Le film d’animation n’échappe pas plus que n’importe quel autre medium à l’actualité de son temps ou aux effets de la propagande. Il apparait même qu’il constitue l’outil idéal pour séduire et diffuser des messages, en effet il est capable de s’adapter à tous les publics.
Si aux Etats-Unis Mickey fut un temps un héros qui se battait contre les forces du mal et la menace hitlérienne puis plus tard contre Moscou, l’Urss par delà l’Oural développait des films d’animation célébrant pour «l’édification des masses», la grandeur de la puissance soviétique retrouvée après la grande guerre qui avait saigné le pays. Le film que nous avons sélectionné et datant de 1972 glorifie l’agriculture soviétique, la production de blé, et rend hommage aux russes qui ont combattu contre l’ennemi hitlérien en défendant leur terre, leur patrie.
Nulle allusion à la période où il a été réalisé, en tous cas pas dans les images. En 1972 commence tout doucement le rapprochement entre l’Urss et les Usa et le tout début des entretiens pour un désarmement. Serait ce alors un clin d’oeil lancé par les kolkhoziens russes aux agriculteurs de la «Corn Belt» américaine ?
Le style peu paraître quelque peu dithyrambique, que l’on parle le russe ou non la musique des mots ne trompe point (c »est d’ailleurs cette même musique emphatique, théâtrale et exaltée, quasiment à l’état de transe, extatique et hypnotique si toutefois on peut parler ainsi de la musique, que l’on peut entendre aujourd’hui dans la bouche de commentateurs nord-coréens).
Le style des dessins exaltant le travail de la terre et la culture du blé demeure celui du réalisme socialiste soviétique que l’on connait bien notamment à travers la statuaire. Le titre du film est explicite et signifie «Le mot pour le pain». La séquence solennisant l’invasion allemande est particulièrement efficace et la musique d’accompagnement participe pleinement aux objectifs de célébration. Quelques rappels à l’histoire de l’ancienne Russie, avec une allusion à Alexandre Nevski et aux combats contre les chevaliers teutoniques (et Einsenstein évidemment!). Bigre que c’est dommage de ne point parler cette belle langue russe pour percer le mystère des mots!
Si vous disposez d’informations sur les films d’animation et de propagande d’où qu’ils viennent n’hésitez point à nous écrire, nous serons heureux avec vous de développer ces sujets (contact@wukali.com)
Pierre-Alain Lévy