Vous allez aimer ce roman de Rita Perse, 21 jours par semaine publié aux éditions de La Musardine, une relation ( des relations !) d’un érotisme léger et bien séduisant.

Athéna, jeune femme écrivain d’origine iranienne, 37 ans, est mariée et mère de trois enfants. Avec son mari, considérant que l’amour exclusif est une chimère sociale héritière de millénaire de culture patriarcale (en Occident on dit culture judéo-chrétienne), ils ont décidé de pratiquer le polyamour. Peu importe exactement la définition de ce concept, ils acceptent que leur conjoint puisse être amoureux d’une autre personne qu’eux car ils sont toujours amoureux l’un de l’autre. Leur couple n’est en rien remis en cause, seulement, ils peuvent vivre une ou des relations amoureuses et sexuelles avec des tiers et ce sans craindre les ravages que peut causer la jalousie (le passage entre admettre le concept et savoir que c’est devenu pour le conjoint une réalité, n’est pas si évident comme le vit l’héroïne de ce roman).
Athéna, a un amant de longue date, Adrien qui accepte cet état de fait et même la présence d’un autre amant de sa maîtresse, Florent qui lui apporte ce que lui ne peut lui apporter : une relation de domination par un macho viriliste ; relation totalement sexuelle où le côté romantique, où la douceur et le respect sont absents.
Tout est harmonieux dans la vie d’Athéna jusqu’à ce que ressurgisse Stanislas avec qui elle a eu sa première relation adultérine qui fut très brève. Avec Stanislas, c’est le feu animal, la passion physique totale (pour autant, elle n’a pas envie de partager tout son quotidien avec lui), un manque permanent, une envie constante de se fondre avec lui. Si cette retrouvaille ne remet pas un seul instant son couple en cause ; elle a des impacts auprès des autres. Aussi Florent disparait vite de la circulation, puis Adrien part ne pouvant supporter la transformation d’Athéna au contact de Stanislas.
Mais, cet éloignement fait souffrir Athéna. Si elle arrive à gérer cette décision au début, le manque devient trop fort et elle n’arrive plus à vivre pleinement cette situation. Elle n’arrive pas à quitter définitivement Stanislas et s’avoue qu’elle ne peut se passer d’Adrien. Et si la solution n’était pas que ses deux amants se rencontrent et s’apprécient ?
Athéna est représentative d’un nouveau courant qui sévit de plus en plus au sein des plus jeunes générations dans nos sociétés occidentales. Et les allusions au régime iranien des mollahs sont bien là pour nous rappeler la chance que nous avons de vivre en un lieu où la liberté en général (dont la sexuelle en particulier) n’est pas un concept vide de sens.
Rita Perse nous interpelle à travers son héroïne sur ce qu’est l’amour ou tout du moins remet en cause l’idée platonicienne de la moitié perdue et retrouvée. Il faut bien avouer que les couples qui durent dans le temps se font de plus en plus rares et se brisent quand l’une de leurs composantes tombe amoureuse d’un tiers. Mais est-ce si grave ? Pourquoi, oui, l’amour serait-il exclusif ? N’est-ce pas possible que plusieurs relations amoureuses cohabitent harmonieusement sans se remettre en cause ? Le polyamour, nous dit Rita Perse, « engendre bien des surprises, des ruptures par rapport à notre culture. Il engendre doute et remords, alimente le feu, entrave les habitudes, questionne la morale, redéfinit le romantisme, dompte la jalousie, écarte la possession ». Mais n’est-ce point là le prix de la liberté ? De la vraie liberté qui ne supporte aucun carcan mais qui a pour conséquence une responsabilité totale de la personne qui la revendique.
21 jours par semaine
Rita Perse
éditions La Musardine. 18€
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