Accueil Livres, Arts, ScènesHistoire Guy Savoy au four et au bouquin cuisine les écrivains du XIXè siècle

Guy Savoy au four et au bouquin cuisine les écrivains du XIXè siècle

par Pierre de Restigné

Les éditions Herscher continuent leur collection autour de recettes, réalisées par Guy Savoy avec l’aide de son chef adjoint Gilles Chesneau et de l’écrivaine (spécialisée, entre outre, dans les fictions autour de la gastronomie) Anne Martinetti, en relation avec les grands écrivains d’’un siècle précis, dans cet opus, le XIXè siècle.

Toujours le même principe, simple et efficace : une division en trois parties : entrées, plats, desserts ; une présentation d’un écrivain et de son rapport avec le bien manger, une ou deux recettes précises se reportant à cet écrivain (hélas, il n’y a pas la recette du cou de girafe farci décrite par Alexandre Dumas) et une iconographie dont la seule vision nous met en appétit. 

Bien sûr, je ne pense pas que toutes les recettes sont accessibles à toutes les bourses comme la soupe aux choux « caviar-saucisses » ou le vacherin à la truffe noire. Il est certain que quand on a le talent, le savoir faire de Guy Savoy et de son adjoint le résultat est non point parfait mais sans nul doute exceptionnel (ce qui n’est pas du tout le cas pour le modeste cuisinier très amateur que je suis!).

Mais, comme d’habitude quand j’ai un nouveau livre de cuisine qui arrive sur ma table, je me fais fort d’élaborer quelques plats parmi ceux qui me semblent facile à réaliser. Ainsi, la poire BelleHélène (la seule, la vraie, pas ces ersatz que l’on trouvent souvent au restaurant) avec un cake au citron et aux dattes est un régal pour un bon dessert et que dire des coquilles Saint-Jacques aux agrumes en coquille « lutée », cela tombe bien, nous sommes en pleine période de production de ce succulent coquillage ou de simples tomates anciennes (le plus dur est de trouver de bons producteurs) aux anchois marinés, huile de basilic. C’est vraiment très bon, mais étant honnête, je reconnais que visuellement, au niveau du dressage, j’ai encore beaucoup à apprendre et à progresser.

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Le XIXè siècle, qui commence avec Carême, voit le développement des bouillons mais surtout des restaurants, l’apparition de ce que l’on appelle la cuisine bourgeoise qui est encore une des bases de la gastronomie française. 

C’est à cette époque que bien des écrivains, amateurs de bonne chère, vont, dans leurs écrits nous transmettre leur passion pour le « bien-manger ». Tout de suite, nous pensons à la figure tutélaire d’Alexandre Dumas et à son grand dictionnaire de cuisine, et pourquoi pas à George Sand et à ses recettes de confitures. Et de fait, grâce à cet ouvrage, nous avons une autre vision de bien des lectures passées dans lesquelles, il faut bien l’avouer, le filtre de la gastronomie ne nous parut pas évident de prime abord. Maintenant, en y repensant, c’est une évidence, et nous pouvons nous replonger avec gourmandise dans les œuvres de Victor Hugo, d’Alphonse Daudet ou encore de Marceline Desbordes-Valmore.

Si l’amour de la table transpire dans le général Dourakine, entre autre exemple, peu savent que la comtesse de Ségur a écrit La santé des enfants où elle insiste sur la qualité de la nourriture pour permettre un développement harmonieux des enfants. C’est d’une totale modernité.

Et puis, parmi ces écrivains, il y a aussi des écrivaines célèbres à leur époque et qui, hélas, sont quelque peu délaissées de nos jours, certains diront, victime de leur appartenance au sexe féminin dans une société patriarcale. Je pense à Louise Colet, la muse de Flaubert (qui lui n’a pas d’entrée dans cet ouvrage), à Judith Gautier, la fille de Théophile et l’épouse de Catulle Mendès qui non seulement est la première traductrice du théâtre chinois en français et qui a introduit la cuisine chinoise dans notre pays. Et aussi à Juliette Adams, l’amie de Gambetta, seule femme invitée à la signature du Traité de Versailles en 1919 à la demande expresse (excusez du peu !), de Clémenceau, qui lança les loisirs sur la côte d’Azur, fonda le prix Fémina et j’en passe. Des femmes de talent au niveau littéraire, mais qui avaient aussi une vraie passion pour la gastronomie qu’elles nous ont transmise dans leurs écrits.

Vivement que Guy Savoy cuisine les écrivains du XXè siècle… Pendant ce temps je m’en vais bien mitonner quelque chose sur mes fourneaux…

Guy Savoy cuisine les écrivains du XIXè siècle
avec Anne Martinetti et Gilles Chesneau
éditions Herscher. 30€

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