Deux nouvelles toiles de Foujita viennent d’être révélées, elles ont été acquises par un collectionneur japonais qui les a achetées à la famille du peintre et les a confiées au Pola Museum à Hakone, au Japon. Elles seront visibles pour le public à partir du 13 juillet.

«Sirènes» (1952) a pour thème les créatures mythologiques grecques, quant au tableau intitulé «Grotesques» son iconographie particulière n’a jusqu’à présent point été repérée dans l’oeuvre de Foujita.

Pour Hiroyuki Uchiro, conservateur au Pola Museum à Hakone au Japon, Foujita aurait été inspiré par Léonard de Vinci et Francesco Goya.

Quant à nous, nous serions tentés d’y voir surtout une influence forte de Botticelli (ses dessins à la mine d’argent en particulier) ainsi que des maîtres flamands que Foujita aimait à admirer au Louvre pendant son installation en France ou ses pérégrinations en Europe et très probablement aussi Foujita connaissait-il l’oeuvre de l’expressionniste allemand George Grosz. Les mouvements des mains et des doigts sont particulièrement intéressants et sont d’évidence inspirés aussi par la statuaire. À travers leurs gestuelles ils forment en soi un langage qu’il appartient au spectateur (étymologiquement celui qui regarde) de décrypter. Ces deux tableaux mettent en évidence s’il en était besoin la profonde diversité et hétérogénéité et de styles et d’inspiration des artistes de l‘École de Paris.

Olécio partenaire de Wukali

Tatsuya Suzuki correspondant pour WUKALI à Tokyo et Pierre-Alain Lévy


L’oeuvre de Fujita met en évidence la personnalité profonde de cet artiste, qui est incapable de se soumettre à un programme ou de s’enfermer dans une école. Sa main se contente de suivres les impulsions inhérentes à l’artiste, et transpose les objets de la vie quotidienne par un art minutieux emprunté à la calligraphie, où abondent les veinures transparentes, les taches de couleurs importantes qui se dissolvent dans la lumière, une technique propre à la tradition japonaise. Il nous reste de lui des gouaches, des petites aquarelles, où les nus feminins ont souvent un visage sournois à demi dissimulé par une frange et des lunettes aux verres épais. La déformation des objets, le contour net de l’image un soupçon de perspective calculée en vue de son effet, laissent deviner cet éloignement de Foujita de ses sources traditionnelles et uen légère ironie, une sorte d’auto-critique. Ses aquarelles lui valent un contrat de sept ans avec Chéron, la commande du portrait du pape Benoît XV, et le début de la notoriété. Celle-ci sera à son apogée avec l’exécution du grand Nu de Youki, portrait de sa seconde femme représentée sur un fond de montagnes japonaises. Le succès de cette oeuvre tient à l’équilibre que le peintre a su réaliser entre un nu aussi diaphane et intense, à la limite de l’effusin sensuelle, et l’atmosphère magique qui s’en dégage, semblable aux images vues en rêve.(…) Ruiné par une banale erreur fiscale, à la suite de quoi il se rend une première fois au Japon, où son exposition attire soixante mille personnes, il visite ensuite plusieurs pays, peu à peu oublié par Paris. Mais ce qui achève de ternir à jamais sa célébrité, c’est son séjour prolongé au Japon (de 1939 à 1950). Il ne sortira du silence qu’une seule fois avant sa mort (survenue en 1967), le jour de son baptême dans la cathédrale de Reims, en 1959, qui suivit sa conversion au catholicisme.

In École de Paris . L’École de Paris entre avant-garde et tradition. L. Carluccio. Éditions Rive gauche production.


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Foujita à Montparnasse

(en japonais)

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