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Mirko ne viendra plus, le bouleversant roman d’Alessandra Carati sur les réfugiés

par Émile Cougut

Un premier roman, et quel roman, Alessandra Carati, une plume, un grand auteur est né !

Les réfugiés, voilà un thème redondant dans l’actualité. Et il fut encore plus prégnant tout au long du XXè siècle. Les guerres, hélas, n’ont pas cessé, et le flot de réfugiés est loin d’être tari. En dépit ce qu’en disent certains, et au temps présent, il faut néanmoins savoir que l’Europe en général, et la France en particulier, n’en accueillent que fort peu. Non, l’immense majorité des personnes qui fuient les lieux de combats, s’installent de fait en périphérie, dans un pays voisin, avec l’espoir de pouvoir revenir dès que la situation sera calme.

C’est ce que vit Aïda. A six ans cette jeune Bosniaque doit fuir son village face à l’avance des Serbes lors de la guerre de Yougoslavie. Elle part avec sa mère Fatima rejoindre son père Bibo qui travaille dans la banlieue de Milan. Après un voyage éprouvant, ils s’installent dans un bâtiment réservé aux réfugiés. Là, un couple d’Italiens, Emilia et Franco, s’intéresse à eux et plus particulièrement à la petite Aïda. Ce sont eux qui font pression pour qu’elle aille à l’école, qui les aident pour qu’ils s’achètent un appartement. Il faut dire que malgré les mauvaises nouvelles, faites de massacres, de la mort d’amis, de membres de leur famille, ses parents pensent que bientôt, ils seront de retour dans leur village. Et ce n’est pas la naissance d’Ibo qui va changer leur point de vue.

Aïda grandi avec sa mère dépressive, son frère particulièrement turbulent, son père absent à cause du travail, perdu dans ses rêves, et surtout l’affection d’Emilia et de Franco qui la considèrent comme leur fille, celle qu’ils n’ont pu avoir.

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Elle poursuit ses études, son père, la paix revenue, se construit une maison dans le village natal, mais la famille choisit de rester en Italie. Elle s’intègre parfaitement dans sa nouvelle patrie, elle est adoptée par Emilia et Franco, change de nom, devient médecin et veut se spécialiser pour devenir médecin-réanimateur. Mais elle doit aussi s’occuper d’Ibo qui est schizophrène paranoïaque, et faire face à l’incompréhension de ses parents qui ne veulent pas admettre que leur fils est avant tout malade. Ce n’est que bien plus tard qu’elle comprendra que sa mère, avec qui elle a eu des relations très tendues, s’était sacrifiée pour la préserver.

Roman sur les ravages des guerres sur les populations civiles, sur les traumatismes de ces personnes déchirées entre deux cultures, nostalgiques d’un monde à tout jamais disparu. Personne ne peut rester insensible à ce roman, à la lecture de Mirko ne viendra plus.

Soit, l’action se passe en ex Yougoslavie, mais le destin d’Aïda et de sa famille est fortement semblable à celui de tous les réfugiés du monde qui chaque jour, chassés par des guerres, quittent leur domicile, leur foyer, et espèrent de toutes leurs forces, avec la foi du charbonnier, le retrouver un jour.

Alessendra Carati signe ici son premier roman qui en Italie a remporté de nombreux prix. Sans le moindre doute, et avec admiration, son succès est plus que mérité vu les qualités littéraires qu’elle développe dans ce récit si poignant !

Mirko ne viendra plus
Alessandra Carati

Accro éditions. 19€

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Illustration de l’entête: Rfe/ RL/ Kemal Softic

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