à leur caractère. Ainsi, Marie devient vite Violette. Ces dames consultent régulièrement l’Oracle qui consiste à poser une question et à tirer une carte pour avoir la réponse. Et il faut reconnaître que l’Oracle, avec une certaine ambiguïté (mais n’est-ce pas le propre des oracles) montre des chemins permettant leur épanouissement. Ces six femmes quelque peu atypiques cultivent la joie de vivre, sont toujours présentes les unes pour les autres en cas de « coup dur », pour aider, voire, sans le dire, agir pour mettre une amie sur un chemin qui lui sera bénéfique sans qu’elle ne le sache. C’est ce qui arrive à Marie, qui, petit à petit, arrive à sortir de son rôle de bonne ménagère, qui remet en cause ses ambitions professionnelles pour de nouvelles, et qui surtout arrive enfin à tisser de nouveaux liens avec ses deux adolescents. Qui plus est elle s’ouvre désormais pleinement aux autres. Alors quand arrivent des missives basées sur des textes de chansons d’amour d’un mystérieux inconnu amoureux, aidée par ses amies, elle tente de l’identifier. Pour y arriver elle doit s’ouvrir aux hommes, accepter sa féminité et surtout oublier son passé négatif avec son ex-mari.
Même si la réalité est loin d’être celle que Marie pensait, elle finit par se transformer totalement et accepte, enfin, d’être heureuse.
Les éditions de l’Archipel ont créé une collection Instants suspendus qui regroupe des romans « optimistes », des romans qui donnent le sourire, des romans qui font croire que le bonheur existe si l’on accepte de sortir de ses routines, des rôles dans lesquels on s’est enfermé, ou dans lesquels on nous a emprisonné. Charlotte Léman signe ici son troisième roman après « Si la vie te donne des citrons, fais-en une tarte meringuée » et « La Délicieuse imposture du chant des sirènes ». Avec beaucoup d’humour, une légèreté de ton et de style, elle procure au lecteur un moment de calme et de sérénité.
Qui sème des graines de folie croque la vie
Charlotte Léman
éditions de l’Archipel/ collection Instants suspendus. 20€
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