Voici un film canadien réalisé par Chris Lavis et Maciek Szczerbowski et qui fut présenté lors de la Semaine de la critique au Festival de Cannes en 2007. Film aux multiples facettes, aux nombreuses interprétations métaphoriques. En premier lieu celle de la solitude, de la détresse humaine, de cette forteresse psychologique intérieure. Le personnage qui donne le nom au film, une femme dont les vêtements semblent indiquer le souvenir d’une aisance passée, prend le train avec une foultitude de bagages et d’impedimenta de toutes sortes. Vieilles valises de cuir usées, sacs défraîchis, comme ces femmes de nos grandes capitales en traînent , ces « hand-bag carriers » comme les désignent les américains, et qui transportent de lieu en lieu dans des cabas publicitaires de récupération les pauvres objets et dérisoires richesses et papiers de toute une vie. Le visage de cette Madame Tutli Putii est fatigué, épuisé, couperosé, avec des poches sous les yeux globuleux, boirait-elle, serait-elle dépressive ?

Film d’atmosphère au parfum de thriller, scandé par des silences que ne troublent pas la ruée fantastique d’un train roulant à tombeau ouvert au milieu de la forêt. Tout est mental , les personnages ne se parlent pas, ne communiquent guère dans cette nuit sans fin. Madame Tutli Putii est repliée dans ses angoisses tandis qu’ un autre voyageur partageant le même compartiment exprime sa libido visqueuse et déplacée par des gestes on ne peut plus suggestifs et obscènes. On est bien loin là des sucreries hollywoodiennes. Pas de lumières vives, au contraire une obscurité dont on ne peut pas sortir flotte dans les voitures de ce train sans espoir, la musique est distribuée avec parcimonie, c’est tout juste si on entend grincer un violon .

Pierre-Alain Lévy


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