Le billet de Gil GAULLIER à Nancy.
De mars à fin mai, la Comédie Française prend la route pour présenter au
public non parisien “ Le Mariage ” de Gogol. L’ensemble Poirel à Nancy a accueilli les membres de l’institution pour la première des représentations de ce voyage d’hiver et de printemps.
Créée fin novembre 2010 à Paris, la production de Lilo Baur laisse
apparaître une scénographie occupant exclusivement l’avant scène. Parmi
les éléments de décor, on aperçoit une botte, une bouteille de vodka et…
un tableau de biais. Nous sommes ici chez Kapilotadov (Clément
Hervieu-Léger) qui a pour indécis projet de se marier. Cette scénographie
« se renversera », par la suite, pour devenir le domicile d’Agafia
Agafonovna (Jennifer Decker). Elle marquera finalement la cloison entre un
monde masculin et féminin, comme une pièce dont on découvre chaque face
puis la tranche.
Entre ces deux mondes, seule peut évoluer librement l’entremetteuse Fiokla
Ivanovna (Clotilde de Bayser). André Markowicz dont est reprise la
traduction dit la marieuse. Hormis Kapilotadov, Chikine (Alain Lenglet),
Omelette (Nicolas Lormeau) et Mamimine (Laurent Lafitte) se disputent la
main d’Agafia. Autant de prétendants pour « une femme ou un coussin » dans
le but de « se marier ou se casser la jambe« . On pourrait dire « ou se
casser le nez » pour évoquer la nouvelle de Gogol. D’autant que les choses
ne s’annoncent pas si bien : d’entrée un miroir se casse.
La mise en scène de Lilo Baur allie habilement les tons par un comique
explicite et un imaginaire implicite. Ainsi, Stépane (Yves Gasc) déboule
sur le plateau, croyant être appelé alors que son maître ne mentionne que
son nom. D’autres fois, le jeu mêle des éléments grivois lorsque le texte
s’y prête. L’imaginaire d’Agafia répond à cette tonalité presque burlesque
: idéalisant ses prétendants, ces derniers apparaissent par l’utilisation
de glaces sans tain.
A ces oppositions de tons, s’ajoutent des oppositions de rythmes à l’aide
de moments de tension ou de détente. Les crachats récurrents de Chikine
jusqu’au camouflet qu’inflige Arina Pantéleïmonovna (Véronique Vella ou
Catherine Sauval, en alternance) à Plikaplov (Laurent Natrella) résonnent
d’autant plus fort qu’ils se juxtaposent à des ralentis, et vice versa.
L’arrivée des prétendants devant le domicile d’Agafia donne ainsi lieu à
des « arrêts de jeu ». De même, le baiser entre Agafia et Kapilotadovest
habilement mis en scène dans son tempo et sa chorégraphie, c’est-à-dire
dans le temps et l’espace.
Pendant tout ce temps, Fiokla tricote ou joue de ses mains avec une pelote
de laine. Cette pelote symboliserait elle les liens du mariage que
questionnent Gogol et Lilo Baur ? Un lien qui ne tient qu’à un fil dans la
pièce mais dont chaque représentant est conscient de sa solidité. Comme la
conviction qu’a Mamimine qui exige de sa future femme qu’elle sache parler
le français!
G. G
Dates de la tournée du« Mariage» de Gogol du 10 mars au 26 mai 2012
Samedi 10 mars : Nancy, Vendredi 16 mars : Avignon, Vendredi 23 mars : Vevey , Jeudi 29 mars : Poissy , Samedi 31 mars : Villars-sur-Glâne
Mardi 17 avril : Arachon, Jedui 19 avril : Bayonne, Jeudi 26 avril : Le Mans, Lundi 30 avril : Berne,
Jeudi 3 mai : Grenoble, Jeudi 10 mai : Mezières, Vendredi 11 mai : Mezières, Mardi 15 mai : Saint-Louis, Samedi 19 mai : Bastia, Jeudi 24 mai, Vendredi 25, Samedi 26 mai à Madrid