Sorti en 1988, ce film d’animation japonais réalisé par Katsuhiro Ōtomo est l’archétype du film de manga, droit sorti de l’imaginaire des bandes dessinées, avec des images épurées, tranchantes comme des lames, au réalisme très violent. On est bien loin des univers attendrissants du dessin animé qui faisait la première partie des projections de cinéma d’ autrefois.
Ce film a connu un immense succès international, et les manga dessinés par Katsuhiro Ōtomo lui ont assuré une réputation phénoménale.
L’histoire racontée est celle d’une apocalypse, destruction d’une ville (Tokyo), avec effondrement d’immeubles et typhons. Certaines images ont quelque chose de prémonitoire et on ne peut pas s’empêcher en les voyant de penser aux images cauchemardesques de New york le 11 septembre 2001, au tsunami et ses vagues noires et meurtrières sur les côtes japonaises en mars 2011 ou bien sûr au chaos tombé du ciel sur Hiroshima ou Nagazaki après l’explosion de la bombe atomique en 1945.
Pour mieux comprendre ce film, il faut aussi avoir présent à l’esprit que le Japon est une terre de séismes et que chaque japonais sait pertinemment que la catastrophe peut arriver à tout moment. Les sismologues n’ont ils point annoncé depuis maintenant plusieurs dizaines d’années un séisme majeur qui détruirait Tokyo. On danse au-dessus du volcan. Ce réalisme dans la représentation des personnages et dans la dureté des formes et qui peut sembler difficile à accepter en occident trouve là une de ses raisons narratives.
Pierre-Alain Lévy