Cette histoire que raconte Philippe Besson se passe au mitan des années 80 du siècle dernier, à la veille de l’inauguration du pont qui va, de fait, changer en profondeur l »île de Ré au large de la Rochelle, transformant ce petit morceau de terre peuplé d’agriculteurs et de pêcheurs en un endroit pour riches privilégiés. C’est fini pour les classes populaires ou de moyenne bourgeoisie qui venaient se reposer durant les vacances dans des campings qui n’existent plus aujourd’hui.
Le personnage principal est Philippe, au demeurant prénom de l’auteur, qui de fait relate un fait divers qu’il a vécu. Comme chaque année avec ses parents il va chez un couple ami de la famille. Leur fils aîné, François, à le même âge que l’adolescent et ils s’entendent très bien. Philippe sort d’une année de préparation à HEC, François quant à lui, son CAP en poche, aide son père dans le camion boucherie familial. Et puis il y a Christophe, l’ami de François qui travaille avec son père, marin-pêcheur. Depuis des années, tous les trois ne se quittent pas durant les vacances.
A peine arrivé, François présente à Philippe un nouveau venu sur l’île : Nicolas, un jeune garçon de leur âge, renfermé, discret, peu communiquant. Philippe finira par le connaître, enfin de connaître une partie de son histoire et de son univers : un père violent que lui et sa mère ont fui, une passion pour le dessin mais ses œuvres sont torturées comme Le Cri de Munch. Un adolescent, mal dans sa peau, bien sûr, mais plus que cela encore, un garçon dépressif qui s’enferme sur lui-même et qui subit plus qu’il n’agit.
Cet été là ils vont rencontrer des parisiens de leur âge : Alice et son frère Marc. François est attiré par la jeune femme et déploie tout son talent de dragueur sûr de lui. Mais en vain, car Alice elle, est attirée par Nicolas ce qui finit par créer des tensions entre les deux jeunes hommes. Christophe, quant à lui s’en fiche, Philippe, qui ne cache pas son homosexualité est attiré par Marc, et la réciproque est vraie.
Et puis un soir pour l’anniversaire de Christophe, la bande va dans la boîte de nuit de Saint Martin de Ré. Et Nicolas disparaît. Que s’est-il passé : fugue, suicide, assassinat ? Autant de questions que se posent les gendarmes et ces jeunes. Mais en plus, Philippe se demande ce qu’il aurait pu, ce qu’il aurait dû faire pour que cette disparition n’ait pas lieu.
Des années après, ses questionnements le hantent encore. Et l’écriture n’est-elle pas le moyen qu’il a trouvé pour essayer d’obtenir des réponses? Le dernier roman de Philippe Besson, avant celui-ci, avait pour titre Ceci n’est pas un fait divers. Oui, l’auteur part d’un fait divers (ici la disparition d’un adolescent comme il y en a (trop) chaque année, un féminicide, un accident de train, etc) pour partir scruter les méandres de l’âme humaine. La sienne dans Un soir d’été. Mais il ne tombe pas dans l’auto psychanalyse comme tant et trop d’auteurs. Il part de lui-même, pour aller bien au-delà de sa petite personne et pour essayer de trouver une constante dans le psyché de l’Homme.
Si tous les livres en 2024, sont de la même veine qu’Un soir d’été, cela annonce de très bons moments de lectures.
Un soir d’été
Philippe Besson
éditions Julliard. 20€
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