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Exploration spirituelle de Michel-Ange

par Philippe Poivret

Michelangelo Buonarroti, de son vrai nom. Mais plus connu sous le nom de Michel-Ange.

Tout le monde croît le connaître. Et pourtant… Il est vrai que le plafond de la chapelle Sixtine et le David à Florence l’ont rendu célèbre dans le monde entier. Ces œuvres sont si imposantes que les regarder nous écrase en raison de leur taille, de tout le mouvement qui s’y trouve et de leur majesté. Elles font de nous des spectateurs sans voix. Il serait tout de même dommage de ne pas chercher à comprendre qui était Michel-Ange tout comme il serait dommage de ne pas chercher à comprendre ce qu’il a voulu dire dans ces peintures et sculptures. C’est ce à quoi s’est attelé Ronald McDougall dans un livre intitulé L’aventure spirituelle de Michel-Ange.

Le fil rouge de la biographie et de tout le travail de ce génie est, pour l’auteur, la religion chrétienne et plus particulièrement la religion catholique. Si Michel-Ange a travaillé pour plusieurs papes, s’il était âpre au gain, il n’en demeure pas moins qu’il connaissait parfaitement la Bible et les Evangiles tout comme il a suivi l’évolution de la doctrine catholique. Au passage Ronald McDougall réfute toute proximité de Michel-Ange avec la Réforme et rapporte son attachement à la République florentine, ce qui ne manqua pas de causer problème avec les Médicis.

Orphelin de mère avec un père qui ne l’aimait pas, admiré mais guère aimé, Michel-Ange a eu, pour l’auteur, une vie privée pauvre et tourmentée. Il avait une vitalité extraordinaire qui se retrouve dans tous ses tableaux et toutes ses sculptures. « Michel-Ange a libéré l’art de la linéarité et de la perspective unique » nous dit Ronald McDouglall suggérant qu’il était en avance de plusieurs siècles sur l’évolution de la peinture et de la sculpture. 

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Michel-Ange cherche à montrer la nature profonde, l’essence même, de ce qu’il peint ou sculpte. Il ne rajoute pas, il enlève et son idée que la sculpture est déjà dans le bloc de marbre et qu’il faut le tailler pour laisser advenir la forme qu’il contient, est bien connue. Son travail ne consiste pas à en une simple représentation de ce que nous voyons mais cherche à faire surgir ce qu’il y a de caché au plus profond des paysages, objets ou personnages qu’il a choisi de peindre ou de sculpter. 

Tourmenté, Michel-Ange était en permanence confronté à des idées, des sentiments ou des faits opposés comme la vie et la mort, le jour et la nuit ou la lumière et l’obscurité. Ces oppositions se retrouvent dans toutes ses œuvres auxquelles elles donnent un rythme et un mouvement qui ne s’arrêtent jamais. 

Après avoir exposé la biographie de ce génie et après avoir exploré ses problèmes et sa façon de voir la vie-sa philosophie-, Ronald McDougall commente dix œuvres parmi les plus connues avec un regard neuf et originalIl s’aide pour ce faire des poèmes écrits par Michel-Ange. La confrontation sculpture, peinture et poésie n’est pas le moindre intérêt de ce livre. Il commence par la plus connue, la Pietà de Saint-Pierre de Rome en insistant sur le personnage de la Vierge dont il analyse les traits et l’attitude vis-à-vis de son enfant mort qui repose sur ses genoux. Bien souvent, c’est le Christ qui est au centre de l’attention du spectateur mais ici le regard se détourne vers le personnage de la Maman.

Suit le David, surhumain nous dit l’auteur, sculpture qui défend la République florentine par son caractère monumental et autonome. Le plafond de la chapelle Sixtine avec son rythme si particulier et ses interprétations multiples fait l’objet d’un chapitre qui invite à se plonger dans toute la complexité de cette fresque monumentale. Les esclaves du Louvre et la chapelle Médicis à Florence suivent pour laisser la place au Jugement Dernier de la chapelle Sixtine qui est étudiée au travers de plusieurs de ses personnages et de la signification de leurs attitudes. Le Moïse du tombeau de Jules II à Rome, la chapelle Pauline du Vatican, la basilique Saint-Pierre de Rome et la Pietà Bandini de Florence précèdent un commentaire de la Pietà Rondanini, aujourd’hui au château Sforzesco à Milan. Inachevée, cette sculpture a profondément touché Ronald McDougall qui y voit « l’essence du dedans et l’innocence retrouvée » ainsi qu’il a intitulé le chapitre qu’il lui consacre. Il est vrai que cette œuvre, peu ou pas connue, surprend et qu’elle pourrait trouver sa place parmi des sculptures contemporaines. 

Véritable introduction à la pensée et à l’œuvre de Michel-Ange, « L’aventure spirituelle de Michel-Ange » est une ouverture sur la vie, la sculpture et la peinture de ce génie tourmenté dont nous pouvons encore contempler et profiter et dont le travail est un miroir de nos plus profondes interrogations.

L’aventure spirituelle de Michel-Ange
Ronald Mc Dougall

éditions L’Harmattan. 23€

Illustration de l’entête : Esclave mourant. Musée du Louvre, photo@C2RMF

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