Les plus anciens lecteurs reconnaitront aisément ce film d’animation Paths of Hate de Damian Nenow. Je l’avais découvert il y a une douzaine d’années au tout début de l’aventure de WUKALI. J’y reviens aujourd’hui toujours avec le même plaisir.
D’abord le dessin bien entendu
S’il me fallait démontrer que le film d’animation (le dessin animé si vous préférez), est du grand art, et que leurs auteurs sont des artistes à part entière (et parfois des très grands), je choisirais sans nul doute, Paths of Hate ( Les sentiers de la haine) tant ses qualités sont immenses. Petit clin d’oeil s’il en est à Stanley Kubrick.
L’auteur de ce petit chef d’oeuvre, Paths of Hate, s’appelle Damian Nenow et est né en Pologne dans la ville de Bydgoszcz en 1983.
Ce film de 10mn 32 secondes pour être précis, est d’un bout à l’autre haletant, passionnant, remarquable tant pas l’excellence du dessin que de la bande musicale qui l’accompagne. L’histoire est celle de deux pilotes d’avion ennemis qui s’affrontent dans un duel aérien et sanglant. Le dessin est incisif, précis, chirurgical, buriné, comme taillé au scalpel. La ligne a une précision parfaite et rigoureuse, qu’il s’agisse du dessin des carlingues ou des cockpits, des traits des visages, ou encore des perspectives aériennes et des ciels zèbrés par les traînées de condensation des moteurs ou les traces des balles des mitrailleuses. Même les nuages sont magnifiques !
C’est bien d’ailleurs par la qualité du dessin que l’on peut estimer le génie des plus grands artistes, des plus grands peintres, et je pense aussi bien à Michel Ange, ou à Eugène Delacroix et Dominique Ingres et j’ajouterais pour le vingtième siècle Picasso bien entendu. La limitation des moyens techniques ne permettant pas l’approximation et exigeant immédiatement l’excellence et la perfection.
Comment ne pas envisager non plus pour le vingtième siècle les dessins et gravures d’Otto Dix ou de Ludwig Meidner.
En outre et c’est saisissant dans ce film, le rythme, c’est à dire les occurrences entre moments d’action (et ils sont nombreux et violents) et ces passages plus introspectifs, cette montée de l’angoisse en quelque sorte, est particulièrement subtil, ainsi l’on passe progressivement d’une description objective, descriptive, à la limite de la froideur technique rigoureusement précise et matérialisée, à une séquence qui emprunte au fantastique voire à l’horreur. A cet égard comment ne pas évoquer Dado, ou Velicovic, ces deux peintres de l’ancienne «école yougoslave » qui ont su montrer (et Dado tout particulièrement), l’horreur, le cauchemardesque et le monstrueux
L’art est comme une lave, un magma, c’est un continent enfoui mais toujours en mouvement, une pangée qui comme un geyser bouillonne et de temps en temps laisse échapper des créations artistiques dont la force tellurique renverse les petitesses de notre quotidien rabougri. Le film d’animation, comme au demeurant tout ce que l’on met sous ce même vocable de l’art en est une de ces manifestations. Le dessin animé tout comme la bande dessinée, (et le dessin publicitaire aussi!) constituent chacun une forme renouvelée de l’art du dessin, et s’établissent comme de merveilleux avatars où peuvent dans la contemporanéité s’exprimer de grands artistes qui vivront ainsi de leurs talents. Ce dessin animé fera date.
Le film sorti en 2010 est rythmé, haletant, prégnant, captivant. On suit cette montée d’adrénaline, ces bouffées de haine qui nourrissent chacun des deux protagonistes, ce n’est pas la quête du saint graal, c’est cette folie guerrière et assassine, ce goût du sang et de la destruction totale, de l’annihilation de l’autre, de l’ennemi.
La bande sonore, la musique donc, tient aussi parfaitement son rôle, et les grincements de ces sonorités « métal » donnent de l’épaisseur à ce tournoi fantastique. Les scènes finales sont tout bonnement dantesques, les visages se craquèlent et explosent comme des grenades dégoupillées.
Ce film ne pouvait recevoir que les plus grandes distinctions, qu’obtenir les classements prestigieux dans les festivals internationaux et c’est justice. Il fut ainsi sélectionné pour les Academy Rewards, reçut une distinction spéciale du Festival international du Film d’animation d’Annecy puis du SIGGRAPH.
Nous ne manquerons pas de poursuivre et de partager avec vous notre addiction au dessin tout comme au film d’animation, son clone naturel.
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