Prends-moi sous ton aile et protège-moi.

Sois ma mère et ma soeur.

Et que je fasse de ton sein le refuge de ma pensée, le nid de ma prière inexaucée.

Entre le jour et les étoiles, à l’heure des pitiés, sur moi penche-toi : je te dirai tout le
secret de ma douleur,

Olécio partenaire de Wukali

On dit qu’au monde existe une jeunesse.

Où est-elle ma jeunesse ?

Encore un secret que je te confie : une flamme brule dans mon âme.

On dit qu’au monde il existe un amour…

Qu’est-ce que l’amour ?

Les astres m’ont trompé, j’ai fait un rêve, il a passé.

Maintenant,je n’ai rien au monde, plus rien.

Prends-moi sous ton aile et protège-moi.

Sois ma mère et ma soeur.

Et que je fasse de ton sein le refuge de ma pensée, le nid de ma prière inexaucée.

Chaim Nahmane BIALIK (1873-1934)


Haïm Nahman Bialik, le plus grand poète hébreu des temps modernes, naquit le 9 janvier 1873 en Russie, et mourut le 4 juillet 1934 à Vienne.

Il était fils de parents pauvres, et avait connu dans son enfance la misère et les privations. Après avoir fréquenté le héder (l’école religieuse pour enfants), Bialik entra dans la célèbre yeshiva de Volozhin. C’est là qu’il fonda avec ses camarades une association sioniste, Netza’h Israël ( « Eternité d’Israël »). L’association était secrète, car les autorités religieuses de l’époque considéraient le sionisme d’un mauvais oeil. En 1891, Bialik s’établit à Odessa et y publia son premier poème, A l’oiseau, qui provoqua une émotion considérable dans les milieux hébraïsants. Bialik travailla quelques années chez son beau-père qui avait un commerce de bois ; en 1897, il s’établit à Sosnovicz comme professeur d’hébreu. Deux ans après, il revint à Odessa et y vécut plus d’une vingtaine d’années.

Il commença par enseigner dans un héder moderne, première tentative faite en Europe de rompre avec le héder traditionnel, et de donner une éducation hébraïque moderne aux enfants juifs. Plus tard, il fonda avec ses amis S. Ben Sion, Levinsky et Y.C. Ravnitzky, la maison d’édition Moriah ; il fut aussi le rédacteur littéraire du mensuel hébreu Hashiloah. En 1921, Bialik s’établit en Allemagne, d’abord à Hamburg, puis à Berlin, où il fonda la maison d’édition Dvir, qui devint par la suite une des principales maisons d’édition israéliennes. En 1924 il vint en Palestine et s’établit à Tel Aviv. Là, il se consacra à son œuvre littéraire et à une activité nationale.

Bialik fut le plus grand poète hébreu des temps modernes. Il donna avec puissance une expression nouvelle à la misère de son peuple et à son aspiration à la libération. Sa poésie a profondément influencé ses contemporains. Il écrivit aussi en prose ; ses essais se distinguent par la solidité du fond comme par la subtilité de l’esprit. Il enrichit le champ des lectures hébraïques en donnant des traductions parfaites de Don Quichotte de Cervantes et de Guillaume Tell de Schiller.

Bialik nourrissait l’ambition d’offrir au peuple les trésors de l’enseignement et de la tradition juives, sous une forme populaire à la portée de tous les lecteurs. Son œuvre monumentale dans ce domaine est le Sefer HaAgadah (le « Livre des légendes »), réalisé en collaboration avec Y.C. Ravnitzky. C’est un recueil de légendes et de proverbes choisis de nos Maîtres, extraits de la Mishna, du Talmud et du Midrash, classifiés et accompagnés d’explications sur les expressions et les termes difficiles. Bialik publia aussi le premier volume d’une édition ponctuée et annotée de la Mishna, à l’usage de ceux qui ne pouvaient étudier les commentaires traditionnels.

Haïm Nahman Bialik apporta une contribution considérable au développement de l’hébreu moderne. Il ressuscita un grand nombre de mots et d’expressions bibliques qui sont depuis restés dans le langage courant. Bialik est une des figures centrales de la littérature hébraïque moderne et est considéré comme le poète national d’Israël.

Source : Les constructeurs de la patrie, Publications du Département de la Jeunesse de l’Organisation Sioniste

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