Anvers, Belgique. Un homme revient dans sa ville natale et se retrouve devant la maison familiale où il a passé son enfance, et qui maintenant est habitée par des inconnus. Alors, des souvenirs de ses débuts dans la vie l’enveloppent.

Tout est dans ce roman déjà contenu dans le titre, ou plutôt son sous-titre: Côté rue, Côté, jardin. Une enfance anversoise
Le souvenir de son père catholique pratiquant – issu de la bonne bourgeoisie anversoise (et donc francophone, et amoureux fou d’une jeune Juive dont les parents ont fui la Pologne synonyme de misère et de pogroms. C’est grâce à sa famille que celle d’Esther (à l’exception d’un fils) a pu être cachée et survivre au nazisme. Ils se sont mariés et ont eu trois enfants. Deux éducations différentes, deux religions. Et de fait, nous sommes dans une société encore très patriarcale dont le chef est quelque peu rigide dans sa façon d’être, de vivre et au niveau de l’éducation des enfants. Ainsi, par exemple, il ne supporte pas la nourriture traditionnelle juive, il élève ses enfants dans la religion catholique, mais s’abstient de communier, son fils n’est pas circoncis (même s’il s’est fait opérer pour pouvoir se marier). Sa mère est plus réservée, vit dans un mythe autour d’un état d’Israël quelque peu fantasmé, aimante, dévouée (certains diraient soumise) et indéniablement torturée au fond de son âme car elle ne peut répondre à la question qui a ravagé l’âme de tous les survivants de la barbarie nazie : « pourquoi eux sont morts et pas moi ? ».
Son enfance fut une enfance « normale » et heureuse avec ses deux cultures religieuses qui, de fait, étaient vécues dans une totale tolérance et un profond respect. Bon, il était certes un élève turbulent, champion toute catégorie des heures de retenues, et plutôt rebelle même dans les institutions catholiques aux principes éducatifs plus que contraignants.
En toile de fond, se déroule une guerre linguistique (de plus en plus teintée de racisme) entre les francophones et les flamands. Si le français était la langue de l’élite intellectuelle et sociale, petit à petit, le flamand prend de plus en plus de place jusqu’à ce que la langue française soit bannie de fait.
Une enfance prise entre deux cultures religieuses, entre deux cultures linguistiques, mais une enfance heureuse, insouciante. Des bêtises, quelques révoltes mais que des réponses parentales empreintes de bienveillance.
Ce roman de Philippe Brandes est publié par la jeune et excellente maison belge d’éditions ACCRO, et que vous pourrez trouver (bien sûr vous l’avez compris), dans toutes les bonnes librairies ! Célébrons la Francophonie et tous ses talents !
Côté rue, côté jardin
Une enfance anversoise
Philippe Brandes
ACCRO éditions. 18€
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