New lightnings on the Renaissance period
[**Didier Le Fur*] nous offre une nouvelle lecture de la Renaissance. Il ne nous raconte pas exactement l’éclosion intellectuelle, architecturale, artistique qui a lieu à cette époque en Europe en général et en Italie en particulier. Non, il part d’une approche différente de cette période qui va en gros de 1450 à 1550 à travers les revendications territoriales des rois de France en Italie. Revendications qui trouvent leurs racines dans les héritages féodaux mais qui sont, on pourrait dire, « couverts » idéologiquement avec la volonté, encore très forte à cette époque dans toute la chrétienté d’aller reprendre Jérusalem aux infidèles dans le cadre d’une nouvelle croisade régulièrement prêchée par les papes. D’ailleurs [**Charles VIII*], [**Louis XII*] et même [**François Ier*] ont accepté cette mission qui fut pour eux un moyen particulièrement efficace de pouvoir lever des impôts exceptionnels qui ont avant tout servis à financer leurs « guerres d’Italie ».
Dans la première partie de son livre, Didier Le Fur nous conte le déroulement de ces guerres de[** Charles VIII*] qui finit par se faire couronner roi de Naples à [**Henri II*] qui meurt avant de pouvoir mener une énième campagne en Italie. Ce sont des successions de batailles, de victoires, de chevauchées fulgurantes, souvent sans lendemain, de pactes, d’alliances aussi vite dénoncées qu’elles ont été conclues, car le Roi de France, quel qu’il soit, est vite perçu comme un ennemi car remettant par sa puissance un équilibre bien fragile entre les différents états et principautés de la péninsule. En plus, l’Italie est une terre d’empire. Tant que l’empereur était militairement faible comme [**Maximilien Ier*], il ne pouvait intervenir efficacement contre les ambitions française, il en fut tout autre avec [**Charles Quint*].
En plus, si l’ennemi final à abattre était le Turc depuis la prise de Constantinople et ses ambitions déclarées en Europe, cela n’empêcha pas l’Empereur mais surtout le roi de France comme François Ier de s’allier avec lui pour combattre leurs ennemis. Et puis [**Luther*], [**Calvin*] et la Réforme protestante détournèrent vite les esprits de la nécessaire reconquête de Jérusalem.
Dans sa seconde partie, Didier Le Fur développe le concept de « l’empereur universel », cet homme qui réussira à unir toute la chrétienté, à délivrer la Terre sainte et qui remettra son pouvoir au Christ ressuscité. C’était une croyance très importante de l’époque que les Romantiques et surtout la République laïque ont essayé d’occulter. Or, elle explique en grande partie l’action des acteurs de cette époque, le « consensus » des populations auprès d’ »hommes » censés incarnés cet empereur imaginaire. Et les publicistes de l’époque n’ont pas manqué par des artifices, parfois cocasses, à conférer ce statut aux rois de France.
De fait, comme le montre efficacement Didier Le Fur, le but des acteurs et des populations de l’époque était loin de créer, d’inventer un monde « nouveau », mais à l’inverse de rétablir un temps perdu, passé, le vrai âge d’or d’avant la chute, ce monde où les hommes étaient libres et pouvaient vivre heureux sans les fléaux de la guerre, sans la tyrannie et son lot d’injustices. Un renversement de perspectives qui permet à l’Histoire de s’inscrire dans le temps. Rien ne se crée, tout est la conséquence du passé et des mentalités de l’époque considérée.
[**Une autre Histoire de la Renaissance
Didier Le Fur*]
éditions Perrin. 22€
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WUKALI 02/03/2018)]