A quelques kilomètres de distance, Vallauris et la Fondation Maeght ont tissé au cours des décennies une histoire d’amitié fondée sur l’amour de l’art et des artistes. Du 6 juillet au 18 novembre, le Musée Magnelli – Musée de la Céramique célèbre cette amitié au travers de deux expositions exceptionnelles proposées par la Fondation Maeght :
Vallauris et la Fondation Maeght : une histoire d’amitié. Baya : créatrice chez les surréalistes
Dans le magnifique cadre offert par le château de Vallauris dont les vitrines, telles des écrins, ont été redessinées par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, Adrien Maeght et Olivier Kaeppelin, président et directeur de la Fondation Maeght, ont choisi de faire dialoguer les artistes et chuchoter les matières avec une soixantaine d’œuvres de petites et moyennes dimensions, chefs-d’œuvre d’équilibre et d’harmonie. Les visiteurs auront la joie de découvrir des trésors peu montrés de Georges Braque, Alexander Calder, Eduardo Chillida, Erik Dietman Alberto Giacometti, Julio González, Ellsworth Kelly, Fernand Léger, Joan Miró, Nicolas de Staël, Antoni Tàpies ou Raoul Ubac.
Mais cette programmation exceptionnelle offre aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir l’œuvre étonnante et jaillissante de Baya au travers d’un ensemble inédit d’œuvres de jeunesse. Figure-clé de l’art contemporain du Maghreb, admirée par les surréalistes et notamment par André Breton, son nom est parfois cité pour évoquer l’art brut. Âgée d’à peine 16 ans, la jeune Baya côtoyait en 1948 Picasso chez Madoura à Vallauris : l’exposition résonne comme un retour de l’artiste, disparue en 1998, sur ces terres de céramique et de lumière…
Baya compte aujourd’hui parmi les figures-clé de l’art contemporain du Maghreb. Admirée par les surréalistes, son nom est parfois cité pour évoquer l’art brut. Mais la singularité de l’œuvre et du parcours de cette artiste résiste à toute étiquette. Dans son imaginaire, les nombreuses figures féminines se déploient auprès de fleurs fantastiques, d’animaux fabuleux, d’intérieurs chatoyants. L’univers est coloré, le geste bien que libre et mobile est assuré, le trait vif et puissant, la maturité saisissante. La couleur envahit les pages et définit l’espace, fenêtre sur le monde. Les motifs se répètent, évoquant tant les traditions picturales orientales qu’un collage d’Henri Matisse, faisant dire aux critiques de l’époque que la jeune-femme avait découvert par elle-même ce que la peinture occidentale venait de mettre 60 ans à faire aboutir.
Née fin 1931 dans une tribu à l’écart d’Alger, d’origines arabes et kabyles, Fatma Haddad perd ses parents très jeune et est élevée par sa grand-mère. Pauvreté et isolement marquent les premières années de « Baya », qui n’ira jamais à l’école mais se cachera pour modeler dans la terre des animaux et figures féminines étranges.
En 1942, une rencontre modifie le destin de l’enfant. Son étonnante personnalité charme Marguerite Caminat, sœur de la propriétaire française pour laquelle travaille sa grand-mère. Elle prend l’enfant sous son aile à Alger. Dans ce foyer d’amateurs d’art, Baya va révéler un étonnant talent artistique, extériorisant sur papier la richesse d’un imaginaire foisonnant et coloré.`
De passage à Alger, Aimé Maeght découvre cette œuvre et propose immédiatement de l’exposer dans sa galerie. En novembre 1947, André Breton préface le catalogue de cette première exposition. Les surréalistes et plus généralement le Paris artistique suivent à l’unisson. Baya fait la couverture de Vogue. Quelques mois plus tard, Baya est invitée à Vallauris à l’atelier Madoura où elle réalisera une série de céramiques aux côtés de Picasso.
Du 6 juillet au 18 novembre 2013
Musée Magnelli – Musée de la Céramique
place de la Libération, 06220 Vallauris