Voici un (bon) roman d’espionnage, c’est assez rare pour le relever car ce n’est en aucun cas une longue suite de fantasmes calquant des évènements réels avec des personnages type « SUPERMAN » qui ont pour mission de sauver l’Occident voire l’humanité ! Avec Au-delà du secret de Pierre Boussel, on est loin de 007, Malko Linge et autre Hubert Bonnisseur de la Bath. Non, c’est une histoire de « sans grades », de « petites mains », de ceux qui s’engagent souvent par patriotisme, voire pour des raisons qui leurs sont propres et qui ne recherchent aucune reconnaissance. Ceux qui ne restent pas dans les bureaux douillets mais qui vont sur le terrain au risque de leur vie. Bien sûr, ils sont sur « couverture » (et comment ne pas penser à la série télévisuelle « Le bureau des légendes »), mais tous les risques sont pour eux et la moindre erreur peut signifier la mort.
Nous suivons les missions d’un « couple », archi-faux en réalité. Lui c’est Mathieu, un hacker à qui on montre très vite que, s’il est doué, il est loin d’être aussi génial qu’il ne le pensait. C’est un peu par désœuvrement et par goût de l’aventure avec un vrai patriotisme qu’il accepte de travailler pour la DGSE (sans contrat, mais la rémunération est loin d’être négligeable). Aux yeux de son employeur sa principale qualité est sa maîtrise parfaite de l’arabe, il a passé toute sa jeunesse à Tanger. Elle, Louisa, est d’origine saoudienne. Elle a demandé l’asile politique à la France, car étant lesbienne, elle risque la lapidation (et moindre mal un mariage forcé « pour la remettre sur le droit chemin, avec un de ses vieux parents » ).
Ils sont jeunes, ayant un statut totalement précaire et ils acceptent de devenir des clandestins. Les missions qui vont leur être confiées sont de plus en plus risquées mais tournent toutes autour du même objet : la détection des cellules radicales (d’islam radical pour être plus précis) qui pullulent sur la toile. Ainsi, ils sont en Egypte juste avant la chute de Moubarak, en Tunisie au moment de la fuite de Ben Ali, en Lybie au début de la guerre civile qui va aboutir à la mort de Kadhafi et en Syrie, plus précisément à Homs quand les forces loyalistes à Bachar Al Assad ménent une répression violente contre les insurgés (avant l’arrivée de Daech, même, nous qui connaissons la suite de l’histoire, son ombre plane sur bien des opposants au régime). Ils ont pour mission de détecter les vecteurs humains qui lancent des messages de haine et qui prônent une lecture mortifère du Coran. Savoir, connaître pour mieux répliquer à la menace. Le couple doit « cartographier » les réseaux, détecter les cibles les plus intéressantes pour pouvoir les « retourner »… ou les « neutraliser» bien évidemment !.
Il y a des succès, mais aussi des échecs car souvent les événements ne se passent pas comment ils auraient dû se dérouler.
Ce roman d’espionnage est au plus près du réel, au moment où l’islam radical a commencé sa progression mortifère et ses attaques directement sur le sol européen. La guerre de l’ombre a toujours existé, c’est un fait. Elle obéit à certaines techniques et nécessite l’emploie d’anonymes, les clandestins, qui prennent des risques inouïs pour eux afin de nous protéger.
Au-delà du secret
Agents clandestins de la DGSE
Pierre Boussel
Mareuil éditions. 18€
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