par Mylène Sebbah.

Lorsqu’il l’a découvert en menant son groupe de touristes à travers des tunnels souterrains sous un verger palestinien en février dernier, Benyamin Tropper a su tout de suite qu’il avait fait une découverte majeure.

Le pilier qu’il voyait était est une construction monumentale enfouie à deux mètres de profondeur sous la terre et les gravats. Le sommet du pilier est orné de motifs sculptés d’un type connu sous le nom de proto-aeolic. Cela signe sans conteste la datation au 9ème ou 8ème siècle avant l’ère chrétienne, c’est-à-dire l’époque du Premier Temple de Jérusalem.

Le guide a aussitôt contacté l’Autorité israélienne des Antiquités pour signaler la présence à cet endroit d’une structure importante et inconnue de cette période.
Surprise : il s’est entendu dire que l’Autorité des Antiquités était au courant et qu’il avait juste à garder le silence sur ce qu’il avait vu.

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C’est que l’endroit de sa découverte est hautement sensible: situé entre Jérusalem et Bethlehem, milieu de « territoires disputés » et qui plus est, à la périphérie d’un village arabe, sur les terres privées d’un Palestinien.

Or les Palestiniens sont prompts à condamner systématiquement les fouilles archéologiques menées par Israël comme autant de tentatives de « consolider son contrôle politique sur leurs terres ».

Ils redoutent surtout tout ce qui pourrait ressembler à l’établissement de racines juives sur des terres qu’ils revendiquent pour un futur État. Des fouilles sur ce site deviendront donc pour le gouvernement israélien un casse-tête politique majeur, donc à éviter.

Quand il lui est apparu évident que les fonctionnaires des Antiquités n’avaient aucune intention de d’explorer sa trouvaille, Benyamin Tropper a alerté la presse tout en gardant secret l’emplacement afin d’éviter d’attirer l’attention des voleurs d’antiquités.

Au début du mois, plusieurs éminents archéologues israéliens ont inspecté le site et confirmé l’importance de la découverte ainsi que sa datation. Pour eux, il ne fait aucun doute que cette construction monumentale date de l’époque du Premier Temple.

Ils ont également observé que le pilier marquait l’entrée d’un tunnel de circulation des eaux atteignant 250 mètres de profondeur, un ouvrage qui n’a pu être mené que par un gouvernement central, selon Yossef Garfinkel, professeur d’archéologie à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Ce complexe évoque le réseau des canalisations pour les grandes eaux du Premier Temple à Jérusalem – dénommé le tunnel du Siloam et situé aujourd’hui sous le quartier arabe de Silwan.

L’ouvrage a été réalisé par le roi Ezéchias, l’un des rois de Judée qui ont régné au cours de ces deux siècles.

L’existence d’un tel réseau de canalisations suggère la présence d’une grande ferme ou d’un palais à proximité, estime Yossef Garfinkel.

Devant l’émoi suscité chez les experts et dans la presse, l’Autorité israélienne des Antiquités s’est « fendue » d’un communiqué dans lequel elle reconnait l’importance de la découverte » qui date des de périodes préliminaires à l’époque des rois de Juda », tout en observant que « le sujet est sensible et nécessite un traitement délicat et responsable » mais n’exclut pas des fouilles… dans « un certain temps ».


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