Accueil Livres, Arts, ScènesHistoire Étude génétique sur l’origine des Huns

Étude génétique sur l’origine des Huns

par Pierre-Alain Lévy

Là où Attila est passé, l’herbe ne repousse plus ! Nous connaissons tous cette expression, cette mémoire des temps anciens, référence à cette ère d’effroi quand les Huns déferlèrent sur l’Europe répandant la terreur sur leurs passages, massacrant les populations, violant et tuant femmes et enfants, brûlant villages et récoltes. Les invasions barbares autrement dit qui mettent un point final à l’ère romaine. D’aucuns considèrent dans leurs études que le moineau serait ainsi venu des steppes d’Asie centrale en se nourrissant des crottins laissés par les chevaux de ces hordes nomades et guerrières, peut-être !

d'où venaient les Huns qui ont envahi l'Europe?
Libre interprétation artistique d’Attila conduisant un assaut

Une étude juste publiée dans PNAS ( Proceedings of the National Academy of Sciences (Cliquer) sur des génomes révèle des connexions trans-eurasiennes entre les Huns qui ont déferlé dans les plaines d’Europe et l’empire Xiongnu qui correspond géographiquement à la Mongolie d’aujourd’hui.

Les Huns sont apparus dans les années 370, cependant l’empire Xiongnu s’est toutefois dissous environ 300 ans avant l’apparition des Huns en Europe, et il existe peu de preuves archéologiques et historiques de la présence des Huns dans la steppe pendant cette période. En outre, malgré la richesse des archives archéologiques du bassin des Carpates datant des Ve et VIe siècles de l’ère actuelle, les éléments culturels des liens avec la steppe se limitent à quelques découvertes et à un nombre encore plus restreint de sépultures solitaires de type oriental.

La connexion des Huns avec l’empire Xiongnu n’est pas nouvelle, en effet cette hypothèse apparait dès le XVIIIè siècle. Reste cependant aujourd’hui à en apporter la preuve scientifique, ce que peut permettre le recours à des analyses génétiques.

Olécio partenaire de Wukali

À cet égard, de nombreux chercheurs considèrent donc les Huns européens comme un conglomérat en expansion de guerriers des steppes, d’origines mixtes et qui se sont lentement déplacés vers l’ouest en raison de divers facteurs, notamment économiques, climatiques et environnementaux

Dans le bassin des Carpathes et le royaume des Sarmates (qui correspond géographiquement peu ou prou à l’Ukraine et la Russie méridionale actuelle), l’on trouve de nombreux cimetières de communautés de cette époque et datant de l’invasions des Huns. Ansi l’on y a découvert des fibules et des perles, des boucles d’oreilles polyédriques et des peignes dans les tombes, de même que la coutume de la déformation artificielle du crâne. Plusieurs coutumes funéraires liées à la steppe sont apparues puis ont disparu au cours du Ve siècle ; on les trouve principalement dans des tombes orientées nord-sud, solitaires ou en petits groupes et, dans quelques cas, avec des crânes et des pattes de cheval. On peut ainsi observer une ressemblance entre les rites funéraires huns avec celles observées chez Xiongnu. Aux Huns succédèrent les Goths dans la région des Carpates et des Balkans (454)

Crâne déformé mis à jour lors d’une fouille archéologique en Alsace

L’étude a eu pour but de déterminer les liens potentiels entre le bassin des Carpates pendant et après la période Hun et les populations des siècles précédents dans la steppe de l’Eurasie centrale et orientale, grâce à l’analyse (Cliquer) d’anciennes données génomiques. Le champ de recherche a inclus un vaste territoire allant jusqu’aux montagnes du Tian Shan ( aussi appelé Tangri Tagh) dans le sud de l’Asie Centrale.

L’étude publiée dans PNAS montre que certains individus Xiongnu tardifs (dont deux trouvés dans des sépultures de l’élite impériale) sont soit les ancêtres directs de certains individus de la période Hun, soit sont généalogiquement liés à leurs ancêtres directs par quelques générations. Il est tentant de supposer qu’il existait une poignée de lignées ou de « familles » d’élite Xiongnu à l’origine des déplacements à plus grande distance au fil des générations. Les cimetières qui ont fait l’objet de recherches sont essentiellement disséminés tout au long du Danube.

Il n’en demeure pas moins que la population du royaume des Huns en Europe était génétiquement très hétérogène. Par ailleurs, il existe des indications claires selon lesquelles certains des individus enterrés au Ve siècle en Europe centrale orientale avaient des liens avec des sépultures antérieures dans les steppes d’Eurasie centrale et orientale : y compris, mais pas exclusivement, les anciennes terres des Xiongnu, ce qui prouve que certains Huns européens descendaient de ces terres.

Pour les recherches archéogénétiques conduites sur 370 squelettes, les os pétreux (os temporal) et les dents ont été échantillonnés). La préparation des échantillons a été effectuée dans les laboratoires spécialisés dans l’ADN ancien de l’Institut d’archéogénomique HUN-REN RCH, à Budapest, en Hongrie.

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Illustration de l’entête: hémicycle d’Attila. Eugène Delacroix, bIbliothèque du Palais-Bourbon (Assemblée Nationale)

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